Les Chroniques de Lucullus n°348

Écrit par Lucullus. Publié dans Les chroniques.

plumeAmis gourmands bonjour,

Voici le dernier panier de la saison 2011-2012. Lucullus va s'arrêter pour la période estivale et s'en va découvrir de nouveaux terroirs mais aussi se ressourcer dans certains déjà connus.
La période des vacances approche avec ses transhumances. Profitez en pour visiter notre beau pays d'un œil neuf, celui de l'ethnologue, celui du vacancier intelligent qui va à la découverte de son patrimoine pour en découvrir toutes les richesses.
Je ne ferai qu'un vœux, celui de vous retrouver tous en bonne santé à la rentrée. Soyez donc prudents sur les routes.

In vino veritas
Depuis le 01 juin 2012, le Gers est à l'honneur pour son patrimoine agricole et plus particulièrement vinicole.
Dans le vignoble renommé de St Mont, une parcelle de vignes du village de Sarragachies (Gers), vieilles de plus de 150 ans, vient d'être inscrite à l'inventaire des monuments historiques. C'est une première en France.
A l'origine de la démarche les caves Plaimont Producteur et au final le travail de la préfecture de région Midi-Pyrénées. Il ne faut oublier non plus l'INRA de Bordeaux et l'Institut Français du Vin qui ont fait un travail remarquable et remarqué. (Le Monde/ Libération)

Qu'est ce qui rend la petite parcelle de 0,4 hectare si intéressante que certains ont désiré la voir inscrite à cet inventaire?
Vous voulez le savoir? Et bien je vais vous le dire.
Cette vigne d'un âge canonique est toujours en exploitation et ne contient pas moins de 600 pieds de vigne répartis sur 12 rangs. Elle ne compte pas moins d'une vingtaine de cépages dont sept non répertoriés.

Oliviers Bourdets-Pees, directeur général de Plaimont Producteurs analyse le phénomène:
"Cette vigne a été plantée vers 1830, et peut être même 1820, et grâce à son sol sablonneux, a pu échapper à la catastrophe du Phylloxera en fin du XIXème et début du XXème siècle. En effet, le puceron, qui transmet la maladie en piquant les plants puis en creusant une galerie de pied en pied, n'a jamais pu s'attaquer à cette parcelle. (journal La dépêche)

Cette inscription est due au caractère exceptionnel des souches et aux modes de culture ancestraux dont témoigne ce lopin de terre.
Elle a été construite avec un type de conduite qui n'existe plus depuis cette date. La plantation en pieds doubles disposés en carré qui permettait au viticulteur de travailler au mieux ses vignes avec ses bœufs. (AFP)

Cela fait vingt ans que les plus grands chercheurs ampélographes viennent observer cette parcelle. Jean-Michel Boursicot lui-même, qui est le plus éminent spécialiste, est sans doute celui qui a compris le premier le potentiel de cette vigne. Et quand son génome a été complètement analysé en 2008, il est devenu plus facile de démontrer à quel point elle était exceptionnelle ». (Journal SudOuest)

Mais écoutons René Pédebernade propriétaire de la vigne:
"La grand-mère de ma grand-mère disait déjà que c'étaient des vieilles vignes".
L'homme âgé de 85 ans a passé le relais à son fils Jean-Pascal il y a 20 ans. Mais les 7 cépages inconnus portent désormais son nom car ils ont été répertoriés Pédebernade1, Pédebernade2...
La parcelle repérée se situe à 10 mètres de la maison familiale sur le coteau de Ninan.

De nombreux journaux et sites spécialisés comme Ethnobotanique ont parlé de l'évènement car il s'agit réellement d'un événement. Vitisphere. Com sort un bel article bien fourni. Parmi les autres sites journalistiques on trouve l'Alsace, le Courrier Picard, la Montagne.

Mars 2012 St Mont obtient la certification AOC pour sa production et bien que jeune, l'histoire des vignes de monsieur  Pédebernade montre bien que la culture de la vigne n'est pas quelque chose de récent en cette région.
Obsession.nouvelobs parle aussi de cette vigne dont les cépages principaux sont le tannat, le Morrastel, le Fer Servadou ou le Miousap.

