Les Chroniques de Lucullus n°319
Amis gourmands bonjour,
Je viens de finir un bon bouquin :"Bio fausses promesses et vrai marketing de Gil Rivière-Wekstein préfacé par Jean de Kervasdoué.
Je dois dire que j'étais déjà septique sur la question de la généralisation du bio mais maintenant je suis convaincu que c'est peut être le faux ami de la nutrition. Le bouquin qui ne fait pas le panégyrique de la chimie a était réalisé par un scientifique et un économiste tous deux renommés.
Pour tout un chacun, manger bio c'est manger bien, et il y a peu j'en étais là. Malheureusement après lecture du livre et contre lecture obligatoire, je suis d'accord avec cet ouvrage, un hamburger fut il bio est quand même un ramassis de graisse, cela pour le manger équilibré.
Concernant la qualité nutritionnelle l'AFDN ou Agence Française des Diététiciens et Nutritionnistes note que, si les produits bio contiennent moins de pesticides, ils contiennent en revanche un plus grand nombre de contaminations par différents microbes car ils ne subissent pas de traitements antifongiques et donc se conservent moins longtemps. Ce qui, vous avouerez, pour du bio généralisé, par exemple en grande distribution, pose de sérieux problèmes de santé publique.
Souvenez vous de la dernière grande intoxication alimentaire venue d'Allemagne et que nos voisins d'outre Rhin ont essayait de nous faire croire qu'elle venait d'Espagne comme la grippe. Cette intoxication venait de produits "bio" mal gérés et surtout mal encadrés. Dans les années 20, 30, 50, je fais abstraction ici de la période de la guerre, le nombre de décès par intoxications alimentaires étant bien supérieur à celui d'aujourd'hui.
L'AFSA (Agence française de la sécurité Alimentaire avait sorti en 2003 une évaluation nutritionnelle et sanitaire des aliments issus de l'agriculture biologique.
Cette étude a été réactualisé par le nutritionniste Léon Guéguen et le toxicologue Gérard Pascal , directeurs de recherches honoraires à l'INRA (Institut National de la Recherche Agronomique).voici un extrait de leur introduction:
"Pourtant la vocation première de l'AB, reconnue par ses protagonistes officiels, est la préservation de l'environnement et non pas la nutrition et la santé des consommateurs. L'AB a une obligation de moyens mais pas de résultats concernant les qualités nutritionnelles, sanitaires et gustatives des produits.
Le reste est à lire dans :
"Le point sur la valeur nutritionnelle et sanitaire des aliments issus de l'agriculture biologique.
Cahiers de nutrition et de diététique, 20 avril 2010".
Alors entre le tout chimique et le tout bio n'y aurait pas des voies moyennes, raisonnables?
Cela s'appelle l'agriculture intégrée qui se distingue de l'agriculture biologique par le non-abandon des méthodes chimiques. Elle favorise néanmoins l'utilisation de techniques alternatives comme la lutte biologique et l'utilisation de zones de compensation économique (dixit le livre). Il existe aussi l'agriculture raisonnée dont le cahier des charges est très stricte (décret n°2002-631 du 28 avril 2002) et qui me paraît être un chemin à suivre pour nos terroirs.
Autre comparaison très intéressante, le Comité interprofessionnel du vin de Champagne étudie depuis 1998 une parcelle conduite moitié en biodynamie et moitié en viticulture raisonnée. Il en ressort que la parcelle raisonnée voit sa biomasse être plus importante que dans la partie biodynamique et notamment par la présence plus nombreuse de lombrics.
Ce fameux ver de terre qui est une bénédiction pour non sol. Mais ce n'est pas le moment de faire de la biologie.
Autre exemple de ce qu'il ne faut pas prendre pour argent comptant, le phénomène locavore, c'est à dire le fait de vouloir se nourrir de produits sinon locaux à tout le moins produis près de chez soi. J'y suis assez sensible car dans un monde où le boulanger du coin voit sa farine arriver du Brésil alors que le céréalier de la Beauce exporte son blé en Asie, (cf le marché à terme de Chicago), je pense qu'on pourrait favoriser la production locale non industrielle. Je dis bien non industrielle car, par exemple, moi, citadin du grand Paris où puis je trouve mon lait de montagne? Nulle part évidemment et si tout te fois le lait de montagne s'avérait supérieur à celui des plaines. Le premier lait fut il un tant soit peu local vient soit de Normandie soit du Nord ou de la Picardie, donc pa stout près vous en conviendrez.
Dernière question afin de finir ce billet:
Agriculture biologique et écologie est ce la même chose ou est ce lié. Bien sur que ce n'est pas la même chose, même si elles ne devraient pas être très éloignées l'une de l'autre
Le bio venant de loin est il plus écologique que celui de chez nous?
Je vous en fiche mon billet, si je puis dire, car n'est pas forcément le cas. Des pommes bio venant par bateau d'Argentine et vendues à Paris peuvent avoir un impact écologique moindre que des pommes bio issues de Normandie. Cela à cause de problème de logistiques essentiellement. Le débat ne porte par sur la même chose est les amalgames sont puissants.
Je vous incite donc à vous renseigner sur tous ces phénomènes. Je ne vous ai pas parlé du coût du bio pour le panier de la ménagère, ce serait ouvrir encore un autre débat. Sachez qu'il est en moyenne de 70% supérieur au même panier de production traditionnelle et ce n'est pas que la grande distribution qui prend de larges marges de bénéfices.
Je ne parlerai pas non plus des rapports ambigus entre agriculture bio, écologie et politique. Il y a de quoi grincer des dents parfois.
Sur ces quelques mots je vous souhaite une excellente semaine
Gastronomiquement Votre, Lucullus
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