Oeufs en meurette

Écrit par Lucullus. Publié dans Tout un plat.

OeufMeurette1La Bourgogne est une terre de tradition gastronomique et les œufs en meurette en sont un des symboles.

Tout d'abord qu'est-ce que la meurette ?

Selon le dictionnaire d'Alain Rey, "Origine et histoire des mots" le terme meurette provient de murrette au XVe siècle, puis de meurette attesté en 1582. C'est un terme régional de Bourgogne, Franche-Comté et de Lorraine. Il dérive de l'ancien français "muire" (1249) ou meure signifiant eau salée sortant des sources salines et des puits. Ce mot est lui même issu du latin "muria" qui signifie eau salée, saumure. Cela reflète peut-être une origine liée à la conservation par le sel.

En cuisine on retrouve le terme pour les œufs à la meurette depuis 1614 mais également murrette de poisson en 1582. L'appellation est là aussi régionale en Bourgogne, Poitou, Anjou et Vallée du Rhône. Dans le Berry ou l'esprit est coquin on parle "d’œufs au vin à la couille d’âne".

Revenons aux sources notamment salines. Le sel, depuis la plus haute antiquité, était primordial pour conserver tous les aliments, viandes comme poissons et même légumes. Par la force des choses, en cuisine, on utilisait des sauces réalisées avec du sel, ou même directement on cuisait la préparation dans une saumure comme on peut en trouver des transcriptions dans des écrits médiévaux.

De fait, dans l'appellation œufs meurette ou en meurette, meurette ne désigne pas le vin mais bien le sel. Les œufs étaient soit cuits dans le vin soit dans des jus salés. Mais de nos jours la recette est indissociable du vin qui est un élément phare de la sauce.

D'où vient la renommée des œufs en meurette ?
Elle vient de Guillaume Joseph Rousselle, dit Cadet Roussel, né le 30 avril 1743 à Orgelet dans le Jura et mort le 26 janvier 1807 à Auxerre. Vous le connaissez tous, c'est le fameux Cadet Roussel de la chanson un peu sarcastique, le taquinant sur son excentricité. Il était huissier de la ville d'Auxerre.

L'histoire raconte que c'est en 1793, lors d'une invitation, chez son ami Bruat, ébéniste à Auxerre, qu'il s'enticha des œufs en meurette réalisés à la perfection par l'épouse de son ami. Il s'en fit l'écho qui se répandit par le bouche à oreille. A défaut d’être révolutionnaire, la recette relevait de l’ordinaire du peuple.

Au fil des ans la recette s'est complétée. A la simple matelote sont venus s'ajouter, les oignons grelots, les lardons et les croûtons aillés.

Il existe même un championnat du monde de la spécialité, organisé par le Château de Clos Vougeot qui, répertorie plus de 300 belles tables adeptes de ce mets délicat. Le Chef Jérémie Muller a été sacré champion 2024 Cet Alsacien trOeufMeurette2availle au restaurant Héléna au Québec. La prochaine édition aura lieu du 11 au 12 octobre 2025..

Si la recette évolue il y a toutefois deux points incontournables afin qu'elle soit une réussite, la maîtrise du pochage et la témpérature à laquelle les œufs sont servis .

Ensuite pour l'épicurien vient le moment de la dégustation. Il y a là encore deux écoles. Soit on brise l'oeuf qui s'écoule dans la sauce, soit on glisse délicatement l'oeuf entier dans la bouche avec un peu de sauce. L'explosion de saveur qu'il produit au moment ou l'on l'éclate avec la langue est juste incroyable, un déluge de saveurs multiples. Citoyen rabelaisien ! L’esprit meurette, ça se mérite !

Pour finir :
Il y a deux variantes de cuisson de l'oeuf. Soit poché dans l'eau bouillante vinaigrée et servi avec la sauce meurette, soit poché dans la sauce meurette ce qui a donné les œufs Zinoff comme le rapporte Fulbert Dumonteil en 1901.

ll y a de nombreuses versions de cuisson. Ils sont parfois cuisinés avec une sauce au vin blanc, ou au crémant. La recette morvandelle incorpore également un fond de veau et du persil. J'ai eu le plaisir de déguster ces oeufs meurette au crémant au restaurant Le Bourgogne à Chalons-sur-Saône. Ce fut une découverte fort plaisante.

