Les Chroniques de Lucullus n°629

Écrit par Lucullus. Publié dans Les chroniques.

Amis gourmands bonjour,

Les cochons envahissent nos vignobles
Ils sont petits de taille mais importants pour les viticulteurs. Olivier Zebic ne tarit pas sur l'utilité des Kunekunes, issus de Nouvelle-Zélande, pour nettoyer les vignobles. Ces petits cochons remplacent pour une grande part les produits phytosanitaires et le tracteur. C'est bon pour la nature et bon pour le porte-monnaie même si cela a un coût.

L'expérience a démarré en 2022 dans le Bordelais puis est reprise dans la Champagne. Auparavant, on utilisait des moutons pour entretenir les parcelles mais ceux-ci ne faisaient que désherber. Les Kunekunes vont plus loin. En fouissant la terre ils l’aèrent et se régalent des racines dites pivotantes. Ils luttent ainsi contre le mildiou, ennemi juré des vignes.

Ce petit cochon d'une quarantaine de kilos est strictement herbivore. Il épargne donc les vers de terre et autres animaux qu'il rencontre. De plus, sa configuration générale l'empêche de lever la tête. Ainsi il n'attaque pas non plus les grappes et rameaux. Il se nourrit également des feuilles vivantes tombées par terre ce qui a une action préventive contre les champignons.

A quand des hordes de Kunekunes dans nos vignobles ? Ce n'est pas pour tout de suite car pour l'instant ce n'est qu'une expérimentation sur le domaine de 22 ha de Jean-Etienne Bonnaire. Ce porcin n'est pas une panacée mais il pourra grandement réduire l'usage des phytosanitaires. C'est primordial pour cette exploitation passée en bio depuis 2005. Jusqu'à maintenant elle procédait à un désherbage mécanique ce qui avait l’inconvénient de tasser la terre.

M. Bonnaire explique également que cette pratique peut être avantageuse dans les coteaux où, avec le labour et les orages, il perd jusqu'à 5 cm de terre par an.

La parcelle de Chardonnay où se déroule l'expérimentation est ceinte d'une clôture électrique et surveillée par des caméras. Il ne faudrait pas que nos porcins se fassent la belle où qu'on vienne les voler.

Tout ceci intéresse au plus haut point le Syndicat général des vignerons de Champagne dirigé par Maxime Toubart. La question est de savoir si cette pratique peut être pérenne. Pour autant, le Comité interprofessionnel du vin de Champagne vise, d’ici 2030, une certification environnementale pour 100% des exploitants.
u : AFP /Free et  Le Point


Une première variété de betterave officiellement reconnue tolérante à la jaunisse
La jaunisse ravage les champs de betterave sucrière. Avec l'interdiction des semences enrobées de néonicotinoïde la filière est en plein marasme et l’État est obligé d'intervenir financièrement pour soutenir cette culture d'excellence.

Le groupe Deleplanque vient de communiquer sur une variété tolérante à la jaunisse. Avec son inscription au catalogue des variétés allemandes (BSA), ST Yellowstone est la première inscription européenne en la matière. Le représentant du groupe expliquer que cela marque une étape importante dans le déploiement de solutions génétiques résistantes aux deux virus les plus important, BMYV et BYV.

Le reste de l'article donne les spécificités des produits. Je vous incite à lire l'article qui est assez technique mais en phase avec l'actualité.

Source : Terre-net / Sophie Guyomard

Le rat taupier ravage le Cantal
Que se passe-t-il donc au fond de l'Auvergne ?
Cédric Villemonteil, éleveur de Sourniac dans le Cantal, a posté sur les réseaux sociaux une vidéo alarmante. Les prairies cantaliennes font face à une invasion de rats taupiers.

Sur une parcelle fraîchement ensemencée, les satanées bestioles ont détérioré le terrain à 90 %. On estime la population de campagnols à plus de 500 individus à l'hectare. Ils se nourrissent des racines et détruisent donc par avance les récoltes de foin prévues pour l'hiver. Comme le résument certains agriculteurs c'est soit les éleveurs soit les rats. Les conséquences financières peuvent être catastrophiques.

On estime que près de la moitié des terres du Cantal sont touchées par le phénomène contre lequel seule le phosphure de zinc est efficace.Comme le dit Géraud, un des administrateurs de la fédération de défense contre les organismes nuisibles (FDGDON), on est dépassé et on n'arrive pas à maîtriser la population.

On ignore les raisons de cette prolifération anormale. D'habitude la population se régule d'elle même. Que faire ? Modifier les haies pour attirer plus de prédateurs comme le renard, la buse ou l'hermine peut être une solution mais les éleveurs doutent que cela soit suffisant.

Si le ministre de l'agriculture n'a pas répondu directement à l'éleveur, celui ci est invité à une table ronde au Sénat qui aura lieu à la mi-mars.

