Les Chroniques de Lucullus n°383

Amis gourmands bonjour,

C'est dimanche, j'avais sous la main un lot de papiers journalistiques pouvant m'aider à réaliser ma chronique hebdomadaire.

C'est dimanche donc et j'aurais pu vous parler ce cette mode du sandwich, dit haut de gamme, où le vendeur vous prend pour une abruti en vous faisant croire que le sandwich au homard vaut le détour et surtout les 26 €qu'il vous demande.
Mais j'y reviendrai un autre jour.

C'est dimanche donc et j'aurais pu vous parler des plats sur mesure et en pièces détachées qu'on vous livre pour 20 € par personne alors que, si vous aviez fait vos courses vous même, au vu de la photo proposée, vous n'auriez dépensé que 5 à  7 € par personne.
Mais j'y reviendrai un autre jour.

C'est dimanche donc et j'aurais pu vous parler du concours de biérologie 2013 qui vient de s'achever. Concours qui veut donner des lettres de noblesse à ces sommeliers d'un genre particulier que sont les spécialistes de la bière.  Il faut savoir tout de même que les Français consomment 33,4 litres de bière par an. Que cela génère 12,8 milliards d'euros de chiffre d'affaire, que 71900 personnes travaillent dans ce secteur et qu'il y a en France 300 brasseurs artisanaux alors qu'en 1985, il n'en restait pratiquement plus.
Mais j'y reviendrai un autre jour.

C'est dimanche donc et j'aurais pu vous parler des biocarburants que l'on va maintenant appeler agrocarburants car ils n'ont rien d'écologique et surtout qu'ils prennent pour obtenir leurs matières premières des terres arables qui sont absolument nécessaires à l'agriculture vivrière.
Mais j'y reviendrai un autre jour.

C'est dimanche donc et j'aurais pu vous parler de cette imprimante 3D développée par "Systems & Materials Research Corporation" qui peut imprimer des pizzas mangeables réalisées à partir, non pas d'encre, mais de poudres (sucres, protéines..Etc.), d'eau et d'huiles. Imprimante et procédé qui intéresse si fortement la NASA pour ses spationautes, qu'elle a déboursé 125.000 dollars pour l'aider au développement.
Mais j'y reviendrai un autre jour.

C'est dimanche donc et j'aurais pu vous parler de ces enfants qui ne sont pas foutus de différencier un légume d'un autre. J'aurais pu vous dire que l'Association Santé Environnement de France (ASEF) et ses 2500 médecins a publié jeudi dernier une étude alarmante ou 87% des jeunes ne sont pas capables de reconnaître une betterave, où pour 33% d'entre eux reconnaître un poireau, une courgette, une figue ou un artichaut est impossible, où 25% des jeunes interrogés ne savent pas que les frites sont faites avec des pommes de terre, ou 40% de ces jeunes ne savent pas d'où viennent les chips, nuggets ou jambon qu'ils mangent et où 33% d'entre eux ne savent pas de quoi sont constituées les pâtes.
Mais j'y reviendrai un autre jour.

Mais c'est dimanche justement et je veux vous parler de mon espoir de voir arriver le printemps avant l'été.
Mais quand reviendra t-il?
Quand donc sera là le temps des cerises?
Le matin, en cette saison, ce sont plus souvent les merles ou les tourterelles qui me réveillent plutôt que mon réveil.
Là, je suis bien aise d'en avoir un.

On a vraiment un temps pourri qui a déréglé tout notre système agricole.
Les sites de cuisine ne parlent plus que de soupes, c'est un comble alors que l'été débute normalement dans moins d'un mois.

Le plus grave c'est que toute la production de fruits et légumes est chamboulée.
Certaines productions risquent d'être définitivement perdues par absence de soleil et trop plein d'eau.
C'est le cas des producteurs français de melons qui craignent qu'en l'absence de production locale la grande distribution  se retourne vers les productions marocaines. Ce sont aussi les productions de concombres qui ont baissé de 30% près d'Orléans, tout comme d'ailleurs, les asperges, les fraises ou les tomates.

Climat/Metnext spécialiste de l'impact du climat sur l'économie rappelle que 65% des 305 catégories de produits de grande consommation sont sensibles à la météo.
De fait c'est tout le commerce de saison qui est affecté. Quid des petites robes légères de printemps.
Les jardinerie ont vu leur fréquentation baisser de plus de 20% pour le weekend de Pentecôte.

Cependant, à quelque chose malheur est bon. Les ventes de soupe ont augmentée de 35,3% celle des légumes secs de 17,2%  et les fromagers et les cavistes ont vu une augmentation de 10% de leur chiffre d'affaire.
Le président de la Confédération des commerçants de France analyse ces derniers chiffres comme étant un moyen de se soutenir le moral. Un petit verre et hop c'est un peu de soleil dans l'estomac.
Néanmoins la consommation électrique est supérieure de 5 à 10 % par rapport aux moyennes saisonnières. Ce ne sont pas mois de 5000 mégawatts supplémentaires qu'il a fallu produire.

Je ne peux, pour terminer cette chronique, que vous citer ce grand poète que fut Chateaubriand
Une de ces œuvres publiées dans "Tableaux de la nature" s'intitule:
Nuit de printemps

Le ciel est pur, la lune est sans nuage :
Déjà la nuit au calice des fleurs
Verse la perle et l'ambre de ses pleurs ;
Aucun zéphyr n'agite le feuillage.

Sous un berceau, tranquillement assis,
Où le lilas flotte et pend sur ma tête,
Je sens couler mes pensers rafraîchis
Dans les parfums que la nature apprête.

Des bois dont l'ombre, en ces prés blanchissants,
Avec lenteur se dessine et repose,
Deux rossignols, jaloux de leurs accents,
Vont tour à tour réveiller le printemps
Qui sommeillait sous ces touffes de rose.
Mélodieux, solitaire Ségrais,
Jusqu'à mon cœur vous portez votre paix !

Des prés aussi traversant le silence,
J'entends au loin, vers ce riant séjour,
La voix du chien qui gronde et veille autour
De l'humble toit qu'habite l'innocence.

Mais quoi ! déjà, belle nuit, je te perds !
Parmi les cieux à l'aurore entrouverts,
Phébé n'a plus que des clartés mourantes,
Et le zéphyr, en rasant le verger,
De l'orient, avec un bruit léger,
Se vient poser sur ces tiges tremblantes.

Sur ces quelques mots je vous souhaite une excellente semaine.

Gastronomiquement Votre, Lucullus