Les Chroniques de Lucullus n°325

Amis gourmands bonjour,

Nous voici au terme de l'année 2011. Quelques jours nous séparent de Noël et une poignée d'autres de la St Sylvestre et de l'an neuf. 2011fut riche en évènements dans le monde entier. Je n'aurai pas la folie de vouloir, ici, en faire l'inventaire, d'autres s'y essaieront et le feront bien mieux que je ne l'aurais fait.

Je ne parlerai donc que de moi, car j'aime bien et c'est pratique. C'est encore le sujet que je maîtrise le mieux, du moins j'ose l'espérer.
Lucullus serait il un peu nombriliste?
Oui je l'avoue humblement et ne le renie pas, mais n'allez pas croire que pour autant, je vais en faire des tonnes.

Les fins d'années sont bien souvent synonymes de bilan et il est temps pour moi, pour ce dernier billet de l'an 2011 de tirer le mien.
2011 ce fut 179 recettes venant du monde entier depuis l'American Pancake jusqu'au Yakitori Tare en passant par la Saucisse de Morteau à la choucroute de navets et les Madeleines à la pistache.
2011 ce fut également 41 billets y compris celui ci.

Pour tout cela, ou plutôt à cause de cela ou grâce à cela, je voudrais vous dire :
Le l'angoisse que j'ai chaque dimanche à rédiger ce billet après avoir recherché pendant la semaine les recettes qui agrémentent la mise à jour hebdomadaire et après les avoir mises en ligne sur le site de Lucullus.
Le plaisir que j'ai le lundi matin en arrivant au bureau à vous envoyer Les Chroniques de Lucullus. Le rituel est toujours le même. Allumer l'ordinateur, boire un thé et envoyer la mise à jour.
L'attente des retours et l'impatience de lire vos réponses qui me prouvent, d'une certaine manière, votre attachement à ma démarche.
L'intérêt sans cesse renouvelé que je porte aux bonnes démarches alimentaires et de tout ce qui s'y rapporte.
Le combat permanent qu'il faut mener pour préserver nos traditions alimentaires face à la world food qui uniformise les goûts et remplace le plaisir de se mettre à table par la simple nécessité de se nourrir.
Le volonté farouche qui m'anime de préserver l'esprit de convivialité qui doit présider à la mise en œuvre du repas gastronomique tel que nous français l'avons inventé et tel que l'Unesco a voulu le préciser et l'honorer.
L'ambition qui est la mienne de vouloir, par la Confrérie des Amis de Lucullus, continuer en ce sens. Confrérie que je vous incite à venir rejoindre car sans vous elle ne pourra pas fonctionner et devra cesser ce pourquoi je l'ai créé.

Le repas gastronomique à la française a donc été honoré en étant inscrit au patrimoine immatériel de l'humanité. S'il est bien un moment de grande gastronomie, c'est bien cette période de l'année où l'on se retrouve ensemble, entre parents,  entre amis. C'est une sorte de point d'orgue pour l'année écoulée. Bien manger c'est la tradition à Noël et le comportement des gens est presque immuable. On retrouve les grands symboles de l'abondance que sont les huîtres, le foie gras, le chapon et surtout la buche. D'une région à l'autre les traditions varient mais la table se doit d'être riche et abondante. Est ce parce que l'hiver incite à se retrouver au chaud? Depuis des siècles le repas de Noël est un festin. Qui ne se souvient du texte d'Alphonse Daudet écrit en 1870 dans les "Lettres de mon moulin" "Les trois messes basses"
(Extrait)
— Deux dindes truffées, Garrigou ?…
— Oui, mon révérend, deux dindes magnifiques bourrées de truffes. J’en sais quelque chose, puisque c’est moi qui ai aidé à les remplir. On aurait dit que leur peau allait craquer en rôtissant, tellement elle était tendue…
— Jésus-Marie ! moi qui aime tant les truffes !… Donne-moi vite mon surplis, Garrigou… Et avec les dindes, qu’est-ce que tu as encore aperçu à la cuisine ?…
— Oh ! toutes sortes de bonnes choses… Depuis midi nous n’avons fait que plumer des faisans, des huppes, des gelinottes, des coqs de bruyère. La plume en volait partout… Puis de l’étang on a apporté des anguilles, des carpes dorées, des truites, des…
— Grosses comment, les truites, Garrigou ?
— Grosses comme ça, mon révérend… Énormes !…
— Oh ! Dieu ! il me semble que je les vois… As-tu mis le vin dans les burettes ?
— Oui, mon révérend, j’ai mis le vin dans les burettes… Mais dame ! il ne vaut pas celui que vous boirez tout à l’heure en sortant de la messe de minuit. Si vous voyiez cela dans la salle à manger du château, toutes ces carafes qui flambent pleines de vins de toutes les couleurs… Et la vaisselle d’argent, les surtouts ciselés, les fleurs, les candélabres !… Jamais il ne se sera vu un réveillon pareil. Monsieur le marquis a invité tous les seigneurs du voisinage. Vous serez au moins quarante à table, sans compter le bailli ni le tabellion… Ah ! vous êtes bien heureux d’en être, mon révérend !… Rien que d’avoir flairé ces belles dindes, l’odeur des truffes me suit partout... Meuh !…
— Allons, allons, mon enfant. Gardons-nous du péché de gourmandise, surtout la nuit de la Nativité… Va bien vite allumer les cierges et sonner le premier coup de la messe ; car voilà que minuit est proche, et il ne faut pas nous mettre en retard…

Nous voici arrivé à la faim de ce billet, mais que dis je, c'est la fin de ce billet. L'odeur qui me titille les narines me fait perdre mon texte et gargouiller le ventre. J'ai déjà hâte d'y être. Ne sentez vous pas le fumet qui s'échappe des marmites sur les fourneaux? Ne suis je donc le seul que cette attente martyrise? N'y a t-il donc personne pour compatir à ma peine et à mon tourment?
Encore six jours d'attente qui vont me paraitre longs comme un jour sans pain. J'ai le temps de mourir d'inanition, pauvre de moi... Allons, revenons sur terre, à la réalité des choses.

Pour finir ce panier je tiens à vous présenter à tous, à vos proches, à vos familles une bonne et heureuse année 2012.
J'espère de tout mon cœur qu'elle vous apporte santé, bonheur et prospérité.

J'espère surtout, vous retrouver, toutes et tous, le 2 janvier, en pleine forme, pour quelques nouvelles recettes toutes aussi   délicieuses les unes que les autres.

Sur ces quelques mots je vous souhaite une excellente semaine

Gastronomiquement Votre, Lucullus