Les Chroniques de Lucullus n°407

Amis gourmands bonjour,

Pesticides et espaces verts
le Parlement a définitivement adopté, jeudi 23 janvier, une proposition de loi écologiste qui interdit en France les produits phytosanitaires (insecticides, herbicides, fongicides, etc.) dans les espaces verts publics à partir de 2020 et dans les jardins particuliers à compter de 2022.
L'Assemblée nationale a voté ce texte dans les mêmes termes que le Sénat le 19 novembre. Outre les écologistes, les socialistes, les radicaux, l'UDI et le Front de gauche ont voté pour, tandis que les élus UMP se sont prononcés contre ou abstenus.

Je pose une question:
Si les pesticides sont aussi mauvais pourquoi attendre 6 ans pour les espaces publics et même 8 pour les particuliers?
Pourquoi pas dans 15 jours?
Bon, donnons jusqu'à la fin de l'année, voir une année supplémentaire, pour les industriels afin qu'ils puissent s'adapter mais pas 6 ans, c'est ridicule.

De plus la France est le premier utilisateur, en Europe de ces saloperies, alors qu'on sait parfaitement faire autrement.
La ville de Versailles a par exemple complètement remplacé ces produits par l'usage de désherbeurs thermiques ou par l'usage de la binette par les employés municipaux.

Malheureusement cette interdiction ne concerne pas nos producteurs agricoles qui sont pour 90 à 95% dans l'usage de ces produits.
Il y a des progrès à faire...

Oreillards et pipistrelles
Les chauves-souris sont des animaux on ne peut plus utiles dans notre écosystème.
Ce sont des animaux inoffensifs qui mangent des insectes.

Le traité international Eurobats signé en 1994 a permis de protéger les 45 espèces de chauves-souris nichant en Europe.
De plus la convention de Bonn sur la protection des espèces migratrices donne une protection supplémentaire à ce petit animal fort décrié par certains.

Entre 1993 et 2011 les populations de chauves-souris auraient augmenté de 40 %.

Les chauves-souris disparaissaient depuis le milieu du 20ème siècle à cause de l'usage des pesticides, de l'intensification de l'agriculture, des traitements des moisissures sur les toits, de la destruction de leurs habitats naturels et même de campagnes de destruction.

Cependant l'affaire n'est pas réglée et il convient d'être prudent car la chauve souris a un cycle de reproduction très lent et est très sensible aux perturbations.

Néonicotinoïdes
Allez répétez deux ou trois fois rapidement. Ça y est vous êtes prêts?
Ce machin bizarre est une famille d'insecticides utilisée depuis les années 1990.
Dès le début on l'a suspectée d'être une des causes majeures du déclin des insectes pollinisateurs.
Une étude britannique, à la pointe du progrès, montre que l'imidaclopride, un des principaux représentants de cette famille, est
"susceptible de perturber le comportement de bourdons communs (Bombus terrestris) et d’affaiblir ainsi de manière durable et significative le fonctionnement de la colonie".
L'étude menée par Dave Goulson de l'université du Sussex a porté sur 6 colonies identiques.
Pendant 2 semaines elles ont été nourries, en laboratoire, par une solution sucrée et du pollen.
Pour 3 de ces colonies la nourriture contenait le produit incriminé.

Après 2 semaines les colonies ont été rendues à la nature et leur comportement étudié.
Comble du progrès, des récepteurs RFID avaient été placés sur des bourdons.
En résultat, la capacité à butiner n'a pas été diminuée. Par contre, les insectes soumis à l'insecticide n'ont rapporté du pollen qu'à 40% de leurs voyages contre 63% pour les animaux témoins.
La quantité de pollen a diminué de 57% au total.
Plus grave, les effets dévastateurs se font sentir, des mois après l'arrêt de toute exposition.

Une autre étude publiée en 2012 par Penelope Whitehorn de l'université de Stirling en Écosse, a montré que les colonies soumises à de très faibles doses de ces composés produisaient jusqu'à 85% de reines en moins.

Usa et antibiotique
Là, on atteint des sommets dans la bêtise et quand je dis des sommets je ne pense pas au Mont-Blanc mais plutôt à l'Everest.

