Les Chroniques de Lucullus n°655
Amis gourmands bonjour,
Nous voici arrivés aux termes d'une année bien chargée pour tout un chacun. Pour moi ce fut la maladie mais, je ne suis pas le seul, et je ne vais pas ici me plaindre. Je suis bien vivant et content de l'être.J'aborde ces ultimes Chroniques de Lucullus pour vous parler de l'aberration de l'administration et de la technocratie tant appréciée par nos dirigeants et cela depuis des décennies.C'est de plus en plus insupportable et nos agriculteurs en font quotidiennement les frais
Je veux des noisettes françaises
Normes et tracasseries administratives viendront-elles à bout de nos producteurs de noisettes? C'est bien ce qui pourrait arriver.
Ils sont environ 350 producteurs en France pour une production de 12.000 t, c'est-à-dire 1 % de la production mondiale et 25 % de notre consommation. C'est la Turquie qui domine le marché avec 75 % de la production mondiale, Italie et USA sont les autres principaux producteurs.
Tout porte à croire qu'il y a là une filière à soutenir. Mais que nenni, c'est sans compter sur nos énarques et bureaucrates qui nous enfilent les normes et réglementations comme des perles. En France il faut que cela soit plus beau que tout le monde alors on renchérit sur les normes européennes afin de pouvoir fanfaronner écologiquement parlant. C'est bien là le drame. Les autres producteurs européens se contentent de respecter les normes européennes et donc produisent des noisettes à qui mieux-mieux.
Thierry Descaseaux, président d'Unicoque, leader français de la production de noisettes, ne demande pas la lune mais seulement qu'on en revienne aux seules règles et normes européennes. On ne peut pas lutter contre la Turquie ou les USA mais on pourrait, chez nous faire jeu égal avec l'Italie par exemple.
Deux ravageurs menacent nos noisettes, la punaise diabolique et le balanin de la noisette. Sans produits phytosanitaires à base de néonicotinoïdes les pertes sont à minima de 20 % et les coûts de production ont augmenté de 68 %. La punaise pouvant entraîner 30 % de pertes et 80 % pour le balanin de la noisette. A ce jour les dégâts par piqûres de punaise sont en augmentation de 264 %.
Le président de l’Association nationale des producteurs de noisettes, Jean-Charles Cazalé, interpelle les pouvoirs publics , je cite :
"Depuis des années, nous vous alertons sur la situation intenable de notre filière vis-à-vis de la distorsion de concurrence intra et extra-européenne, en particulier liée au fait que partout dans le monde, partout en Europe, les productions de noisettes sont protégées contre leurs ravageurs majeurs, la punaise diabolique et le ver de la noisette, notamment grâce à l’utilisation de l’acétamipride. […] Nous vous alertons sans relâche sur ce problème majeur de distorsion de concurrence qui va mener la production française de noisettes à sa perte. Vous êtes restés sans réponse, sans action".
Distorsion de concurrence.
On interdit ici, on autorise là-bas et on importe. La Turquie qui inonde le marché français utilise plus de 20 produits interdits en France comme , l'indoxacarbe interdit en Europe en 2021, l’alpha-cyperméthrine interdite en 2021, la zéta-cyperméthrine interdite en 2021, la béta-cyfluthrine interdite en 2022 ainsi que le mélathion interdit depuis 2008. Noisette sur le gâteau, la Turquie utilise aussi l'acétamipride. Et pourtant l'Europe et donc la France sont envahies de noisette turques.
Les USA sont dans la même trempe que les turcs. Il utilisent jusqu'à 38 substances actives dont 14 sont interdites en Europe et dont 8 sont considérées comme des perturbateurs endocriniens. On retrouve aussi des noisettes américaines dans nos rayons.
Pour finir rappelons que l'acétamipride est interdite depuis 2018 grâce à Ségolène Royale et, il faut le dire, une grande partie de la classe politique. Il fallait sauver les abeilles, sauf que le spinosad utilisé par l'agriculture bio a une toxicité supérieure à l'acétamipride.
De qui se moque-t'on ?
Source : Agriculture-environnement
Je veux des cerises françaises
il y a encore peu de temps on pouvait importer en France des cerises européennes ou étrangères traitées avec des produits phytosanitaires interdits en France. Heureusement c'est maintenant interdit.
Non pas que la France soit revenue sur son interdiction de 2016 sur le diméthoate ou que l'Union Européenne qui l'a aussi interdit depuis le 26 juin 2019 mais parce que maintenant on ne peut plus en importer sur le territoire européen.
Cette mesure avait fait beaucoup de mécontents chez nos agriculteurs car provoquant une concurrence déloyale. L'usage de cette molécule était nécessaire pour combattre la mouche asiatique appelée drosophila suzukii. L'absence de traitement a provoqué une baisse des rendements et une augmentation significative des coûts de production, ce qui était intenable pour nos agriculteurs.
Pendant trois ans la concurrence a été féroce à l'intérieur de l'Europe, la France étant inondée de cerises notamment italiennes. Le règlement du 26 mai 2020 est entré en vigueur le 16 décembre 2024. L'année prochaine nous pourrons manger des cerises françaises à prix comparables à la concurrence étrangère.
