Les Chroniques de Lucullus n°661

Écrit par Lucullus. Publié dans Les chroniques.

Amis gourmands bonjour,

Le savoir-faire des artisans
Moi ça me rassure que des artisans persévèrent dans leurs convictions. C'est le cas de cette ferme située sur le plateau de la Matheysine à Villard-Saint-Christophe, non loin de La Mure près de Grenoble. Elle vient de recevoir la médaille d'or du concours général du salon de l'agriculture pour sa tomme de vache. La notoriété court déjà et les ventes s'envolent avec +15 % de vente. Preuve que le consommateur veut de la qualité et du vrai dans son assiette. Il faut dire que le producteur est déjà connu des amateurs de bons fromages. L'année dernière, à ce même concours, il avait obtenu la médaille d'argent.

Patrice Normand est aux manettes de la production depuis 25 ans et chaque semaine il produit 70 tommes qui vieilliront 2 mois avant d'être vendues. Son frère Denis s'occupe de la production laitière des 43 vaches, de race abondance, montbéliarde et tarine, qui paissent à 1000 mètres d'altitude.

Patrice travaille son lait, à l'ancienne, dans un chaudron en cuivre. Son obsession c'est le caillé. Je le cite :"La qualité est dans le caillé. Je suis même persuadé que les tommes que mon grand-père faisait en alpage étaient encore meilleures que celles que je fais aujourd’hui".

Outre la tomme le GAEC produit d'autres fromages mais, étant déjà en flux tendu, il ne les présente pas au concours.

Source : France 3 régions Clara Delcroix , Yves-Marie Glo et Marie-Charlotte Perrier

De la vanille en Bretagne !
Vous avez bien lu, de la vanille en Bretagne ! Il n'y a donc pas qu'à Tahiti, en Guyane ou sur l'Ile de la Réunion que des français produisent de la vanille. C'est vraiment original. La culture française se diversifie bien au-delà des productions habituelles. En Occitanie la culture des amandes a été relancée par de jeunes agriculteurs. D'autres s'essaient à la bière sans malt et même aux agrumes. Alors ne nous étonnons plus de découvrir sur le stand de Prince de Bretagne des gousses de vanille côtoyant des artichauts.

Voyons donc un peu comment ça se passe.
C'est en 2019 que trois producteurs se sont lancés dans l'aventure, soutenus par la coopérative Les Maraîchers d'Armor. Voulant valoriser leurs serres tout en diversifiant la production, ils se sont dit "et pourquoi pas de la vanille". Après cinq ans de travail, la première production est lancée en 2024. Pierre Guyomar, l'un des trois, explique : "Le vanillier est une plante de sous-bois, qui aime l'humidité, mais pas trop le soleil. Elle s'est donc bien adaptée au climat breton".

La production dans l'hexagone permettra de concurrencer la vanille de Madagascar qui représente 80 % de la production mondiale. Le prix de la vanille de Madagascar grimpe en flèche alors que la qualité baisse. En effet, les gousses sont récoltées, bien souvent, avant la pleine maturation ceci afin de saturer le marché. D'autres pays, comme l'Ouganda ou Papousie-Nouvelle-Guinée sont aussi lancés dans l'aventure.

Le changement climatique affecte les vanilliers de la Réunion et, petit à petit, les producteurs mettent leur vanille sous serre. De fait, nos ingénieux bretons ont pu bénéficier du savoir-faire des Réunionnais. La vanille bretonne est riche en vanilline, brune et très parfumée. La culture est manuelle car la pollinisation se fait à la main. Le seul insecte capable de polliniser le vanillier (l’abeille Melipona) ne vit qu’au Mexique. Il faut compter 18 mois entre la pollinisation et la commercialisation de la gousse. Elle peut être utilisée comme toutes les autres vanilles mais il faut les conserver à l'abri de la lumière et dans une température entre 15 et 20 °C.

Partis d'une page blanche, les trois aventuriers de la vanille bretonne se sont lancés dans l'apprentissage de la culture. Ils ont été aidés en cela par Terre d'Essai, la station d'expérimentation de la coopérative Les Maraîchers d'Armor qui a fait venir par avions des plans in-vitro de vanille Bourbon, la meilleure selon moi. Les plans ont été élevés pendant 6 à 8 mois en pépinière.

En 2021, explique Pierre Guyomar, ils ont créé la surprise en participant au Symposium de la vanille au ministère des Outre-mer à Paris, se tenant en marge du salon de l'Agriculture de Paris. Depuis ils ont échangé avec leurs homologues réunionnais et passé un partenariat entre la coopérative Les Maraîchers d'Armor et la Coopérative ProVanille située à Bras-Panon à la Réunion. Les échanges sont fructueux car chacun apporte son expertise, la culture de la vanille pour les Réunionnais et la culture sous serre pour les Bretons.