Paul Bocuse en a donné une recette simplifiée qu'il appelle "œufs pochés à la beaujolaise".
Commentaire (0) Clics: 21

Crêpes Suzette

Écrit par Lucullus. Publié dans Tout un plat.

Crepessuzette1Voilà un dessert qui met en valeur la gastronomie française par une simplicité apparente.
Quoi de plus trivial qu'une crêpe flambée à l'orange !

Quoi de plus simple qu'une crêpe ? Non !

Il existe beaucoup de recettes de crêpes :
Par exemple ma propre recette, la recette hyper riche de Raymond Oliver, Chef 3 étoiles des années 1950, ou les recettes très élaborées d'Auguste Escoffier.

Personnellement je mélange :
250 g de farine, 3 œufs, une cuillère soupe de sucre, une cuillère à soupe d'huile, une cuillère à café de sel et 50 cl de lait. Après repos je délaye avec de l'eau pour avoir la consistance désirée.

Raymond Oliver mettait énormément d'ingrédients :
400 g de farine, 2 cs d'huile, 25 cl de lait dans lequel il faisait fondre 4 cs de sucre, 100 g de beurre et 4 pincées de sel. Il ajoutait ensuite du pastis et du rhum (1/3 et 2/3 pour 25 cl de liquide) et beaucoup de bière pour fluidifier la pâte.

Auguste Escoffier présente 4 recettes de pâtes assez élaborées dont celle pour les crêpes Suzette :
500 g de farine, 200 g de sucre en poudre et une prise de sel fin, 12 œufs, 1,5 L de lait, 3 cuillerées de liqueur de curaçao et du suc de mandarine.
L'aprêt : les crêpes chaudes sont tartinées de beurre sucré parfumé au Curaçao et au suc de mandarine.

Historique et légendes
L'historique de la création semble assez floue car plusieurs établissements ou chefs revendiquent la création des crêpes Suzette mais vous ne pourrez l'ôter du génie d'Auguste Escoffier.

Auguste Escoffier :
Le grand chef officiait alors à l'hôtel Savoy de Londres en 1890. Il avait auparavant été chef de cuisine au Grand Hôtel de César Ritz où il avait mis en vedette la liqueur de Grand Marnier. La légende dit qu'Auguste Escoffier aurait préparé cette recette pour le prince de Galles, futur roi d'Angleterre Edouard VII. Ce dernier aurait suggéré de donner au dessert le prénom de Suzanne Reichenberg, l'actrice de la Comédie-Française qui l’accompagnait. On retrouve la recette dans le Guide Culinaire d'Escoffier dès 1903.

Restaurants Paillard et Maire :
Le restaurant Paillard, propriété de Louis Auguste Paillard, situé rue de la Chaussée d'Antin sert dès 1891 des crêpes dites Suzette. Le restaurant Marie, également propriété de Paillard en propose dès 1893. Un encart dans l'édition parisienne du New-York Herald les mentionne comme création maison.

En 1929 Léon Daudet y fait allusion, spécifiant que les crêpes étaient à la confiture à laquelle était incorporée une eau-de-vie.

Henri Charpentier :
Il était apprenti au Café de Paris à Monte-Carlo sous les ordres d'Auguste Escoffier aurait, par accident, flambé les crêpes destinées au Prince de Galles, futur Edouard VII et fils de la reine Victoria. Il est devenu, par la suite, chef aux USA. C'est sa recette telle qu'il la décrit dans son autobiographie. Elle contient un flambage qui n'apparaît pas dans la recette d'Auguste Escoffier.
Cette version paraît peu plausible. Charpentier est né en 1880, il n'aurait eu que 10 ans à l'apparition de la recette. Néanmoins il a très bien pu innover en flambant la crêpe au lieu de simplement l'aromatiser.

