Les Chroniques de Lucullus n°654

Écrit par Lucullus. Publié dans Les chroniques.

Amis gourmands bonjour,
Le lin une culture d'avenir
La culture de lin fibre en France, est faite essentiellement en Normandie (60 %) et en Hauts-de-France (36 %). La France est le premier producteur de lin au monde. L'Europe est championne également avec 180.000 ha cultivés dont 85 % en France, soit environ 157.000 ha.
La demande est forte et cela fait monter les prix. La fibre Européan Flax produite dans les teillages (usine où sont séparées les fibres du bois et de l'écorce) s'élevait à 90,8 €/kg en mars dernier soit une hausse de 55 % sur un an.
Avoir des fibres c'est bien mais les travailler c'est encore mieux et sur ce point la France a du retard.

Deux filatures ont été inaugurées ces dernières années, Safilin dans le Nord et French filature dans l'Eure. Une 3eme va voir le jour en 2025 en Bretagne et plus précisément dans le Finistère. Baptisée Linfini elle occupera une ancienne friche industrielle. Xavier Denis le cofondateur explique que son approvisionnement sera à 80 % breton. L'usine pourra aussi traiter le chanvre. Afin de pourvoir à ses besoins, un teillage, Teillage de Bretagne, ouvrira aussi en 2025. A l'horizon 2029 Linfini pense pouvoir traiter 1400 tonnes de lin par an, soit la production de 800 ha de culture.

Linfini utilisera la technique de filature "au sec" afin de fournir les marchés de l’ameublement, du linge de maison et de l’emballage durable. Mais ce n'est pas tout, le R&D sera en charge d'innover pour mixer le lin avec d'autres substances végétales comme les algues, l'artichaut ou le chanvre.

Malheureusement les 3 usines de filage françaises ne seront en capacité de traiter que3 % du lin cultivé en France. Le reste étant traité en Chine ou en Inde.

Sources : Perspectives Agricoles / Terre-net

Feuilles de route de la décarbonation dans la filière grandes cultures
La filière des grandes cultures est prête à rendre sa copie. Intercéréales et Terre Univia, deux interprofessions, ont rendu publics les objectifs de décarbonation pour leurs secteurs respectifs. Huiles et protéines végétales pour Terre Univia et la gestion des piliers de la production céréalière, production, stockage et exportation, mais aussi les premières et secondes transformations des grains pour Intercéréales.

La feuille de route prévoit une réduction de 20 % des émissions de gaz à effet de serre de l’amont agricole d’ici 2030, et de 24 % pour les industries de première et deuxième transformation. Cette feuille de route répond aux objectifs de la loi Energie-Climat de 2019. Cette loi impose aux secteurs fortement émetteurs de gaz à effet de serre (GES) de mettre en place un programme pour atteindre les objectifs de la stratégie nationale bas carbone (SNBC)

La feuille de route s'établit autour de trois points comme l'indique Christophe Büren, référent chez Intercéréales.
- Décarboner les étapes de production et de transformation
- Contribuer activement à la captation de carbone et à son stockage dans les sols
- Produire de la biomasse qui servira à la décarbonation d’autres secteurs économiques

Le chantier est vaste tant du côté de la production que de l'aval. En amont, pour les grandes cultures, la principale source de nuisance est elle du N2O ou Protoxyde d'Azote, issu des engrais de fertilisation et produisant 85 % des émissions directes. En aval, l'effort est mis sur le report modal (transport), les emballages et le sourcing de matières premières bas carbone.

Tout cela a forcément un coût. Selon Benjamin Lammer, président de Terres Univia, " Ces leviers demandent un partage des risques entre les agriculteurs, les acteurs économiques, les consommateurs et l’État. Le prérequis est de garantir la souveraineté alimentaire, énergétique et protéique". Sur le coût les deux interprofessions sont évasives : "Il y aura de l'argent à mettre sur la table" selon Christophe Büren. J'ajouterai que de toutes les manières c'est toujours la partie finale qui paie, c'est-à-dire le consommateur.

Source : Perspectives Agricoles Justine Gravé (UpTerra)

Production de tomates en Italie
Pourquoi parler de l'Italie ? Tout simplement parce que ce pays est le premier producteur de tomates en Europe.

Production mondiale de tomates par an :
1° Chine :67.636.724,84 tonnes
2°Inde :21.181.000 tonnes
3° Turquie :13.095.258 tonnes
4° USA :10.475.265 tonnes
5 Italie : 6.644.790 tonnes
6° Espagne : 4.754.380 tonnes
33° France : 733.010 tonnes

Cette année, les conditions climatiques ont rendu la campagne de production longue et difficile et largement inférieure aux prévisions, s'établissant à 5,3 millions de tonnes selon L'Anicav, (Association Nationale des Industriels des Conserves Alimentaires Végétales). Elle plaide pour une meilleure gestion de la ressource hydrique et alerte sur la progression de la Chine susceptible de fausser le marché.