Cette production métropolitaine vient à point nommé car la Réunion rencontre beaucoup de difficultés à cause du changement climatique, réduction des rendements, développement des ravageurs, changement de calendriers des cultures, alors même qu'elle vient de recevoir en 2021 son Indication Géographique Protégée (IGP).

Qui achète la vanille bretonne ?
La vanille bretonne est un produit premium et s'adresse plus particulièrement aux professionnels des métiers de bouche. L'échange avec ces professionnels est de première importance pour pouvoir produire l'exact produit désiré. Il a permis d'améliorer la production, plusieurs centaines de kilos par an, afin d'obtenir des gousses plus charnues comme le souhaitaient les restaurateurs et les glaciers.

Après les professionnels peut on espérer en trouver pour les particuliers ?
Pierre Guyomar a expliqué que la vente en très grandes surfaces n'était pas viable face à la vanille de Madagascar. Par contre, je cite : "En revanche, certains professionnels de la GMS ont eu notre vanille bretonne en main et ont conclu qu’elle était beaucoup plus intense en goût que la vanille malgache. On aura peut-être une carte à jouer là-dessus : un arôme intense avec 3 fois moins de gousse, mais la GMS ne figure, pour le moment, pas parmi les ambitions de Prince de Bretagne. Néanmoins les producteurs bretons travaillent déjà à enrichir la gamme avec de la poudre de vanille par exemple".

La coopérative bretonne tisse aussi des liens avec les producteurs de vanille tahitiens. "A Tahiti, ils commencent eux aussi à couvrir leurs vanilliers, nous avons maintenant aussi des échanges techniques avec les producteurs tahitiens".

Source : Réussir Fruits et Légumes , Ouest-France

Recyclage des coquilles d’œufs
Chaque année, 400.000 tonnes de coquilles d’œufs sont produites en France, soit 15 milliards d’œufs. Elles proviennent, pour l'essentiel, des casseries de l'industrie agro-alimentaire. Le chiffre est énorme. Que faire de ces déchets ?

Circul'Egg pense tenir la solution. Yacine Kabeche, Pierre Blanchot et Pierre-Lou Chapot, étudiants à AgroParistech se sont lancés dans l'aventure, ressourcer les coquilles d’œufs et leur trouver des débouchés. La forte pression législative, relative au recyclage des biodéchets industriels, impose aux casseries de trouver une solution de valorisation durable de ces coquilles, expliquent-ils.

Ils se sont installés dans le Grand-Ouest qui produit 80 % des œufs français afin de réduire les coûts logistiques et d'accroître l'efficacité de la chaîne de recyclage. Le modèle est vertueux. Circul'Egg achète les coquilles des producteurs locaux et les valorise. Le modèle est circulaire et crée de nouvelles sources de revenus pour les agro-industries.

Pour bien comprendre la démarche il faut savoir que Circul'Egg recycle non seulement la partie coquille proprement dite, constituée de carbonate de calcium mais aussi la membrane qui la tapisse. Les coquilles d’œufs sont une source abondante de minéraux et de biomolécules d’intérêt.

Novolifetm est une poudre issue de la membrane et utilisée dans le BTP pour ses qualités de renforcement.
Novacaretm est une poudre riche en calcium destinée aux compléments alimentaire en direction des malades de l'osthéoporose.
Cosmeon Protm est une gamme conçue pour enrichir des formules cosmétiques.
Dermeon Protm conçu à partir de la membrane de l’œuf offre une source de collagène et d'acide hyaluronique végétarien.

Voilà quelques exemples mais allez sur le site. Il est très complet et vous donnera tous les usages et toutes les explications techniques. Soutenue par la Fondation AgroParisTech ou encore l’incubateur de l'École polytechnique, Circul'EGG a été récompensée, entre autres, du Prix 100 jours 2020 du mouvement pour les jeunes et les étudiants entrepreneurs Moovjee ainsi que de la Pépite du Pôle Entrepreneuriat et Innovation de l'Université Paris-Saclay 2020.

D’après la Fondation AgroParisTech, le processus de séparation du carbonate de calcium et de la membrane est en phase de pré-industrialisation et des tests microbiologiques ont prouvé l’innocuité des produits finis.

Sources : Circul'Egg, Greenetvert / Stéphanie Haerts, Carenews / Mélissa Perraudeau

Le loup, espèce classée protégée ou strictement protégée ?
Le débat est d'importance. J'en donne ici l'intégralité, reprise sur le site donné en référence (l'Agri).

A vous de vous faire une opinion. Le classement en "protégé" permet selon moi, ou ce que j'en ai compris, une juste position afin de défendre à la fois les loups et de protéger les éleveurs quant aux moyens mis à leur disposition pour faire face à la menace que les loups font peser sur leurs troupeaux.

