Les Chroniques de Lucullus n°656

Publié dans Les chroniques.

Amis gourmands bonjour,

Mes vœux pour 2025
En ce début d'année je vous présente, ainsi qu'à vos proches, mes meilleurs vœux. Que l'an nouveau vous apporte la joie mais avant tout la santé pour profiter de chaque jour qui passe. Je vous souhaite une année gourmande et festive avec vos proches et vos amis. Que chaque jour soit pour vous l'occasion d'un moment heureux !

Châtaignes françaises ou italiennes ?
Les fêtes de fin d'année mettent à l'honneur un produit dont l'Ardèche se fait le chantre, la châtaigne. Mais voilà, la France n'en produit pas assez.

Tout amateur de crème de marron digne de ce nom privilégie bien souvent la crème de marron Clément Faugier, une institution ardéchoise depuis 1885. L'Ardèche dont l'économie était orientée vers l'élevage du vers à soie a vu son environnement économique ravagé par la pébrine du vers à soie qui a décimé les productions en 1882. Charles Marie Clément Faugier se spécialise alors dans les recettes à base de châtaigne avec la fabrication d'une pépite gourmande, les marrons glacés. C'est en 1885 qu'il lance la production de la crème de marron en y incorporant des brisures de marrons glacés afin de ne pas perdre de marchandise. A ce jour, la société représente environ 80 % des parts de marché françaises en grandes et moyennes surfaces. Dans certains commerces, cette marque est même la seule disponible.

Mais voilà la société Clément Faugier ne se fournit que très peu en châtaignes ardéchoises alors que sur les emballages il est inscrit en gros Crème de marrons de l'Ardèche. Un bataille s'est engagée entre la société Clément Faugier et une association de consommateurs en 2000 pour pratique trompeuse. Une amende de 100.000 francs avait été demandée mais la procédure n'a pas abouti. Le directeur de l'époque, Claude Boiron avait argué que la recette était inchangée depuis l'origine et que son cas pouvait être assimilé à celui de la moutarde de Dijon dont les graines viennent également de l'étranger.

Aujourd'hui encore, la marque met en avant le marron d'Ardèche mais continue d'importer des marrons d'Italie et n'en indique pas leur provenance. De fait, la France ne produit pas assez de châtaignes mais en plus elles sont plus chères que celles d'Italie.

En 2024 la France a produit 8.860 t de châtaignes et l'Ardèche représente 44 % de cette production. Si la campagne de production est bonne en Ardèche ce n'est pas le cas pour la Dordogne, deuxième région productrice avec 13 % de la production nationale, qui subit de lourdes pertes. La France peut-elle faire face à ce défit de souveraineté ? Nous consommons annuellement 13.500 t de châtaignes et la demande est en croissance. Si l'Italie est le premier producteur européen avec presque 50.000 t c'est la Chine qui domine le marché avec une production d'environ 1.800.000 t.

Comment faire face au peu d'intérêt qu'ont les jeunes générations d'agriculteurs dans la production de châtaignes ? Les châtaigneraies françaises sont en piteux état. La région Auvergne-Rhône-Alpes a mis en place un plan régional 2023-2027 dont l'objectif est de revitaliser les châtaigneraies existantes mais également d'en créer de nouvelles. Le budget conséquent est de 4,6 millions d'euros dont 1,684 million est pris en compte par la région. On espère que cela aura un impact important pour les châtaignes ardéchoises.

Je pose quand même la question de la différence de prix entre les châtaignes françaises et italiennes. Ne serait pas là le résultat de la frénésie taxière de notre pays ? Je ne suis pas loin de le penser.

Source : PleinChamp / Louise Delaroa

Gagner du temps, une obsession tous les instants
Le temps pour un éleveur laitier est un problème majeur. Les tâches quotidiennes sont nombreuses et les journées interminables. Simplifier l'organisation du travail, déléguer et s'équiper sont une nécessité.