1000 vaches par ici , 1750 par là
Dans un registre moins agréable mais tout autant important, la création d'une exploitation agricole en Picardie.

Rien de bien intéressant à première vue s'il ne s'agissait d'entasser hors sol 1750 vaches laitières sur 9000 m². Bref une usine à vaches. On sort de l'agriculture pour entrer de plein pied dans l'industriel.
Les nuisances sont énormes. Cette exploitation va produire 73 tonnes/jours de bouses qu'il faudra éliminer. 1200Ha sont déjà trouvés mais il en faudrait 2700.

De très nombreux témoignages d'agriculteurs sont hostiles à ce genre d'élevage. En France la moyenne pour une exploitation d'élevage est de 44 vaches. Les élevages à plus de 100 vaches ne sont que 2%. A titre de comparaison, le plateau des mille vaches en Auvergne fait 3300 KM²

Si on veut des produits de qualité en termes d'élevage il faut tout d'abord que les animaux disposent d'un environnement correct et ce n'est pas avec 7m² qu'elles vont pouvoir s'épanouir.
En 2009 l'EFSA, l'agence européenne de sécurité des aliments affirmait dans un rapport le lien entre bien-être médiocre et vulnérabilité à la maladie.
Mais pourquoi vouloir construire un tel géant?
C'est entre autres parce qu'en 2015, il n'y aura plus de quota sur la production laitière et certains anticipent déjà les marchés à venir, et souvent au détriment de la qualité.
Autre argument avancé, en Russie ou au USA 1500 vaches c'est dans les normes.

Cependant je pense qu'il y a anguille sous roche.
Est ce vraiment le lait qui intéresse celui qu'on peut encore pour quelques temps appeler éleveur?
Pas franchement ce serait plutôt la méthanisation, les bouses, qui excitent sa convoitise.
En effet il est prévu d'installer une machine Drucat capable de méthaniser les bouses et produire 1,5 mégawatt. À 15,2 centimes d'euros le rachat de kWh la gâche est bonne.
Autre problème celui du digestat qui est le résidu solide de la méthanisation. Ce digesta est très riche en azote et donc favorisera la prolifération des algues vertes lorsqu'il atteindra la mer.
Le lieu d'implantation et en baie de somme et donc près de la mer.

Vendredi 22 et samdi 23 avait lieu la 3ème édition des APIdays.
C'est quoi les APIdays?
Vous voulez sasoir ce que sont les APIdays? Et bien je vais vous le dire.
Les APIdays c'est la fête des abeilles dans une soixantaine d'endroits répartie sur l'ensemble du territoire.
L'Union nationale de l'apiculture française (Unaf) organise ces " journées nationales de l'abeille, sentinelle de l'environnement ", comme " un rendez-vous festif et militant ".

C'est la possibilité pour les gens intéressés d'assister au travail des apiculteurs et de déguster les miels produits.
On peut également regarder des films dont le programme est consultable sur le site abeillesentinelle.net.

C'est une démarche écologique car la France est le premier consommateur européen de pesticides et concerne à 90% l'agriculture.
A titre de référence chaque français consomme 4 kg de pesticides par an.
L'abeille est en danger dans nos champs alors même qu'elle assure 80% de la pollinisation des plantes à fleurs et à fruits.
Près de 40% de notre alimentation (fruits, légumes, oléagineux) dépend exclusivement de son action fécondatrice.

L'abeille est donc en danger du fait de l'homme, alors même qu'elle connait actuellement des dangers naturels comme le frelon asiatique ou la varroa.

A contrario c'est dans les villes que les abeilles trouvent de l'assistance naturelle par la multiplicité des variétés florales qu'on y trouve.

A l'origine des Apidays on trouve Henri Clément, apiculteur cévenole qui dans les années 90 a proposé au président du conseil régional de Languedoc Roussillon de mettre des ruches sur la terrasse de son bureau.
Le mouvement était ainsi enclenché.

Sur ces quelques mots je vous souhaite une excellente semaine

Gastronomiquement Votre, Lucullus

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