Pourquoi ce changement ?
Ce règlement ramène à zéro les limites maximales des résidus de diméthoate sur l'ensemble des fruits et fait suite à l'avis de l'Autorité européenne de sécurité des aliments qui n'a pu exclure un risque pour les consommateurs, je cite :" le potentiel génotoxique du diméthoate n’a pas pu être écarté, tandis que son principal métabolite (une molécule issue de sa dégradation), l’ométhoate a été classé comme agent mutagène in vivo".
Le diméthoate est un insecticide et acaricide qui inhibe une enzyme du système nerveux des insectes, mais aussi de l'être humain.
Source : Que Choisir
Les agriculteurs n'en peuvent plus des normes
Ils sont en colère et on les comprend. Ca fait des années que les différents gouvernements passent de nouvelles réglementations que des hordes de technocrates s'empressent d'appliquer sans avoir vu un champ ou un élevage de leur vie. C'est devenu intenable. On demande aux paysans de nourrir les français mais on leur met des boulets aux pieds. Comment voulez-vous qu'il y arrivent. C'est la détresse dans nos campagnes et certains décident de se suicider tellement le métier est devenu infernal.
Le nouveau-ex-futur gouvernement, par le biais d'Annie Genevard, la ministre tutélaire mais déjà démissionnaire, annonce des mesures de simplification. Ce n'est pas idiot mais s'il faut attendre un an voire plus pour les mettre en œuvre ça ne va pas calmer les agriculteurs ni arranger rapidement leurs conditions de travail et de vie.
Elle fait le bon constat mais notre technocratie traîne les pieds tout en se cachant derrière les règlements. Quand un ministre dit " Il faut supprimer cette norme", inutile d'attendre un an que les textes réglementaires apparaissent. Le bon sens veut qu'on les mette en œuvre immédiatement mais c'est là que le bas blesse. Je parle en connaissance de cause, faire vite dans l'administration on ne sait pas faire, non pas au niveau des exécutants mais à celui des chefs et des chefs il y en a énormément, beaucoup trop.
Mais ne jetons pas le bébé avec l'eau du bain. La ministre a créé par décret un conseil d'orientation pour la protection des cultures. Présidé par la ministre, ce conseil réunit les agriculteurs, les instituts de recherche, les fabricants de produits phytosanitaires. Il a pour objectif de favoriser de manière rapide par l'Anses, l'instruction des demandes d'autorisation des intrans, en fonction des besoins des filières.
Il faut, pour avancer bien et vite que toutes les parties prenantes se mettent ensemble pour travailler. Priorité est mise sur les usages orphelins ou mal pourvus a déclaré la ministre. Pour autant, la ministre ne remet pas en cause l'indépendance de l'Anses. Si l'orientation vers moins de phytosanitaires est une évidence pour tous, politiques et professionnels, les filières en crise ont besoin que l'Anses priorise ses travaux et répondent aux besoins exprimés.
Parmi ses priorités, l'Anses doit faciliter la reconnaissance mutuelle des produits déjà autorisés au niveau européen. Certains syndicats lui reprochant d'être en avance de phase et ainsi de pénaliser les agriculteurs français face aux autres pays européens.
L'Office français de la biodiversité (OFB) est un autre point d'achoppement entre les agriculteurs et l'Etat,. La ministre demande au directeur général de l'office, je cite :
" assurer de manière immédiate la discrétion des armes en cas de contrôle, en recourant à des dispositifs qui permettent de la dissimuler. C’est un irritant majeur pour les agriculteurs".
L'usage de caméra piéton à cet effet aura un effet apaisant comme cela peut se voir avec les pompiers ou les policiers.
De même il est demandé aux préfets d'optimiser l'instruction des projets d'élevage afin de raccourcir les délais et aussi mettre en place des contrôles pédagogiques pour les récents installés.
Un rendez-vous de simplification a été pris pour avant Noël. Rendez vous réguliers pour venir à bout des blocages et des freins à la production.
Source : L'Indépendant
Tartiflette Label Rouge et reblochon AOP
Afin de finir sur un ton plus léger je vais vous parler d'une recette emblématique de notre terroir culinaire et de saison, la tartiflette.
Elle dispose d'un Label Rouge décerné par le ministère de l'agriculture sur préconisation de l'INAO. Ceci afin d'aider les consommateurs à faire les bons choix. Ceci posé, la meilleure manière de faire une bonne tartiflette dans les règles de l'art c'est de la faire soi même. Pommes de terre, lardons, oignons, crème fraîche et reblochon AOP qui rentre lui pour un minimum de 20 % dans les recettes du commerce.
Pour 4 personnes :
1 kg de pommes de terre bintje , roseval
200 g de lardons
200 g d'oignons
100 g de crème fraîche
1 reblochon AOP
Sel et poivre
http://www.cuisine-lucullus.com/les-recettes/item/tartiflette
Bon appétit
Sur ces quelques mots je vous dis à bientôt
Gastronomiquement Votre, Lucullus
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