La Chambre d'Agriculture de Bretagne a publié en 2023 un guide de "Solution travail en élevage laitier". On y trouve des pistes de réflexion sur le travail d'astreinte, la gestion du temps pour les travaux de saison, l’organisation de l’entreprise et le recrutement.

Delphine Scohy reprend pour Web-agri, une liste non exhaustive d'idées pour gagner du temps. Dans l'article sur le site, des liens cliquables donnent accès à des articles plus détaillés.

La traite, premier poste d'astreinte en élevage laitier
- passer en monotraite pendant une période ou supprimer la traite du dimanche soir,
- grouper les vêlages pour fermer temporairement la salle de traite,
- rapprocher les intervalles de traite,
- alterner les trayeurs et/ou faciliter le remplacement (tableau de consignes, marquage des animaux…),
- équiper son installation de traite (sortie rapide, plancher mobile, barrière poussante, taxi-lait…).

L’alimentation, deuxième poste d'astreinte
- le nombre de fourrages à distribuer (ou le fait de compiler les fourrages dans un même silo),
- les circuits (trajets et lieux de stockage),
- le matériel (certains délèguent l’alimentation ou optent pour une Cuma de distribution),
- le mode de complémentation (gain de temps en ration complète),
- s’équiper d’un repousse fourrage (mécanique ou robot),
- automatiser la distribution avec un robot d’alimentation.

Le paillage et le raclage en stabulation
- augmenter le pâturage pour limiter le temps en bâtiment ou prévoir un accès quelques heures par jour l’hiver,
- stocker la paille près du bâtiment,
- investir dans une pailleuse et en système logettes dans une balayeuse pailleuse (voire carrément un robot de paillage),
- installer un racleur automatique ou un robot à lisier.

La gestion des veaux et génisses
C'est également une partie chronophage des élevages laitiers. Qui dit lait dit génisses et veaux car pour produire du lait il faut que les vaches donnent naissance à des veaux. Ca peut paraître une évidence mais pour le consommateur qui achète son lait en brique ça ne l'est pas.
- laisser les veaux sous la mère pendant la phase colostrale, voire sous des vaches nourrices plus longtemps,
- choisir un plan d’alimentation simplifié,
- alimenter avec un bac à tétines en case collective,
- grouper les vêlages,
- simplifier la ration fourragère des génisses et la distribuer 1 à 2 fois par semaine plutôt que quotidiennement,
- pailler moins régulièrement ou passer en litière de copeaux ou miscanthus,
- mettre les génisses à l’herbe le plus tôt possible,
- déléguer l’élevage des génisses.

L'élevage c'est vraiment compliqué et c'est une affaire de spécialistes.

Source : Web-agri / Par Delphine Scohy

L'azote, il en faut dans nos champs mais ni trop ni trop peu
Mesurer les reliquats azotés en sortie d'hiver est une nécessité pour adapter son plan de fumure des cultures. D'une année sur l'autre le taux de reliquats peut fortement varier. Cela est dû, je cite, " à l'efficacité d'absorption en azote du précédent cultural, de la présence ou non d'un couvert végétal en interculture, et de l'intensité du lessivage hivernal."

La mesure est stricte. Il faut un minium de 14 prélèvements dans un cercle de 20 à 30 m de diamètre selon Arvalis et cela en sortie des pluies d'hiver et avant la minéralisation de l'humus. Le carottage doit être réalisé dans la diagonale en tenant compte de la profondeur du sol et du taux de cailloux de celui-ci. Le site donne des schémas explicatifs très parlants. La profondeur du prélèvement peut varier de 30 cm à 120 cm en fonction de la profondeur d'enracinement du blé. Une fois les prélèvements réalisés il faut, je cite, "les mélanger afin de constituer un échantillon moyen caractéristique de la parcelle."
Les échantillons seront analysés par Arvalis. Là aussi une méthodologie est nécessaire. Les échantillons doivent arriver au laboratoire dans un délai de 2 à 3 jours pour un échantillon réfrigéré à 4°C ou congelé à -18°C pour un envoi différé. Il y a 23 laboratoires agréés pour les analyses de terre en 2025