Crepessuzette2M. Jospeh :
Ce chef pâtissier au restaurant le Marivaux à Paris en 1897 fournissait régulièrement des crêpes à la Comédie-Française dans laquelle travaillait la comédienne Suzanne Reichenberg. Il aurait été inspiré par l'actrice et aurait inventé la recette.

Epoque moderne 
Au fil des ans la recette a évolué. Il faut se souvenir de la recette d'origine. Un plat a un nom et une formulation qu'il faut respecter, mais les recettes sont faites pour évoluer au grès de l'imagination, de l'inspiration des chefs.

Aujourd'hui elles sont flambées au Grand Marnier devant le client. Alors pourquoi pas, c'est très bon et c'est assez festif comme effet.

Commentaire (0) Clics: 30

Choucroute

Écrit par Lucullus. Publié dans Tout un plat.

ChoucrouteQue vous l'appelliez choucroute en français, Sauerkraut en allemand ou encore sürkrut en alsacien, à la base, il y a du chou.

La légende raconte que, 3000 ans avant Jésus Christ, les constructeurs de la muraille de Chine avaient le chou comme nourriture. Rien de légendaire dans tout cela mais c'est à ce moment qu'arrive l'extraordinaire. Il semblerait que les ouvriers quittèrent brusquement le chantier, peut être à cause d'une attaque extérieure, et laissèrent sur place leur provision de chou. Revenant plusieurs mois plus tard, ils trouvèrent du chou fermenté sous la neige. Ils avaient alors découvert le chou aigre !

Attila, roi des Huns, assiègeant la muraille de Chine, aurait découvert la technique du chou fermenté et l'aurait rapporté dans ses bagages. A la suite de cela, il partit à la conquête de l'Europe et en guise de consolation aurait laissé la recette aux Alsaciens après les avoir ravagés. La boucle est bouclée !

C'est beau comme une légende non ? Oui mais c'est faux !

Le chou, de la famille de Brassicacées, est endémique en Europe et plus particulièrement dans le sud-ouest de l'Europe. Le chou sauvage ou « chou des falaises » (Brassica oleracea) est l'ancêtre de tous nos choux. Il n'existe quasiment plus à l'état sauvage si ce n'est dans certaines dunes, bandes de galets et falaises du littoral atlantique en France, en Espagne ou au sud du Royaume-Uni.

Le chou est cultivé depuis le néolithique, ce qui en fait un des plus anciens légumes cultivés. Les Grecs et les Romains le consommaient et lui attribuaient des vertus curatives contre l'ivresse, il améliorerait la cicatrisation ou allongerait l'espèrance de vie.

On note ainsi qu’en l’an 451, la culture du chou s’implante réellement dans notre région alsacienne. Charlemagne recommandait sa culture et sa consommation dans le capitulaire "Capitulare de villis vel curtis imperii",(fin VIIIe début du IXe siècle). Pendant tout le Moyen-âge la chou a été une des bases de l'alimentation de la population y compris chez les bourgeois comme en atteste le "Mesnagier de Paris" au XIVe siècle.

La forme de chou saumuré ou choucroute, serait apparue en Chine et aurait été utilisée par des navigateurs européens pour lutter contre le scorbut. Ce n'est qu'au XXe siècle qu'on put déterminer la riche teneur en vitamine C du chou mais aussi en calcium, iode, vitamine A, B1, B2, K et U.

La conservation par le sel, la saumure, est connue depuis l'antiquité. Elle a permis et permet encore de conserver d'autres légumes comme le navet, le chou rouge ou encore les haricots. Ce n'est qu'au XVe siècle que des écrits attestent de la consommation de chou saumuré, dans les monastères. Les choux étaient débités en fines lanières.

Pour la France, c'est en Alsace que s'est développée la pratique du chou aigre. Toutes les familles ayant un lopin de terre en cultivaient. Sur un 100m² on pouvait récolter 200 à 300 kg de chou et la même quantié de feuilles permettant de nourrir les cochons.

Le Chou, récolté et paré, était transformé en fines lanières avant d'être mis dans des jarres en terre ou en bois. Il était condimenté avec des baies de genièvre et du gros sel. Les jarres étaient alors fermées hermétiquement, tout d'abord avec un linge, pour assurer l'étanchéité, puis avec une couvercle en bois sur lequel on posait une pierre en guise de presse. L'action de fermentation pouvait alors commencer. Le sel faisait dégorger le chou et formait une saumure. La fermentation durait environ 8 semaines.

