Les Chroniques de Lucullus n°324
Amis gourmands bonjour,
Zinc, cafète, pub, rade, estaminet, bistro, café, troquet, bar, guinguette, chez Paulo, on lui prête mille noms et c'est bien ainsi car chacun révèle une atmosphère sous-jacente.
J'aime à m'y retrouver, parfois. Ils font remonter en moi des souvenirs lointains mais c'est au fond le même endroit, celui où l'on refait le monde en permanence. C'est un endroit généralement très convivial. On s'y met en terrasse pour regarder les gens passer, regarder le monde passer, et surtout le refaire avec des amis autour d'un petit verre de quelque chose.
Je me souviens de celui près de mon lycée, on y allait manger un hotdog plutôt que d'aller à la cantine. Si on avait quelques monnaies on faisait un flipper. On s'enfonçait dans les moleskines après avoir mis une thune dans le jukebox pour écouter le dernier Rolling Stones.
Plus tard, c'était chez Paulo avant le boulot où devant un petit noir, J'y retrouvais mes collègues et on lisait les titres de la presse et on partait à refaire la politique, le monde, le derniers match, insouciant et ignorant mais heureux d'être là avec des potes.
Parfois c'est une rencontre vraiment inédite comme ses 3 anglaises venue faire un tour à Paris et qui assisses à une petite table sirotaient un verre de vin tout en souriant à nos saillies parfois pas très légères.
Les cafés, chez nous sont une institution. Je ne parle pas de ceux renommés des grandes villes comme Paris, Lyon, Marseille, qui sont un autre univers tout aussi passionnant et où la foule bien souvent file et s'en vraiment voir ce qu'il y a autour d'elle. Ceux là sont des lieux parfois chargés d'histoire, de la grande histoire. C'est le Procope à Paris, premier café littéraire où Voltaire, Rousseau , D'Alembert, Diderot, Beaumarchais , Hugo ou Balzac avait leur table et leurs habitudes. C'est aussi le Café de la Paix d'où Clemenceau regarda la défilé des troupes victorieuse en 1918, et encore le Café de Flore où venait écrire Charles Mauras, où Jean Paul Sartre avait sa table attitrée. C'est encore celui plus coquins de la Coupole à Montparnasse.
Non, je vous parle du petit troquet du coin, de celui à deux pas de chez nous ou de votre boulot mais ce peut être aussi celui de vos vacances.
Lorsque je me promène dans de petites villes ou dans des villages, j'aime bien regarder qui vit la dedans, à l'abri de vieux rideaux délavés par le temps. Bien souvent on y trouve des vieux jouant au carte un petit verre de rouge à côté, deux ou trois plus jeunes accoudés au comptoir en zinc devisant avec le patron du temps qu'il fera peut être dimanche pour aller à la chasse. Ils sont là, calmes, sereins, ils prennent le temps de vivre sans courir, juste vivre.
On y trouve alors des choses merveilleuses. Il y a peu, dans la Nièvre, je suis allé voir mon frère restaurateur. De retour de courses faites à La Charité, il m'a amené naturellement dans un de ces petits endroits hors de tout, hors du temps qu'il connaissait non loin de chez lui. C'était merveilleux, en 30 minutes que nous y avons passé à faire comme tout le monde, c'est à dire juste ce laisser vivre, j'ai vu défiler le monde ou plutôt le petit monde des hommes tel qu'ils le vivent au quotidien.
C'était tout petit, hors de toute route, mais ça rentre ça sort, ça rigole, ça râle, ça parle fort, ça traîne, ca se dépêche. Chacun y a ses habitudes, ses horaires mais tout le monde connaît tout le monde. Un n'est pas venu à 17.15 comme d'habitude on s'interroge. Quelqu'un a vu Lulu aujourd'hui? 10 voix répondent.
On y prend des nouvelles de tous et de tout, la grippe de la Jeanne mais aussi le vêlage à la ferme du Jeannot. On y partage les moments heureux et le moments tristes. On y parle pêle-mêle de la crise, du loto, du foot, des élections, il y en bien toujours une qui approche, de la boutique qui c'est ouverte dans le village d'à côté, du décès de Simone l'ainée du village, des derniers arrivants au bourg.
Je suis certains que vous aussi vous connaissez de tels endroit merveilleux.
Plus j'écris ce billet plus les souvenirs remontent, c'est fou. Le bistro de Fernand au Pont du Gard,où j'aillais manger un steak frites après avoir fait les écuries j'avais 16 ans. Celui sans nom de Vers, on l'appelait le "café" où je retrouvais des amis tailleurs de pierre, qui venaient se désaltérer après une journée de labeur. C'est aussi celui à Mortagne où l'on traînait le mercredi après midi après le sport, lorsqu'on pouvait quitter l'internat. On y retrouvait nos copines du moment et c'était bien sympathique...
Il est tard, je vous laisse. Peut être irait vous faire un tour dans l'un deux cette semaine et j'espère que vous repenserez à ce petit billet.
Sur ces quelques mots je vous souhaite une excellente semaine
Gastronomiquement Votre, Lucullus
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