L'association Natural Resources Denfense Council ou NRDC, accuse la Food and Drug Administration d'avoir maintenu les autorisations de plusieurs dizaines d'antibiotiques dans l'alimentation du bétail américain alors même qu'elle avait découvert les risques élevés qu'ils représentaient pour la santé humaine.

L'ONG montre que de 2001 à 2010, la FDA a réexaminé la sécurité de trente additifs alimentaires à base d'antibiotiques appartenant aux familles des pénicillines et des tétracyclines.
Ces molécules, pour certaines autorisées depuis les années 1950, ont été administrées au bétail pour des usages non thérapeutiques, c'est-à-dire pour prévenir des maladies mais surtout pour stimuler la croissance des animaux – une pratique interdite depuis 2006 en Europe.
Résultat:
"18 des additifs étudiés entraînent un risque élevé d'exposer les humains à des bactéries résistantes aux antibiotiques par le biais de la chaîne alimentaire – en particulier de la consommation de viande, mais aussi par des contacts directs avec les animaux ou par la dissémination de ces pathogènes dans l'environnement."

Au final, aucun de ces trente médicaments ne pourrait aujourd'hui être approuvé comme additif pour le bétail en vertu des directives actuelles. Pis, vingt-six ne remplissaient pas les normes sanitaires établies en 1973.

Aux Etats-Unis, 70 % des antibiotiques vendus sont destinés aux élevages. Mais ne vous y trompez pas il en est de même chez nous où nos animaux destinés à l'alimentation sont pré-médicamentés pour éviter "tout risque". Tout risque pour les éleveurs mais par pour la santé des consommateurs c'est ce qu'il faut dire.
Les élevages intensifs rendent les animaux plus fragiles et plus susceptibles d'être atteints par des maladies alors l'industrie agro-alimentaire ne veut pas prendre de risque pour ces revenus quitte à nous refiler sa cochonnerie.

Ma copine Noémie va encore dire que j'en ai après les éleveurs Bretons mais tant à l'aller qu'au retour de mon périple sur l'île d'Oléron je suis passé par la Brenne, le Berry et la Saintonge.
Là j'ai vu des élevages de porcs en liberté où l'usage de traitements prophylactiques liés à la surpopulation des élevages et à la promiscuité inhérente à ce système n'est utile.

Orthodexie
Voici une pratique, que dis-je une angoisse qui atteint certains de nos compatriotes.
Qu'est ce donc que l'orthodexie.
C'est une pratique qui consiste à examiner pendant des heures ce qui se trouve dans l'assiette afin de s'assurer de l'innocuité des aliments qui s'y trouvent.

Certes les scandales alimentaires réguliers ou encore des accidents médicaux dus à des bactéries peuvent inciter à la prudence mais de là a développer des obsessions il y a un pas qu'il ne faut pas franchir.

Orthorexie, du grec orthos, "droit", et orexis, " appétit". est un mot qui a fait son entrée dans Le Petit Larousse en 2012.
Concept inventé en 1997 par le Dc Steve Bratman pour étudier les malades qui passent des heures à penser et à angoisser sur leur alimentation et à fouiner les sites décrivant la composition des assiettes.

Pour autant d'autres praticiens ne veulent pas mettre ces obsessions au rang de troubles du comportement alimentaire d'ordre psychiatrique.

C'est la cas de Philippe Denoux professeur de psychologie interculturelle à l'université de Toulouse-Mirail qui pour résoudre le problème suggère un retour au bon sens et à l'abandon de la notion de risque alimentaire zéro.

Je pense que la recherche permanente de risque zéro produit à contrario d'autres risques liés à la technologie et d'autres troubles chez nos plus jeunes notamment.
Les comportements alimentaires à risques comme la recherche de la maigreur ou l'absence de telle ou telle substances provoquent à minima des carences graves mais aussi des anorexies et des troubles permanents.

A contrario l'absence de réflexion sur son alimentation et sur l'usage systématique de produits industrialisés en opposition aux produits frais est une des sources de l'obésité qui touche notamment 18% des enfants français entre 3 et 17 ans.

Sur ces quelques mots je vous souhaite une excellente semaine.

Gastronomiquement Votre, Lucullus