Les Chroniques de Lucullus n°547
En cas de no deal, on sait que la GB veut fermer totalement ses eaux territoriales à tous les pécheurs européens. Mais on sait également qu'un grand nombre de pécheurs Français vont y pécher entre 50 et 60 % de leurs captures. L'interdiction britannique a toutes les chances de provoquer de nombreuses faillites dans les ports français car les pécheurs n'ont pas d'alternative.
Le ministre de la pèche, Didier Guillaume, envisage dès à présent des solutions sociales d'arrêts de bateaux, si ce n'est définitives au moins temporaires, et le ministre rappelle que les côtes anglaises resteront à 22 km de Boulogne-sur-mer. Cela impose de trouver des solutions avec la Grande Bretagne.
Le Brexit va imposer également des contrôles sanitaires supplémentaires. La GB n'étant plus soumise aux règlements communautaires aura ses propres règlements sanitaires différents et peut être même inférieurs aux nôtres. Le ministre annonce que depuis plusieurs semaines, des vétérinaires sont formés dans ce but. 40 nouveaux postes ont été prévus au budget 2019 ; le ministre jugeant ce nombre insuffisant augmente de 70 à 80 le nombre de postes à pourvoir.
La France compte neuf ports considérés comme points d'entrées principaux pour le transport de marchandises et de passagers vers la Grande-Bretagne: Dunkerque, Le Havre, Calais, Dieppe, Caen-Ouistreham, Cherbourg, Brest, Saint-Malo et Roscoff.
Source : AFP Philippe Hugune
La guerre du camembert continue
Enième avatar de cette lutte importante pour la défense d'un de nos plus importants et emblématiques terroirs
Le député Modem du Loiret Richard Ramos a envoyé 577 camemberts à l'Assemblée nationale en signe de protestation contre la nouvelle réglementation.
Cette opération est montée conjointement avec Véronique Richez-Lerouge de l'association Fromages des terroirs.
Leur but est de protéger les AOP au lait cru mais je crains bien que ce soit aussi un combat d'arrière garde face aux enjeux mondiaux.
Je ne reviens pas en détail sur les accords passés entre les producteurs et l'INAO qui gère les AOP françaises pour le ministère de l'agriculture, pour cela je vous renvoie à mes précédentes chroniques traitant le sujet.
• Chronique n°172 du 17 mars 2008
• Chronique n°192 du 05 octobre 2008
• Chronique n°479 du 30 juillet 2016
• Chronique n°521 du 28 février 2018
• Chronique n°528 du 24 mai 2018
Ce qui m'énerve quand même un peu, c'est le dénigrement systématique des industriels. Je ne les aime pas particulièrement mais il faut quand même avoir en tête que ces entreprises font travailler des milliers d'employés et de producteurs.
Il ne faut pas oublier non plus que le mot Camembert n'est pas déposé et donc pas protégé. Des camemberts industriels sont faits dans le monde entier. L'année dernière une"compétition" américaine a sacré meilleur camembert du monde un camembert au lait pasteurisé canadien. Il faut être conscient de l'enjeu mondial de cette question.
Relisez mes Chroniques !
Didier Aubrée, président de l'Association des quatre fromages AOP de Normandie et également directeur de la fromagerie Reaux (fromage au lait cru) dans la Manche était l'invité de France-Info mercredi.
Je vous livre ici son commentaire
"Aujourd'hui, il faut qu'on puisse vendre du camembert AOP, comme on le fait pour le Pont-l'Évêque, le Neufchâtel et le Livarot, en produit pasteurisé, pour pouvoir l'exporter aux États-Unis, en Australie.
Ça va aussi permettre aux fromageries de pouvoir transformer le lait qui n'est pas fromageable en lait cru, car les normes bactériologiques sont tellement sévères de nos jours, que l'on a un gros pourcentage de lait qui n'est pas fromageable en lait cru. Donc, cela permettra aux fromageries de faire toujours le camembert de Normandie actuel qui va devenir "véritable" [dans ce nouveau cahier des charges, ndlr] et qui va être bien meilleur que ce qu'on fait actuellement car on va augmenter le pourcentage de vaches normandes et augmenter l'herbe l'hiver.
On va aussi arrêter d'utiliser des concentrés à base d'OGM. C'est une montée en gamme pour le camembert de Normandie actuel [sans AOP] qui va devenir le "véritable" avec un étiquetage bien distinctif, ce qui va permettre d'arrêter, dans le même temps, la confusion actuelle avec les camemberts déjà en AOP.
Tous les camemberts ne vont pas être pasteurisés ! Le haut de gamme reste entièrement au lait cru. Les consommateurs pourront faire la différence car on est en train de faire un cahier des charges avec l'étiquetage inclus, pour que dans les rayons, le consommateur voit lequel est véritable et lequel est pasteurisé. Les étiquetages vont être beaucoup plus lisibles qu'actuellement.
Le camembert traditionnel ne représente que 6 000 tonnes de fromage produit par an contre 60 000 tonnes pour le fromage industriel, soit 10%. C'est peu, non ?