Source : Terre-net / Christine Le Souder - Francesca Degan (Arvalis)

Les USA pratiqueraient-ils l'ingérence dans la production alimentaire française ?
C'est un rapport de l'Ecole de Guerre économique qui en fait le constat en dévoilant, je cite : "une architecture financière complexe et systémique qui permettrait à des organisations animalistes et activistes en France de bénéficier de fonds de grands actionnaires de la tech américaine."
Ces techs américaines visent la production de viande en France car elles ont investi massivement dans la foodtech et la viande cellulaire.
Comment cela fonctionne-t'il ?
Le rapport, disponible sur ww.ege.fr, affirme que les organisations mises en cause élaborent des stratégies de marketing mettant en cause le bien être animal mais sont en fait des paravents d'influence visant à affaiblir la production française au profit d'importations américaines.

Selon le rapport, les fondations américaines actionnent 3 leviers, le financement massif de groupes activistes, le développement de technologies d’alternative à la viande, et un lobbying politique intense.

L'affaire est sérieuse. EGE et le think tank les Z'Homnivores considèrent qu'il s'agit là d'une stratégie de déstabilisation conduite depuis les États-Unis. Début décembre s'est tenu au Sénat, un colloque autour du sénateur Yves Bleunven, afin d’inciter les parlementaires et les acteurs du secteur agricole à prendre des décisions pour protéger la production alimentaire française.

Source : Perspectives agricoles / Paloma CABEZA-ORCEL

Les grandes cultures 2024 en chiffres
Perspectives Agricoles nous détaille dans son numéro de janvier 2025 les grands chiffres de la production agricole française. Je vous les cite.
45 % de la production de céréales a été exportée pour une valeur de 8 milliards d'euros.
Pour cela il a fallu mobiliser 203 coopératives, les 300 négoces et les structures d’exportation. La filière céréalière recouvre 538 000 emplois.

Terres Univia, Interprofession des huiles et protéines végétales, vient de publier son recueil annuel de statistiques consacré aux oléagineux et aux plantes riches en protéines(1). Dans le même temps, Intercéréales publie ses chiffres clés de la campagne 2023-2024(2).

La France est le 6 ème exportateur mondial de blé tendre et reste leader pour les semences de maïs et de malt. C'est un des fournisseurs majeurs des pays européens en blé tendre, maïs, orge, malt, amidon et pop-corn. Elle reste le premier producteur européen de céréales avec 64,7millions de tonnes (Mt), blé tendre 35 Mt, maïs 13 Mt et orge 12,3 Mt.

Oléagineux :
4,3 Mt de graines de colza (Centre-Loire et Grand-Est) dont 1,2 Mt à l'export vers l'UE.
2,1 Mr pour tournesol (Nouvelle-Acquitaine) dont 0,6 Mt à l'export vers l'UE.
0,4 Mt pour le soja (Nouvelle Aquitaine et Occitanie) dont 0,14 Mt à l'export vers l'UE.

6,3 Mt de ces trois graines ont été triturées en France soit des chiffres assez stables depuis 4 ans.
La quantité totale de tourteaux et d’huile brute extraits de ces graines s’élève respectivement autour de 3,6 Mt et 2,6 Mt, dont 794 000 t incorporées dans le biodiesel.

(1) Le recueil de statistiques 2023 est téléchargeable sur https://arvalis.info/2x0.
(2) La dernière édition "Des Chiffres et des Céréales" est disponible : https://arvalis.info/2x1

Source : Perspectives Agricoles / Paloma CABEZA-ORCEL

Sur ces quelques mots je vous dis à bientôt
Gastronomiquement Votre, Lucullus

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