Les Chroniques de Lucullus n°532
La Ruche, circuit court et petits producteurs
Le locavore, le circuit court, le terroir, tout cela prend de l'ampleur dans la vie de nos concitoyens et je m'en félicite. Cela fait quinze ans que je me bats pour que l'on préfère qualité à quantité, même si autour d'une table on peut bien être gourmand. Cela fait des années donc que j'essaie à mon petit niveau de promouvoir l'artisan, le producteur local.
L'idée c'est, par exemple, lorsqu'on habite en Île de France de préférer les pommes de la vallée de Chevreuse à celles venant d'Argentine, les fraises de Marcoussis à celles d'Espagne. A vous de reproduire dans votre secteur cette démarche.
Cela est vrai pour tout ce qui pousse dans notre environnement.
La Ruche qui dit Oui est née de cette idée et cette entreprise qui prend de l'essor a même trouvé un bon rythme.
Tout d'abord il faut expliquer ce qu'est un circuit court.
Définition du Ministère de l’agriculture :
"un circuit court est un mode de commercialisation des produits agricoles qui s’exerce soit par la vente directe du producteur au consommateur, soit par la vente indirecte, à condition qu'il n'y ait qu'un seul intermédiaire."
Pour La Ruche qui dit Oui, le local c'est 43 km, c'est à dire la distance moyenne parcourue par les producteurs pour livrer leurs marchandises. Savez vous qu'en 2010, un producteur sur cinq vend ses produits en circuit court ? C'est vrai qu'à la campagne c'est plus facile qu'en ville de trouver des producteurs de fruits et de légumes. C'est une des raisons qui a poussé les créateurs de la Ruche à intervenir sur l'écosystème commercial.
Mais qu'est ce que la Ruche qui dit Oui ?
C'est une société fondée en 2011 par trois personnes, le designer Guilhem Chéron, l’ancien chef de projet web Marc-David Choukroun et l’actuel secrétaire d’Etat au numérique, Mounir Mahjoubi. La plate-forme web met en relation acheteurs et vendeurs. Le principe est de supprimer les intermédiaires, de trouver les meilleurs produits et de permettre aux producteurs de fixer eux mêmes leurs prix. Sur le lieu de réception, un animateur local organise la réception des produits des producteurs.
Quelques chiffres pour bien comprendre le phénomène. Le siège de La Ruche est situé à Paris Bastille. C'est 85 salariés dont 40 parisiens, 270.000 membres et 8000 artisans producteurs. La démarche de la Ruche fut une première en Europe où personne n'avait eu l'idée de développer une application au service de l'agriculture de proximité.
Mais une question se pose rapidement. L'acheteur est-il libre de butiner,c'est à dire de venir , de partir de revenir dans le système ?
Presque, car pour que cela fonctionne il faut s'inscrire à une ruche proche de son domicile, commander en ligne et venir récupérer les produits choisis à un point fixe et à un horaire fixe une fois par semaine. Si vous ne commandez pas ce n'est pas grave, donc il y a une vraie liberté.
Que reçoit le producteur au final ?
Il reçoit 83,3 % du prix de vente aux particuliers contre à peu près 20 % dans le commerce traditionnel
L'entreprise touche 8,35 % et le responsable du point de vente également 8,35 %.
La transparence est d'ailleurs le maître mot en matière économique, ceci afin d'assurer la pérennité de l'entreprise par la confiance de tous. La société est certifiée B Corps c'est à dire que l'entreprise est engagée pour le bien commun, social et environnemental.
Comment a été montée l'entreprise et quel est son but ?
Bien évidemment, vivre de ses revenus mais pas "faire de l'argent". A ses débuts les fondateurs ont fait, comme cela se fait pour les start-up, une levée de fonds. Les premiers à investir furent Xaviel Niel (Iliade/Free) et Marc Simoncini (Meetic) puis, en 2015, ils lèvent 8,5 millions d'euros d'investisseurs internationaux. La Ruche qui dit Oui, qui compte 850 ruches sur le territoire français, a essaimé en Europe (RU, Allemagne, Italie, Espagne…) et on dénombre aujourd'hui 1.100 ruches.
