Les Chroniques de Lucullus n°551
Amis gourmands bonjour,E171, la fin !
Décrié depuis longtemps par les chercheurs et par les associations de consommateurs, le législateur a enfin pris la décision d'interdire l'usage du dioxyde de titane à partir du 1er janvier 2020. Les ministères de la transition écologique et de l'économie l'ont annoncé le 17 avril dernier. L'arrêté suspendant sa mise sur le marché devrait être publié très prochainement.
C'est une excellente chose dont je me réjouis.La décision a été prise après un avis de l'Agence Sanitaire (ANSES) qui n'a pu lever les incertitudes sur l'innocuité de l'additif. La France s'oppose ainsi à l'E.U. qui en a autorisé l'usage.
Fin 2018, Brune Poirson, secrétaire d’État à la transition écologique l'avait déjà interdit dans l'alimentation dans une disposition promulguée dans le cadre de la loi sur l'alimentation. Ce n'était alors qu'une suspension. Pour que l'usage en soit totalement suspendu, quel qu'en soit le domaine, il fallait l'accord du ministère de l'Economie. C'est aujourd'hui chose faite. Il reste à en avertir officiellement l'E.U..
Le ministre attendait le dernier rapport de l'Anses. Celui ci est très clair et met en garde contre l'usage de cet additif.Comme le stipule parfaitement l'article du journal, l'Anses souligne le manque de données scientifiques et annonce qu’elle ne dispose pas d’éléments nouveaux permettant de lever les incertitudes sur l’innocuité de l’additif E171.Ne pouvant déterminer de manière certaine le potentiel cancérogène du produit, l'Anses réitère ses recommandations générales sur les nanomatériaux visant à limiter l’exposition des travailleurs, des consommateurs et de l’environnement, en favorisant des alternatives sûres et équivalentes en termes d’efficacité
Cet additif est essentiellement utilisé comme colorant mais ce qui inquiète le plus les associations de consommateurs et de défense de l'environnement c'est la composition même de l'E171. Il contient des nanoparticules inférieures à 100 nanomètres ce qui facilite la pénétration dans l'organisme.
Ce colorant alimentaire reste toutefois autorisé pour les cosmétiques (dentifrice) et médicaments, pas concernés par la loi alimentation.
Source : Huffington Post
Malbouffe, risques pour la santé
L'Inserm (Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale), l'Inra (Institut Nnational de la Recherche Agronomique) et l'université de Paris 13 (Centre de recherche épidémiologie et statistique Sorbonne Paris Cité, équipe EREN) viennent de publier dans le Britich Medical Journal, une étude portant sur la consommation des aliments ultra-transformés et les risques de cancer qui y sont liés.
- L'étude porte sur 104.980 participants choisis dans la cohorte française de NutriNet-Santé.
- Le suivi des cas a duré 8 ans.
Les données alimentaires ont été recueillies à l’entrée dans l’étude à l’aide d’enregistrements de 24h répétés, conçus pour évaluer la consommation habituelle des participants pour 3300 aliments différents classifiés Nova. Pour la classification NOVA l'annexe de cet article.
- 2.228 cas de cancers ont été diagnostiqués et validés dans le cas de l'étude.
Le résultat est choquant. En augmentant de 10 % la proportion d'aliments ultra-transformés dans le régime alimentaire, le risque de développer un cancer au global et un cancer du sein en particulier augmente de +10 %.
Sont mis en cause la moins bonne qualité nutritionnelle de ces aliments mais aussi la présence simultanée d'autres composés comme les additifs, les substances formées lors des process industriels, les différents types de matériaux au contact des aliments...
Cette première étude est considérée comme une première piste d'investigation. Il est nécessaire selon les scientifiques de reprendre cette étude avec une autre population test afin notamment de déterminer le lien de cause à effet.
Outre le cancer, la consommation des aliments ultra-transformés concourt à une augmentation du risque de dyslipidémies, de surpoids, d’obésité, et d’hypertension artérielle.
L'étude a pris également en compte un grand nombre de facteurs socio-démographiques liés au mode de vie des sujets.
Afin de poursuivre leurs travaux, un nouveau programme d'études est lancé. Il évaluera les expositions alimentaires usuelles aux additifs et leurs effets potentiels sur la santé. Cette étude réalisée grâce à la cohorte NutriNet-Santé prendra également en compte des compléments alimentaires et des médicaments. Les interactions entre les produits provoquant souvent des réactions plus ou moins négatives.
Le recrutement de nouveaux volontaires pour participer à l’étude NutriNet-Santé continue. Il suffit de s’inscrire en ligne (www.etude-nutrinet-sante.fr) et de remplir des questionnaires pour participer.
Annexe
La classification Nova permet de catégoriser les aliments en 4 groupes en fonction de leur degré de transformation industrielle.
- Aliments peu ou pas transformés
- Ingrédients culinaires
- Aliments transformés
- Aliments ultra-transformés
Je cite l'INSERM
L'étude porte sur les aliments ultra-transformés. qui comprennent par exemple les pains et brioches industriels, les barres chocolatées, les biscuits apéritifs, les sodas et boissons sucrées aromatisées, les nuggets de volaille et de poisson, les soupes instantanées, les plats cuisinés congelés ou prêts à consommer, et tous produits transformés avec ajout de conservateurs autre que le sel (nitrites par exemple), ainsi que les produits alimentaires principalement ou entièrement constitués de sucre, de matières grasses et d’autres substances non utilisées dans les préparations culinaires telles que les huiles hydrogénées et les amidons modifiés. Les procédés industriels comprennent par exemple l’hydrogénation, l’hydrolyse, l’extrusion, et le prétraitement par friture. Des colorants, émulsifiants, texturants, édulcorants et d’autres additifs sont souvent ajoutés à ces produits.
Exemples :
-Les compotes de fruits avec seulement du sucre ajouté sont considérées comme des aliments transformés, tandis que les desserts aux fruits aromatisés avec du sucre ajouté, mais également des agents texturants et des colorants sont considérés comme des aliments ultra-transformés.
-Les viandes rouges ou blanches salées sont considérées comme des aliments transformés alors que les viandes fumées et/ou avec des nitrites et des conservateurs ajoutés, comme les saucisses et le jambon, sont classées comme aliments ultra-transformés.
-De même, les conserves de légumes uniquement salées sont considérées comme des aliments transformés alors que les légumes industriels cuits ou frits, marinés dans des sauces et/ou avec des arômes ou texturants ajoutés (comme les poêlées industrielles de légumes) sont considérés comme des aliments ultra-transformés.
Source annexe : The UN Decade of Nutrition, the NOVA food classification and the trouble with ultra-proce (sites en anglais)
Source : Inserm
Sur ces quelques mots je vous dis à bientôt.
Gastronomiquement Votre, Lucullus
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