Les Chroniques de Lucullus n°411
Amis gourmands bonjour,
Les USA nous étonneront toujours.
Alors qu'ils sont les chantres de l'industrialisation à outrance de l'agriculture, il est des personnes qui se battent au quotidien pour lutter contre cela.
La semaine dernière je parlais de Michael Pollan et de ses idées sur notre manière de nous nourrir.
Cette semaine je veux vous faire connaître Eliot Coleman.
Cela fait 40 ans, donc ce n'est pas d'hier, qu'il met en avant les valeurs de l'agriculture à taille humaine.
S'inspirant des méthodes maraîchères parisiennes des 18ème et 19ème siècle, cela fait donc 40 ans qu'il a créé dans le Maine (Nord-Est des USA) une ferme qui produit été comme hiver des légumes avec un excellent rendement, alors même qu'il n'a aucun recours aux énergies fossiles, aux engrais et à la mécanisation.
La région parisienne, à cette époque, les 18ème et 19ème siècles, était totalement autonome en termes de fruits et légumes grâce à des maraîchers pratiquant la micro agriculture et l'amendement des sols avec du crottin de cheval, alors même que seulement 6% du sol était exploité. Nous sommes loin de tout cela actuellement.
Ce monsieur vient de publier un ouvrage intitulé en français "Produire en abondance, même sous la neige"
Le titre américain aurait été plus étudié me semble t-il car il dit : "Des légumes en hiver" mais les idées de nos éditeurs me semblent parfois loufoques.
Eliot Coleman est un des précurseurs de la micro agriculture biologie à haute productivité ou Deep Organic Farming.
Inspiré de Louis Savier lui même inspiré des méthodes d'antan, Eliot Coleman a mis en œuvre une agriculture adaptée au 21ème siècle.
A la question de savoir pourquoi l'agriculture s'est dégradée au fil des ans, Eliot Coleman revient sur un point dont je me faisait l'écho la semaine dernière. L'agriculture s'est tournée vers le moindre coût en oubliant la valeur nourricière de son travail.
On en revient toujours à la même chose, à savoir que la production agricole ne doit pas être une industrie au même titre que celle de l'automobile ou des machines à laver le linge.
Elle concerne un sujet beaucoup plus important qui est l'alimentation humaine et animale. Nous ne sommes pas dans le même paradigme, le même système de valeurs.
Je ne suis pas une accro du bio ou un bobo écolo mais je suis bien persuadé que nos bons industriels de l'agro-alimentaire qui nous gavent de produits chimiques ne les mangent pas eux-même. Cela sans aucun remord ni même scrupule.
Source :
http://gastronomie.blog.lemonde.fr/2014/02/22/le-pionnier-de-lagriculture-de-demain/
Le site d'Eliot Coleman
http://www.fourseasonfarm.com/
Mais la France aussi
Biotechnologies bleues
Les biotechnologies bleues : qu'est-ce que c'est ?
Les biotechnologies bleues désignent l'application des méthodes de la biologie liées à d'autres disciplines (informatique, génétique, physique, chimie...), se servant des ressources marines (algues et microalgues essentiellement) comme matériau de base, ce afin de produire des services et des biens.
L'un n'empêchant pas l'autre, il est utile de relever le travail de certains scientifiques.
C'est le cas de la société Olmix spécialisée dans le biotech bleue à destination de l'alimentation animale.
Cette société française vient de passer un accord, pendant le salon de l'agriculture, pour implanter en Côte d'Ivoire une unité de production de composés alimentaires pour animaux à base de concentré d'algues bretonnes et de protéines locales mais aussi un laboratoire de mycotoxines et de sécurité alimentaire.
Le but immédiat est de réduire, de manière drastique, la mortalité de certains cheptels africains et plus particulièrement de Côte d'Ivoire. Un étude récente montre que l'utilisation de ce type de produits a permis une diminution de 50% de la mortalité sur les poulets (résultats d'essai terrain SeaLyt-Searup spark 2013).
Grâce à des procédés de cracking qui extraient les principes actifs des molécules on peut les réintroduire dans la chaîne alimentaire et ainsi palier les produits pharmaceutiques et chimiques destinés aux animaux.