Le système continue à plaire aux Français et des nouvelles ruches naissent régulièrement. Les clients tout comme les vendeurs viennent également y rechercher un convivialité, un esprit de communauté, un lien.
Source : Capital / Florence Rajon
C'est une catastrophe
Dans l'Hérault, 30 % des huîtres et 100% des moules de l'étang de Thau ont été tuées par la malaïgue ou mauvaise eau en occitan. La cause en est la canicule et l'absence de vent, mais à Marseillan, le taux de mortalité des huîtres atteint 52 % et même à 63,5 % à Mèze. En volume cela représente 2703 tonnes d'huîtres soir 4,7 millions d'euros et 1218 tonnes de moules pour 1,22 million d'Euros
La dernière fois que le phénomène s'est produit c'était en 2006. les conditions climatiques ont contribué à la propagation d'algues et entraîné une baisse de la teneur en oxygène de l'eau, celle ci prenant une couleur blanchâtre. Les moules et les huîtres succombent lorsque la température de l'eau augment et celle de l'étang de Thau a été enregistrée à plus de 29°C pendant plus de 8 jours.
Le préfet de l'Hérault a annoncé son intention de "saisir, sans délai, la commission nationale de gestion des risques agricoles, en vue de la reconnaissance du sinistre par arrêté ministériel". Le préfet a également transmis au ministère de l'Agriculture la demande d'exonération totale des charges sociales ENIM, des redevances domaniales et des taxes sur le foncier non bâti.
Source : France Info /Monique Faget FAGET / AFP)
Les néonicotinoïdes interdits dans l'agriculture
La France a pris une décision courageuse, mais indispensable, en interdisant l'utilisation des néonicotinoïdes comme insecticides. Cinq substances sont interdites de tout usage phytosanitaire, clothianidine, thiaméthoxame et imidaclopride, thiaclopride et acétamipride. Ces substances sont accusées de contribuer au déclin massif des colonies de pollinisateurs. Pour le coup, la France va plus loin que les exigences européennes qui n'interdiront que les trois premières substances citées et cela dès le 19 décembre prochain et seulement pour les cultures en plein champ. Si cette mesure satisfait les défenseurs des abeilles et les apiculteurs, elle met en colère bon nombre de cultivateurs.
C'est dans les années 1990 qu'apparaissent les néonicotinoïdes. Ils agissent en attaquant le système nerveux des insectes y compris celui des pollinisateurs. Même à faible dose, abeilles et bourdons sont désorientés, ne retrouvent plus leur ruche, le sperme des mâles est altéré. Les semences sont enrobées de ces substances qui ensuite se propagent à toute la plante y compris le pollen.
Mettant en avance des méthodes non chimiques, le gouvernement fait valoir des usages alternatifs. Les cultivateurs dénonçant ces méthodes comme une impasse demandant plus de main d’œuvre, plus de travail, augmentant ainsi les coûts de production face aux importations.
Déjà la FNSEA demande des dérogations, pour le maïs et les betteraves sucrières. C'est une maladie très française que les dérogations, il en existe quantités comme par exemple, l'épandage aérien qui normalement interdit provoque des maladies parmi les populations environnantes.
Les betteraviers sont très remontés. Ils avaient trouvé avec les semences enrobées une parade au puceron vert et craignent que ce bannissement mettent en péril la filière sucrière. L'Institut de la betterave avance une perte de rendement de 12 % au niveau national.
Du côté des apiculteurs et des ONG environnementales, cette interdiction est une bonne nouvelle, Ils regrettent néanmoins la possibilité de dérogation jusqu'en juillet 2020. Le ministère de la Transition écologique, annonce que seul l'acétamipride devrait être concerné, et pour de faibles volumes. Les apiculteurs espèrent aussi que la version définitive de la loi Alimentation entérinera le principe de l'interdiction des substances ayant le même mode de fonctionnement que les "néonics", comme le sulfoxaflor. Cette mesure a été notifiée par l'UE explique l'exécutif.
C'est une évidence que ces seules mesures ne suffiront pas à sauver les abeilles. Il existent des maladies spécifiques et des prédateurs importants comme le frelons asiatique.
Source : Free/ AFP
Sur ces quelques mots je vous souhaite une bonne semaine.
Gastronomiquement Votre, Lucullus
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