L'usage du chou fermenté en Alsace s'est développé au XVIIe siècle et généralisé au XVIIIe. Il était alors acompagné de poisson d'eau douce. Cette pratique viendrait des bateliers qui agrémentaient leur chou avec les poissons des rivières où ils naviguaient. C'est à l'occasion de la guerre de 1870 que la choucroute fut exportée dans le reste de la France par l'exode de nombreuses familles d'alsaciens. Ils apportaient aussi avec eux leurs charcuteries et leurs bières. Les plus malins ont créé les fameuses Brasseries Alsaciennes que l'on connaît encore de nos jours.

La choucroute :

LeChoucroute1 terme français de chouroute nous vient de l'alsacien sürkrüt. Sür signifiant aigre, et Krüt chou. Par extension le terme süeri signifie fermenté, mot que l'on retrouve dans Süeri Bohne ou haricot fermenté. L'Allemand Sauerkraut reprend la même composition.

Krautergersheim, dont les habitants furent surnommés Krüterkopf, "têtes de chou", se revendique capitale de la choucroute. La cité se situe non loin d'Obernai. Depuis 1984, la ville organise la fête de la choucroute le dernier wek-end de septembre. C'est deux jours d'animations festives et de dégustations. L'écomusée d'Alsace, créé en 1984, explique aux visiteurs la fabrication de la choucroute d'Alsace et, depuis 1991, il existe une route de la choucroute permettant de découvrir les richesses du terroir alsacien.

Toutefois le "pays des choux" s'étend sur le triangle Krautergersheim–Meistratzheim–Innenheim, et le déborde quelque peu vers le bassin de l'Ehn. Il s'étend sur environ 650 hectares.

Le chou communément employé pour la choucroute était autrefois le chou cabus (ou gros chou Quintal d'Alsace), parfois appelé Quintal de Strasbourg. Des espèces plus précoces, comme Almanach et Pontiac, répondent mieux aux nécessités de la récolte et de la commercialisation.

Indication géographique protégée "Choucroute d’Alsace"
La choucroute bénéficie d'une IGP depuis le 18 octobre 2012, validant ainsi le cahier des charges produit par l'INAO. Le lablel AOP est en cours d'instruction. Depuis lors, toute commercialisation de choucroute doit respecter le cahier des charges portant sur des critères physiques pour le chou, sur des considérations géographiques mais aussi sur un savoir faire ancestral et une fermentation naturelle.
Commentaire (0) Clics: 31

Tarte des soeurs Tatin

Écrit par Lucullus. Publié dans Tout un plat.

SoeursTatinC'est en Sologne, à Lamotte-Beuvron, que naît ce plat emblématique de la pâtisserie, fleuron du patrimoine gastronomique français.

Les deux sœurs Tatin, Stéphanie (1838-1917) et Caroline (1847-1911), dirigeaient un hôtel-restaurant renommé. Elles sont au coeur de la légende.

Cette légende raconte que Stéphanie, voulant répondre à une demande d'un client, avait oublié de mettre les pommes sur un fond de tarte. Les pommes commençant à caraméliser, elle aurait trouvé comme astuce de les recouvrir d'une pâte brisée avant de l'enfourner. Il lui a suffi de retourner la préparation sur un plat de service pour obtenir la fameuse tarte.

Toutefois, des recherches ont démontré que la tarte renversée était déjà connue. La tourte retournée est mentionnée en 1790. La revue générale des contes, légendes, cite l'expression :

"Lorsqu'il arrive que, de deux sœurs, la cadette se marie avant son aînée, on fait manger à celle-ci de la tarte retournée sens dessus dessous, d'où l'expression suivante : A' li ont fait manger de le tarte àrtournée”.

Un autre écrit, celui de l'institutrice Marie Souchonn indique qu'elle tenait la recette de la cuisinière anonyme du comte Alfred Leblanc de Chatauvillard.

