Les Chroniques de Lucullus n°356

Écrit par Lucullus. Publié dans Les chroniques.

plumeAmis gourmands bonjour,

Il y a des choses étonnantes avec lesquelles dame nature à parfois de nous étonner

Ainsi en est-il de ce miel bleu découvert en Alsace.
Les apiculteurs de la région de Ribauvillé en ont fait l'étrange expérience.
Leurs abeilles sont allées butiner les résidus colorés d'une fabrique de confiserie bien connue, celle qui nous vend des petites pastilles chocolatées de toutes les couleurs.

Mais que faisaient ces résidus dans le secteur?
Ils viennent d'une entreprise de méthanisation, Agrivalor, qui, à partir de de la dégradation de déchets organiques issus de denrées alimentaires périmées ou invendues, mais aussi de résidus de cuisines ou de l'industrie agroalimentaire, produit de l'énergie à faible coût.
Pour la commune sur laquelle est implantée l'entreprise, il s'agit d'un cercle vertueux pour la production d'énergie à partir de la biomasse.
Pour le syndicat des apiculteurs la problématique est tout autre.
L'hiver a été rude, le printemps pluvieux et l'été très sec en Alsace. La production de miel est en chute libre, aussi cet étrange miel bleu non commercialisable est pour eux une tuile supplémentaire.
De plus les abeilles ainsi gavées de sucreries ont bloqué les ruches avec leurs stocks et bloqués les pontes d'hiver ce qui augure mal de la saison future quant à la production de miel alsacien.

Mais également, de sérieuses questions se posent:
Les colorants sont-ils d'origine naturelle ou chimique ?
Contiennent-ils des OGM ?
La société Mars qui commercialise les M&M's dit n'utiliser depuis plusieurs années que des colorants naturels.
Agrivalor, dans un courrier adressé au syndicat apicole, le 6 septembre, déplore très sincèrement la situation, et explique que les sous-produits sucrés valorisés sur le site de méthanisation sont  conformes à l'arrêté préfectoral d'autorisation d'exploiter.
Il faudra attendre le printemps pour connaître l'état de santé exact des abeilles.

Le Biphénol A ou BPA fait reparler de lui.
Ce perturbateur endocrinien se trouve souvent en quantité parfois importantes dans les emballages de nos produits alimentaires.
L'Anses, Agence de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail, a rendu en juin dernier un avis dans lequel elle affirme avoir trouvé 73 substituts possibles au BPA.
Alors pourquoi les sénateurs ont il accordé un délai supplémentaire de 18 mois aux industriels pour supprimer le BPA de contenants alimentaires?
Les industriels, comme à leur habitude ont fait en pleurnichant du lobbying.
En revanche, lorsqu'on regarde les substituts possibles dans le cadre de l'utilisation dans les polycarbonates, on trouve des substances beaucoup plus familières comme des polyesters, le polyéthylène, le polypropylène, etc. , qui devraient logiquement poser moins de problèmes. (source ANSES).
Pour la question de la dose journalière admissible ou DJA, c'est l'autorité européenne de sécurité des aliments qui travaille dessus. Mais cette question a t-elle encore en un sens?
De plus l'AESA n'est pas toujours fiable. On lui reproche ses accointances avec les milieux agroalimentaires et les multinationales du secteur.

Oxfam
Je ne suis pas très assos-écolo car elles sont bien souvent inféodées à des mouvements politiques, dont l'écologie n'est pas le premier des intérêts. Cependant Oxfam me plait bien.
Oxfam dont le nom vient de Oxford Committee for Relief Famine est une organisation crée en 1942 pour envoyer malgré le blocus, des denrées alimentaires aux populations grecques alors sous le joug nazi.
Pourquoi parler d'Oxfam dans une Chronique de Lucullus?
Parce que cette association travaille sur un sujet qui me tient à cœur, à savoir l'accaparement de terres agricoles pour la production d'éthanol.
Oxfam s'alarme de la flambée des accaparements et jeudi 4 octobre elle a publié un rapport en ce sens.
La superficie totale des terres agricoles acquises depuis 10 ans par des industriels permettrait de nourrir,selon Oxfam, 1 milliard de personnes.
Ces superficies enlevées à la production nourricière représente 3 fois la superficie de la France.
Ce qui est pire c'est que ces terres se trouvent souvent dans des régions gravement touchées par le problème de la faim.

Dans certains pays pauvres, des investisseurs étrangers achètent l'équivalent de la superficie de Paris toutes les dix heures.
Oxfam affirme que 30% de la superficie du Libéria a fait l'objet de transactions foncières en seulement cinq ans". Au Cambodge ce ne sont pas moins de 60% des terres arables qui ont été vendues au privé.

L'accaparement de terres agricoles joue aussi sur le coût des matières premières agricoles et entre pour une bonne part dans la flambée des prix que le blé a connu ces dernières années.

D'autres associations se penchent sur le problème même de la production de nouvelles sources de nourriture. Ainsi le Centre International du Maïs et du Blé, organisme dont le siège se trouve à Mexico, vient de publier une étude selon laquelle plusieurs pays subsahariens pourraient planter du blé et cela sans irrigation compte tenu des valeurs pluviométriques enregistrées.

Selon l'étude, le Rwanda, le Burundi, et l'Ouganda  auraient 500 000 ha chacun de disponibles pour la culture du blé essentiellement en zone de montagne.

Actuellement selon la FAO (ONU pour l'alimentation et l'agriculture) le blé est bien implanté en Ethiope, au Kenya ou encore en Afrique du Sud mais l'Afrique subsaharienne n'a produit que 6  millions de tonnes en 2010, contre 55 millions de tonnes de maïs, 18 de riz, 17 de sorgho et 10 de mil.
La question est d'importance, car la consommation de blé augmente de façon importante en Afrique. Les céréales comme le mil demandant une préparation plus longue sont remplacées, dans l'usage quotidien par le blé.
Voilà de quoi s'interroger sur les possibilités existantes nécessaires pour combattre la faim dans le monde.

Sur ces quelques mots je vous souhaite une excellente semaine.

Gastronomiquement Votre, Lucullus

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