C'est quand même la plus grande AOP de Normandie. On vend plus de camembert AOP que de Livarot, Pont-l'Évêque ou de Neufchâtel. Donc ce n'est pas peu, c'est dommage de dire cela. C'est le camembert fabriqué "en Normandie" qui a une importance puisqu'on peut le vendre partout, sans aucun problème sanitaire. La pression sanitaire pour le fromage au lait cru est très importante : ça a été une année catastrophique pour le reblochon en 2018, donc on a aussi cette pression des deux côtés. Il faut se mettre à notre place. Les fromages au lait cru sont quelquefois contaminés, mais ce sont des contaminations tellement basses qu'avec les analyses que l'on fait nous, on ne peut pas les retrouver. Mais maintenant, les magasins font tous des analyses. Au bout d'un moment, quand vous cherchez, vous tombez sur un camembert défectueux parmi 10 000 ou 100 000."
A vous de voir maintenant. Personnellement je n'achète que des camembert au lait cru que je trouve en grande surface. Le bashing des hypers m'énerve également car les gens les critiquent mais y vont quand même. Qu ce soit dans un hyper ou dans un petit magasin on ne vous oblige jamais à mettre des produits de merde dans vote caddie ou votre panier. C'est vous qui le faites et pas eux qui les y mettent. Il est certain que chez un fromager, vous ne trouverez que du fromage de haute qualité.
Alors, assumez votre consommation et lisez les étiquettes!
Source : France-Info / La république du centre- Florent Buisson / Les Chroniques de Lucullus / Jacques Marques
Retrouver le goût des terroirs dans les restaurants collectifs
Agrilocal est un portail mettant en relation les producteurs locaux et les acheteurs publics pour leurs achats concernant la restauration collective (établissements scolaires, maisons de retraite, hôpitaux, etc.).
Le portail a organisé l'opération "Au pré de la ferme" en invitant la restauration collective chez des producteurs.
Cette opération qui implique 26 départements lors de 50 évènements est soutenue par le conseil départemental de la Vienne.
Cela permet à des élus locaux, qui sont les décideurs en termes d'achats, de rencontrer les acteurs qui promeuvent le goût du terroir dans leurs productions avec une exigence de qualité.
La Biscuiterie de Lencloître, une SARL d'une vingtaine de personnes, est le marqueur même de cette démarche. Elle produit son Broyé du Poitou à la main. Il existe avec ou sans gluten, bio ou traditionnel. Le produit est réalisé au beurre frais et la société est en plein développement.
La Fabric d'Alice, un mari et une femme, ancien employé de banque, ont repris la ferme d'un des parents. Depuis 2016, ils produisent des pâtes sèches artisanales à partir de blé durs qu'ils produisent eux mêmes.
Les pâtes produites existent en version classique mais aussi aromatisée (tomates, basilic, cèpe, encre de seiche, ail, curry, curcuma, etc.).
la société produit environ vingt-cinq tonnes à l'année soit entre 350 et 650 kg par semaine.
On retrouve leurs productions en épiceries fines.
Les acheteurs publics potentiels étaient nombreux à se serrer dans cette petite société installée sur quelques dizaines de mètres carrés à Senillé-Saint-Sauveur.
Source : Centre presse
Non, l’abattage sans étourdissement n’est pas compatible avec le label Agriculture Biologique
On dit souvent que l'Europe ne fait rien que de nous embêter et bien ce n'est pas vrai.
L'avancée n'est pas totale mais elle est significative.
Dans un arrêt rendu public ce mardi 26 février, la Cour de Justice de l’Union Européenne (CJUE) vient de donner raison à l’association OABA (Œuvre d’Assistance aux Bêtes d’Abattoirs), en considérant que le logo de production biologique européen ne peut être apposé sur les viandes issues de l’abattage sans étourdissement préalable.
La Cour estime en effet que "les méthodes particulières d’abattage prescrites par des rites religieux, qui sont réalisées sans étourdissement préalable, n’équivalent pas, en termes de garantie d’un niveau élevé de bien-être de l’animal au moment de sa mise à mort, à la méthode d’abattage avec étourdissement préalable, en principe imposée par le droit de l’Union".
Par conséquent, La Cour a jugé que les règles du droit de l’Union n’autorisent pas l’apposition du logo de production biologique de l’Union européenne sur des produits issus d’animaux ayant fait l’objet d’un abattage rituel sans étourdissement préalable.
L’OABA a porté ce combat depuis 2012.
Je vous renvoie également, pour avoir en détail l'explication de cet arrêt au site du Bureau des avocats de Paris
Il est certes un peu technique mais très toutefois très abordable.
Un article du journal Ouest-France traite également du sujet et il est assez bien fait.
Cela dit, je suis totalement opposé à l'abattage halal ou casher sans étourdissement que cela soit pour des viandes bio ou non. Il existe normalement un règlement européen en ce sens mais la France a accordé des dérogations. Sans tomber dans le combat des végans, on pourrait quand même appliquer ces règlements qui ne sont pas, éthiquement parlant, très difficiles à comprendre.
Source : CIWF / Bureau des avocats de Paris / Ouest France
Sur ces quelques mots je vous dis à bientôt.
Gastronomiquement Votre, Lucullus
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