10 ans de R&D pour le groupe Olmix avec pour horizon de nouvelles possibilités d'alimentation tant animales qu'humaines.
Affaires à suivre donc.
Les castors
En avez vous déjà vu à l'état naturel?
Plus jeune, ado en fait, j'habitais à quelques centaines de mètres du Pont du Gard et en amont de celui-ci il y avait des couples de castors sauvages.
C'était toujours un plaisir d'aller les voir même si le chemin n'était pas pratique. Ils étaient adorables.
Je pouvais passer de longs moments à les regarder en silence, aller et venir, vaquant à leurs occupations et notamment à la consolidation permanente de leur habitat.
C'est pourquoi, un article de Libération a attiré mon attention la semaine dernière.
En effet, pour la première fois depuis 500 ans, 3 castors sauvages européens (Castor fiber) ont été vus dans le sud-ouest de l'Angleterre.
Un scientifique retraité, Tom Buckley, avait remarqué des bois mâchonnés et cela l'avait intrigué. Sans trop y croire, il a installé 3 caméras le long de la rivière, mais le résultat est là, il y a bien des castors sauvages dans le Devonshire.
Certes en 2011 un programme de réintroduction a été entrepris mais dans un espace clos ce qui exclut qu'il s'agisse des mêmes individus.
Le propriétaire du terrain concerné par l'installation des rongeurs y a trouvé un motif de satisfaction car dit-il, ces animaux aident à lutter contre les inondations en créant des retenues tout au long des cours d'eau.
A tel point que suite aux nombreuses inondations de mi-février de plus en plus de personnes militent maintenant pour une réintroduction massive des castors en Angleterre, cela d'après the Mamal society (Association pour la conservation des mammifères).
Agriculture et politique
On sait depuis plus de deux cents ans que l'Ukraine est le grenier à blé de l'Europe.
La grande Catherine de Russie ne s'y était pas trompée; déjà à son époque en conquérant ces terres et en les intégrant à la Russie afin de garantir un approvisionnement certain pour sa population. Les soviétiques avaient maintenu cette intégration et la Russie actuelle espérait continuer dans ce sens également.
Aujourd'hui que l'Ukraine est indépendante et se tourne, entre autres choses vers d'autres cieux que ceux de la Russie, une crise majeure semble naître.
Les cours mondiaux du blé et du soja s'envolent à Chicago, référence mondiale en terme de cours des produits céréaliers et oléagineux.
L'Ukraine est le sixième exportateur mondial de blé et le troisième exportateur de maïs après les Etats-Unis et le Brésil, selon Commerzbank.
En effet le transit de ces produits très recherchés passe par la Crimée et la Mer Noire.
En ce moment de gros retards dans la livraison apparaissent toujours selon la CommerzBank.
Liés à des mois d'hivers très rigoureux aux USA, la qualité des blés d'hiver américains a baissée provoquant une tension certaine sur les cours.
Cette tension est également visible sur le soja pour des raisons climatiques actuelles liées à l'hémisphère sud, où c'est l'été en ce moment.
Le Brésil a abaissé ses prévisions de production alors même que l'Argentine les a augmentées grâce à de bonnes pluies. Cependant, les experts estiment que ces gains de production ne compensent pas les pertes brésiliennes.
Le boisseau de maïs (environ 25 kg) pour livraison en mai, a clôturé vendredi à 4,8900 dollars contre 4,6350 dollars en fin de semaine dernière, après être monté en début de séance à des niveaux plus vus depuis fin août (+ 5,50 %).
Le boisseau de blé pour la même échéance a terminé à 6,5400 dollars contre 6,0225 dollars vendredi dernier, au plus haut depuis début décembre (+ 8,59 %). Le boisseau de soja également pour livraison en mai s'est établi à 14,5775 dollars contre 14,1400 dollars, à un niveau plus vu depuis début juillet (+ 3,09 %).
Source : http://www.terre-net.fr/marche-agricole/actualite-marche-agricole
Sur ces quelques mots je vous souhaite une excellente semaine.
Gastronomiquement Votre, Lucullus
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