L'association Weidezone Deutschland a écrit une lettre aux parties contractantes de la convention de Berne relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l'Europe.

Pour information aux :
Le secrétaire général du Conseil de l’Europe, le président de l’Assemblée du Conseil de l’Europe, le secrétaire de la Convention de Berne, ainsi que le Bureau et le Comité permanent, Mme Jessica Roswall, la commissaire européenne à l’environnement, à l’eau et au recyclage, Mme Florika Fink-Hooijer, directeur général de la DG Environnement (Commission européenne) et les fonctionnaires compétents, le médiateur de l’UE.

Madame, Monsieur,
Par cette lettre, nous souhaitons vous encourager vivement à maintenir la décision prise de déclasser le statut de protection du loup (Canis lupus) dans le cadre de la Convention de Berne. La décision de reclasser le loup de "strictement protégé" (Annexe II) à "protégé" (Annexe III) est objectivement justifiée et nécessaire pour garantir une coexistence équilibrée entre l’homme, les animaux domestiques et de pâturage et les populations d’animaux sauvages.
Dans une lettre ouverte publiée récemment, des organisations environnementales ont affirmé que la décision n’avait "aucun fondement scientifique" et qu’elle violait les "principes démocratiques". Ces affirmations ne sont pas fondées et nécessitent une clarification :

1. Base scientifique de la décision
La décision d’abaisser le statut de protection se fonde sur des développements et des connaissances actuels qui prouvent que la population de loups s’est stabilisée en Europe et qu’elle est même en augmentation dans de nombreuses régions. Cette évolution rend nécessaire l’adaptation des mesures de protection à de nouvelles réalités, en particulier là où l’augmentation de la population de loups provoque de plus en plus de conflits avec les exploitations agricoles, les éleveurs privés d’animaux domestiques et de pâturage et les autres utilisateurs des terres. Alors que la lettre ouverte conteste la base scientifique de la décision, elle ne tient pas compte du fait qu’il s’agit d’une réévaluation politiquement légitimée, tenant compte des intérêts les plus divers, et qui ne nécessite pas d’évaluation par les pairs !

2. Préserver la crédibilité de la Convention de Berne
Une convention internationale de protection ne doit pas seulement servir la protection de la nature, mais aussi tenir compte des réalités sociales et économiques. L’affirmation selon laquelle le déclassement serait dû à une "influence politique" méconnaît le fait que les processus démocratiques sont fondamentalement marqués par des considérations politiques – et ce dans le meilleur sens du terme, puisqu’ils mettent en balance des intérêts divergents. Une immunité totale vis-à-vis des décisions politiques remettrait en question la légitimité de la convention, et non l’inverse.

3. Légitimité démocratique de la décision
Le "non-respect des principes démocratiques" évoqué dans la lettre ouverte est une insinuation sans fondement. La décision a été prise conformément aux règles de procédure en vigueur de la Convention de Berne. De plus, non seulement les ONG, mais aussi les agriculteurs concernés, les communautés rurales et les gouvernements nationaux sont impliqués dans les processus de décision démocratiques. Les signataires de la lettre ouverte ne parlent pas au nom du vaste centre démocratique de la société européenne, mais au nom d’un groupe d’intérêt idéologique spécifique qui occulte les préoccupations légitimes des agriculteurs, des chasseurs et des communautés rurales.

4. La nécessité d’une approche flexible de la protection
La protection de la nature ne peut pas être exploitée comme un dogme rigide. Le déclassement du loup permet aux États membres d’adopter des mesures plus souples pour gérer les problèmes régionaux sans mettre en danger l’espèce dans son ensemble. Il ne s’agit pas d’un retour en arrière en matière de protection des espèces, mais d’une adaptation à la réalité et d’une preuve du bon fonctionnement des mécanismes de protection internationaux.
Depuis 2008, la liste rouge de l’UICN mentionne le loup comme "non menacé", ce qui fait apparaître la protection intégrale actuelle comme inappropriée. Cette classification scientifique souligne que l’adaptation du statut de protection est une décision nécessaire et proportionnée.

Au vu de ces arguments, nous vous demandons de ne pas vous laisser influencer par des présentations unilatérales et de maintenir la décision de décembre 2024 d’adapter le statut de protection du loup. Une politique environnementale objective, pragmatique et scientifiquement fondée exige de la nuance et de la pondération – et c’est précisément ce qui a été fait avec la décision prise.

Avec leurs salutations distinguées, les organisations, fédérations et associations signataires ci-après : (à voir sur le site)

Source : L'Agri

Sur ces quelques mots je vous dis à bientôt
Gastronomiquement Votre, Lucullus

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