Le 18 décembre 1899, le quotidien parisien "Le Journal" racontait ainsi en première page l'arrivée de la fameuse tarte en fin de repas
"Le diapason monte, éclate, emplit la salle claire, jusqu'au moment où, au milieu de la joie générale et à l'émoi des estomacs satisfaits, mais non rassasiés, apparaît, au bout des doigts de la servante, la tarte de Mlle Tatin. Le bourgogne a circulé ; les cervelles sont légères et les âmes communicatives. Un cri de satisfaction part de toutes les poitrines, une joie des yeux va au-devant de la galette triomphale. Elle est découpée, servie, avalée."

La recette écrite par Marie Souchon fut publiée, semble-t-il, pour la première fois en 1921 par le poète solognot Paul Besnard dans une revue locale "Blois et le Loir-et-Cher" avec pour exigence de se servir d'un plat en cuivre.

La recette figure dans La France gastronomique - L’Orléanais (1926) de Curnonsky et Marcel Rouff.
La recette est diffusée dans Paris-Soir du 25 août 1929.

Légendes :

TarteTatinLe chef Louis Vaudable, propriétaire du restaurant Maxim's à Paris, aurait découvert le secret de la tarte des demoiselles Tatin lors d'un dîner de chasse à leur hôtel. En fait, c'est assez peu plausible. Les sœurs Tatin sont décédées en 1911 pour l'une et 1917 pour l'autre et Louis Vaudable, né en 1902, n'aurait eu que 15 ans.

Une autre légende veut que le célèbre gastronome Maurice Edmond Sailland dit Curnonsky ait lancé la mode en 1926 et ait inventé la légende de la maladresse d'une des sœurs. Aucun texte de Curnonsky n’y fait allusion.

Pour autant, ce sont les sœurs Tatin qui l'ont popularisée. Aujourd'hui on leur doit la renomée internationale de ce dessert.
Alors légende ou tradition ? Peu importe pourvu que la part soit généreuse.

La Confrérie des Lichonneux de la Tarte Tatin veille, depuis 1978, au respect de la tradition afin d'en préserver l'authenticité. Il publie à cet effet une recette "officielle".­

De nos jours la tarte des sœurs Tatin fait l'objet de différents concours :
• le concours de la meilleure tarte Tatin du Loir-et-Cher, organisé à Lamotte-Beuvron ;
• le trophée Marcel Fraudet du concours amateur de la Tarte Tatin, à Beaupuy, organisé par Philippe Gardette, président de l'Ordre culinaire international ;
• le concours culinaire de la meilleure tarte Tatin, organisé à Bourdeau dans le cadre du marché des Plaisirs d'automne ;
• le concours de Tarte Tatin d’exception du Centre-Val de Loire, organisé par l'université ouverte des sciences gastronomiques et l’UMIH 37, à la Villa Rabelais à Tours, en partenariat avec la Chambre des métiers et de l’artisanat du Centre Val de Loire, l’association Touraine gourmande, et le Réseau des Lycées hôteliers et CFA de l’Académie d'Orléans-Tours.
Commentaire (0) Clics: 40

Bouchée à la Reine et Vol-au-vent

Écrit par Lucullus. Publié dans Tout un plat.

Vol-au-vent ou Bouchée à la Reine
Il ne faut pas confondre les deux, même si de nos jours il existe une confusion de genre. Ce ne sont pas les mêmes préparations. Elles n'ont pas la même histoire et ne datent pas de la même époque.
La plus ancienne : la Bouchée à la Reine.
Lucullus BoucheeHistorique :
L'histoire rapporte que cette charcuterie pâtissière a été inventé par Nicolas Stohrer (1706-1789) également inventeur du baba au rhum. C'est Marie Leszczynska (1703-1768), fille de Stanislas Leszczynska, roi déchu de Pologne et dernier duc de Lorraine qui en est à l'origine. Afin de regagner les faveur de Louis XV, son mari, elle demanda à Nicolas Stohrer de créer une version salée et aphrodisiaque du Puits d'amour, une pâtisserie crée par Vincent La Chapelle (1690-1745) pour Madame de Pompadour sa rivale.
Définition :
La bouchée à la reine est une charcuterie pâtissière traditionnelle de la gastronomie française, servie chaude et constituée d'une croûte individuelle en pâte feuilleté et d'une garniture.
Composition originelle:
Croûte en pâte feuilleté cannelée de 8 mm d'épaiseur avant cuisson (10 cm après) et 7 cm de diamètre garnie d'une purée de volaille à la crème.