Sources : Franc3-Régions/Auvergne-Rhône-Alpes / Manale makhchoun et Laetitia Theodore et RTL / Guillemette Franquet

La grippe aviaire s'étend
Le Calvados est à son tour touché par l'épidémie d'Influenza. Un foyer s'est déclaré à Mézidon-Canon le 3 mars. Tous les animaux de l'élevage ont été euthanasiés comme le prévoit la réglementation. En outre des zones de protection ont été décrétées.
Une zone de protection, ZP, (rayon de 3 km), qui comprend Cesny-aux_vignes, Mézidon-Canon et Ouézy
Une zone de surveillance, ZS, (rayon de 10 km), 22 communes
Une zone réglementée supplémentaire, ZRS (rayon de 30 km), qui comprend 94 communes.

La surveillance des exploitations sera levée si au bout de 30 jours il n'y a pas de nouveau cas.

Source : Réussir / Les marchés / Virginie Pinson

Les consommateurs et les labels, le désamour
D'après une étude Kantar World, les consommateurs ne veulent plus payer davantage pour les produits labellisés, -6 points depuis 2019. Je parle des vrais labels, AOP, AOC, IGP, Label Rouge, Bleu Blanc Coeur, AB et même Viande Bovine Française.

Quelle en est la raison ?
Tout d'abord il faut reconnaître que l'inflation a fait monter les prix et cela pèse sur les revenus des ménages. Dans les caddies, les marques nationales laissent place aux marques distributeurs pour 36,6 % des français.

Ce désamour inquiète fortement les filières d'excellence qui cherchent une moyen de reconquérir leur clientèle. Ce n'est pas gagné car les consommateurs sont de plus en plus déconnectés du monde agricole. C'est pourquoi les gestionnaires de labels doivent communiquer plus avec leurs clients afin d'expliquer ce que représentent les labels. Ceci fait, les clients pourront effectuer leur arbitrage budgétaire.

Pendant le SIA et à l'occasion d'une table ronde organisée par Bleu Blanc Coeur, Anne-Sophie Bielak, gestionnaire de connaissance chez Kantar a bien expliqué qu'avec l’inflation, le consommateur arbitre et baisse en gamme. Souvent les œufs remplacent la viande.

Toujours selon Kantar, le consommateur considère le label comme un dû et non comme une plus-value. D'ailleurs l'analyse des données montre que 30 % des Français considèrent qu’aucun des labels et mentions testés dans l'étude ne vaut le fait de payer plus cher

Alors que le consommateur pousse les agriculteurs à monter en gamme, ces derniers digèrent mal le désengagement d'une partie de ceux-ci. Il faut savoir que 40 % des consommateurs ne sont pas convaincus du lien entre nourriture et santé. Pour ma part je trouve cela affligeant.

La profusion de labels souvent farfelus peut provoquer chez le consommateur un rejet de toute forme de labels. 70 % des gens, interrogés par Kantar, disent avoir un bon ressenti sur ceux-ci. Toutefois seul 30 % des connaisseurs savent les garanties apportées.

Personnellement j'engage les gens à se limiter dans l'acceptation des labels. Hors des principales appellations, AOP/AOC, IGP, Label Rouge, Bleu Blanc Cœur et AB, il faut être circonspect. Les grands distributions, comme Carrefour, Auchan, Leclerc… ont créé des filières spécifiques afin de démarquer les produits haut de gammes qu'ils commercialisent sous leur nom. C'est par exemple Carrefour avec"la Filière Qualité". Je parle plus spécialement de ce distributeur car c'est là que je fais mes courses et j'ai testé les filières qualité. La différence est notable. Il en est de même pour les autres distributeurs. Chacun a un nom spécifique

Les français sont de plus en plus citadins et sont déconnectés du monde rural à l'exemple des ces enfants qui pensent que le lait se fabrique en usine tout comme les œufs. C'est triste mais c'est vrai.

Selon les analystes de Kantar la solution passerait par des appellations claires concernant les labels et la suppression des logos et des sigles sans réelle utilité. Les labels sont également percutés par le Nutri-score que 96 % des français connaissent en 2023. Ils n'étaient que 50 % en 2019.

Je cite l'article :
"Expliquer les labels, et plus encore les scores (Nutri-score Eco-score...) est essentiel pour souligner le caractère différenciant du produit".

Les labels sont synonymes pour beaucoup de la notion de mieux-manger. Mais qu'est ce que le mieux-manger ?
La notion est variable selon le consommateur. Cela peut être passer un bon moment à table, avoir le plaisir du goût mais cela peut aussi être en relation avec une alimentation saine et équilibrée. Ca peut être aussi être attentif à la rémunération des différents maillons de la chaîne, éleveurs producteurs, transformateurs.

Source : Web-agri / Alice Peucelle

Sur ces quelques mots je vous dis à bientôt
Gastronomiquement Votre, Lucullus

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