La disparité entre le nord et le sud du pays se fait ressentir. La campagne est en baisse de 2,5 % sur l'ensemble du territoire mais de 11 % sur le Nord et cela malgré un investissement conséquent à l'hectare. Sécheresse au Sud et précipitations au Nord.
- Centre-Sud : 2,87 millions de tonnes de tomates transformées (+10 % en 2023) ;
- Nord : 2,4 millions de tonnes (-14 % en 2023).

En conséquence cela a provoqué des arrêts de la transformation et ainsi prolongé la saison jusqu'en novembre mais a aussi nécessité plus de matière première pour garantir la qualité du produit fini. Evidemment cela se ressent sur les coûts de production.

Les changements climatiques induisent nécessairement une modification du système agricole au risque de rendre les zones de production ingérables. Pour cela il est envisagé la création de barrage notamment à Vetto dans le Nord mais aussi de liaisons (entre les barrages d'Occhito et de Liscione, dans le Centre-Sud)

Les prix des tomates à transformation restent très élevés et demandent un rééquilibrage selon Marco Serafini. Le tout nécessite, je cite : "un grain de productivité que permettrait, selon lui, la recherche variétale, l'évolution des techniques de production et une réflexion sur l'organisation et la taille des entreprises agricoles. Le tout en préservant la qualité et le respect des travailleurs".

La question chinoise
La filière italienne s'inquiète de la progression de la Chine. C'est une évidence, la Chine cherche à déstabiliser les marchés européens et mondiaux en sa faveur. Elle ne respecte aucun des seuils minimaux de durabilité environnementale et sociale européens. Pour autant l'UE accepte toujours des produits, et je ne parle pas que des tomates, produits d'une manière qui est interdite à nos agriculteurs.

Source : Réussir/Fruits-Légumes / Julia Commandeur

Mettre ses vaches au pâturage
Mettre ses vaches au pâturage n'est pas forcément une mince affaire. Pourtant c'est ce qu'a fait Denis Coquelet, éleveur dans le Nord, près de Lille, du moins en partie.

Il cultivait son maïs et son soja mais aussi du blé pour nourrir ses bêtes. Denis Coquelet voulait évoluer mais le 100 % herbage ne lui convenait pas en termes de production laitière. Les animaux avaient besoin d'une alimentation plus complète. Alors le choix s'est imposé pour un mixte et l'agriculteur a réimplanté de l'herbe autour de sa ferme. Les voisins s'étonnaient. Pourquoi mettre de l'herbe alors qu'il aurait pu planter des pommes de terre. Il a perdu de ce fait quelques hectares de blé mais il ne le regrette pas. Les chiffres parlent d'eux mêmes.

100 vaches laitières et 8 700 l de lait par vache
TB : 41 et TP : 33
66 ha de culture dont 20 accessibles pour le pâturage
- 21 ha de maïs
- 30 ha d’herbe
- 7 ha de blé
- 5 ha de betteraves sucrières
- 3 ha de betteraves fourragères
Marge brute lait : 4 000 €/ha de surface fourragère

Tout ne s'est pas fait un beau matin par un claquement de doigts. Non, c'est une longue réflexion. Entré dans un projet omega3, il s'aperçoit que le gain ainsi réalisé partait dans la couverture en aliment du cheptel. Ca tournait en boucle et ne menait à rien de concluant. C'est là qu'il pensa donner de l’enrubannage d'herbe produite par lui même. Aujourd'hui,
80 % de la ration est pâturée au pic de pousse de l’herbe sur 20 ha. Les vaches peuvent sortir nuit et jour.

La ration hivernale :
32 kg de maïs ensilage
5,5 kg d’enrubannage d’herbe
2 kg d’enrubannage de dactyle luzerne
1 kg de tourteau de lin
3,7 kg de correcteur base colza (48 %)
12 kg de betterave fourragère (à défaut, pulpe surpressée)

Mais pour arriver à ces résultats il a fallu penser de manière pragmatique pour assurer un assolement optimal. Les 7 ha de son pâturage sont constitués de 24 parcelles de taille égale ce qui fait un are (100 m²) par vache, avec un temps de retour de 3 semaines. Cette mixité lui assure 4 000 € de marge brute par ha de culture fourragère. Ce qui est une très belle performance. De plus, l'herbage c'est moins de matériel, moins de temps. "La vache fauche, enrubanne et fertilise toute seule" explique-t'il. Il est passé de 2 200 kg de concentré par vache pour une production de 10 000 l de lait par an à la moitié. C'est une économie de 100 t par an soit 40.000€ de marge sur 7 ha.

Revenir à une alimentation plus traditionnelle diminue les risques de maladies, moins de boiterie, de mammites et autres risques infectieux ce qui diminue d'autant les frais de vétérinaire et de médicaments.

Source : Web-agri : Alice Peucelle

Sur ces quelques mots je vous dis à bientôt
Gastronomiquement Votre, Lucullus

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