 La plus récente : le Vol-au-vent

VolAuVentC'est au début du XIXe siècle qu'Antonin Carême (1784-1833), surnommé le roi des pâtissiers et le pâtissier des rois, a créé le Vol-au-vent. A cette époque, la pâte feuilletée était la base de nombreuses viennoiseries ou préparations culinaires (Mille-feuille, Puits d'Amour, Pithiviers). Antonin Carême en a synthétisé et perfectionné la technique en créant des garnitures sucrées ou salées.
Définition :
Le Vol-au-vent est une composition pâtissière traditionnelle de la gastronomie française, servie chaude et constituée d'une croûte en pâte feuilleté et d'une garniture.
Composition :
Croûte en pâte feuilleté cannelée de 15-20 cm de diamètre et de 20 mm d'épaisseur avant cuisson. Il existe de très nombreuses formules de garnitures sans que l'on puisse en donner une d'origine précise. Toutefois l'appellation vol-au-vent existait avant la naissance d'Antonin Carême.
Epoque contemporaine :
De nos jour, Vol-au-vent ou Bouchée à la Reine désigne le même produit si ce n'est que les grosses pièces ont plutôt la première appellation et les pièces individuelles la seconde.
Leurs formes sont très variées. Il y en a des rondes et cannelées, c'est la forme traditionelle, mais également de forme carrée, ovale, losange, cannelée ou non.
Il existe de très nombreuses formules de garniture. Dans le guide Culinaire d'Auguste Escoffier on dénombre pas moins de 17 recettes de Bouchées et 3 de Vol-au-vent mais ce qui est bien dans l'art culinaire c'est qu'il n'y pas de limite à l'imagination.
Par exemple, pour les ingrédients principaux, on trouve :
- Brunoise de légumes (bouchée Bouquetière) ;
- Salpicon de blanc de volaille, champignons, truffe, sauce Parisienne (bouchée à la reine) ;
- Salpicon de chair de gibier (bouchée Diane) ;
- Pointes d'asperges et truffes, sauce béchamel (bouchée Grand-Duc) ;
- Petites queues de crevettes et julienne de truffe (bouchée Marie-Rose) ;
- Salpicon de queues d'écrevisse, truffe, sauce Nantua (bouchée Nantua) ;
- Salpicon de chair de homard, truffe, sauce homard ordinaire (bouchée Victoria).
On trouve également des garnitures plus simples et abordables à base de :
- légumes (champignon, asperge, macédoine) ;
- crustacés (coquille Saint-Jacques, crevettes, homard) ;
- poisson (brochet, dorade, bar) ;
- viande (blanc de poulet, foie gras, jambon blanc, lardons, ris de veau, quenelles de veau, cervelle).
Pour la liaison, il faut une sauce, mais elle doit être épaisse pour ne pas détremper la pâte :
- Sauce blanche épaisse additionnée de bouillon, de vin ou de jus de cuisson ;
- Sauce Béchamel lactée ou crémée, parfois liée d'un jaune d'œuf (sauce allemande ou parisienne) ;
- Bisque de homard, de langoustine ou d'écrevisse (sauce Nantua) ;
- Sauce chasseur ou forestière.
Annexe : la pâte feuilletée
C'est en 1311, dans un document d'église de l'évèque Robert d'Amiens, qu'apparaît la plus vieille recette de pâte feuilletée. Toutefois, la première recette utilisant la technique du tourage est l'oeuvre de François Pierre de La Varenne dans "Le cuisinier françois". Néanmoins, on considère que l'invention de la pâte feuilletée serait l'oeuvre du peintre Claude Gellée alors cuisinier à Rome. La recette moderne a été perfectionnée par Antonin Carême.
Commentaire (0) Clics: 254