Les Chroniques de Lucullus n°364

Amis gourmands bonjour,

Voici la nouvelle année
Permettez moi à cette occasion de vous présenter mes meilleurs vœux gourmands pour l'an 2013.
Je souhaite pour vous tous, santé et bonheur et gourmandise.

En règle générale les fêtes de fin d'année sont synonymes d'agapes festives et l'an nouveau de bonnes résolutions. Les deux n'allant pas forcément de paire, cela va de soi.

Aussi, en cette période de vœux, de souhaits, de désirs, d'espoirs même, je ne peux que vous inviter à prendre une résolution, qu'il n'est pas vraiment difficile à tenir, c'est d'être vigilants sur ce que vous mangez.
Manger c'est bien, bien manger c'est mieux.

Bien manger, est-ce cela la gastronomie?
Je citerai le célèbre gastronome Brillat Savarin (1755-1825).
La gastronomie est la connaissance raisonnée de tout ce qui a rapport à l'homme,en tant qu'il se nourrit. Son but est de veiller à la conservation des hommes, au moyen de la meilleure nourriture possible (...).

Il disait aussi
Les animaux se repaissent. L'homme mange, l'homme d'esprit seul sait manger.
Comme je vous sais plein d'esprit je ne m'inquiète pas trop en ce sens.

La gastronomie est pour ma part indissociable de la notion de terroir. Mais qu'est ce que le terroir?
Il y a maintes définitions. Le Larousse nous donne celle-ci :
Province, Campagne considérée comme exerçant certaines influences sur l'homme.

La mienne place l'individu au centre de toute chose:
"Le terroir est ce qui reflète l'esprit d'un lieu au travers des hommes qui le peuplent".
Le terroir c'est donc ce lien fort qui lie les hommes à la terre où ils vivent.

Pour découvrir les innombrables terroirs, il n'y a pas cinquante solutions, il y en a deux.
La plus facile est celle qui consiste à attendre qu'ils viennent à vous. Cela est assez fréquent grâce aux foires et salons qui émaillent l'année. Ce n'est alors qu'un vue parcellaire de la chose. Certes vous rencontrez les producteurs, les éleveurs et les autres acteurs mais vous ne pourrez vous imprégner du lieu lui même, on vous ne donnera une image qui ne sera pas la votre.
J'aime beaucoup les foires mais, croyez vous vraiment connaître les Basques, les Bretons, les Alsaciens, les Savoyards ou les Auvergnats en restant derrière un comptoir de dégustation?
Que nenni mes amis, que nenni!
C'est là la deuxième solution. Pour connaître un terroir, ou s'approcher de sa connaissance, de sa perception fine, il faut s'y rendre. Il faut presque avoir une démarche d'ethnologue.
Vouloir comprendre pourquoi les gens vivent d'une certaine manière dans un certain lieu, c'est comprendre ce qu'est la vie dans sa réalité, y compris de la notre.

Croyez vous que le paysan de Haute Loire soit moins intéressant que l'ouvrier de la banlieue lilloise? Bien sûr que non. Ils vivent tous les deux une vie différente mais tout aussi intéressante en ce qu'elle a une nature unique, indissociable de l'individu, tout en état à la fois représentative d'un groupe.

Alors quoi de mieux donc que de se rendre quelque part et de regarder autour de soi vivre les gens.
De fait pas grand chose, pour qui s'intéresse aux choses et aux gens. Rien, disais-je, et c'est pour cela que, profitant de mes congés, je me suis rendu à Barcelone. Ce n'est pas pour le foot même si ce dernier est inséparable de la vie de la ville et de sa région.
Je suis allé voir les Barcelonais pour y découvrir leur art de vivre. Je dois dire que je n'ai pas été déçu. J'y étais passé, il y a quelques 30 ans, pour aller faire de la voile mais je n'avais pas eu le temps de visiter.
Entre les fêtes donc, j'ai découvert des gens charmants, aimables et souriants. Vous imaginez le contraste avec les Parisiens qui font la tronche en permanence. De plus, il a fait un soleil radieux tout au long de ma visite de quatre jours. Bon, pour le soleil et les palmiers, les Parisiens n'en peuvent mais.

L'Espagne est un pays de gastronomie dont on peut faire le panégyrique tant il y a de choses à y découvrir. Certes la paëlla et les tapas étaient à l'honneur à Barcelone. Honneurs que je leur ai bien volontiers rendus. Mais ce ne fut pas tout.

Le souci dans ces grandes villes c'est le touriste dont j'étais bien évidemment. Personnellement j'aime bien chercher le petit restaurant de quartier où l'on ne trouve justement pas de touristes, mais des gens du cru, des locaux. Le style "employé de bureau", des gens ordinaires comme nous.
Là, on peut trouver le côté local, terroir, et non pas l'image biaisée que se fabrique le touriste de ce que pourrait être les gens du cru. D'expérience, ce qui ne gâche rien, c'est très souvent agréable et bien servi. De plus on y fait souvent des rencontres sympathiques pour qui sait aller vers autrui.

Barcelone est un port célèbre mais le passage obligé passe par la Rambla et le vieux quartier gothique. Que vous y veniez du port ou de la place Catalunya vous n'y échapperez pas
Sur la fameuse Rambla, nous avons trouvé un restaurant à tapas tout à fait correct à des prix qui s'avèrent être ceux que l'on trouve communément à Barcelone. Je ne vais pas vous énumérer les différentes sortes de tapas qu'on y trouve mais je dois dire que c'était extrêmement varié et de bonne tenue. J'en fus surpris car c'est un lieu hautement touristique.

C'est le deuxième soir que nous avons trouvé notre bonheur et cerise sur le gâteau, un des employés parlait français. Heureusement car je n'ai pas appris la langue de Cervantès. J'en suis resté à celles, scolaires, de Shakespeare et Goethe mais pas trop tout de même.
Il est cependant possible de se repérer sur les menus. L'espagnol est une langue latine et le catalan également.
Ce soir là nous avons choisi une paella marisco (fruits de mer). J'ai été content de pouvoir échanger avec un des cuisiniers par l'intermédiaire du serveur. En effet leur riz m'intriguait au plus au point et ne ressemblait absolument pas à ce que nous faisons dans nos recettes dites espagnoles.
Est ce la paella façon Barcelone, qui fait cela?
Je ne sais pas mais le premier midi en arrivant nous avons mangé une paella sur le port et j'avais déjà été intrigué. Les recettes de paella de nos livres sont faites au riz long américain alors que le riz utilisé est un riz rond ressemblant à l'arborio italien mais qui n'en est pas pour autant. Plutôt un riz rond de type camarguais. Autre point vraiment étonnant, et qui fait la différence, c'est la cuisson, à découvert, peu mouillé et par du jus de tomate essentiellement. Pour finir, les cuisiniers n'hésitent pas à laisser le riz accrocher au fond, pas énormément mais tout de même un petit peu. En tout cas ce fut remarquable. Ayant laissé l'appareil à l'hôtel pour le repas je n'ai pas de photo de la paella.
Mais de toutes les manières je vais essayer et si c'est positif, je changerai mes recettes.

Pour ce qui concerne le lendemain soir, car nous y sommes retourné, le serveur fut étonné mais content de nous revoir. Ce soir là nous ne voulions pas de paëlla évidemment mais pas spécialement de tapas non plus. Qu'à cela ne tienne, il y avait de superbes salades aux crevettes ou au fromage de chèvre pané avec du Serano, le fameux jambon espagnol. Forcément il fallait un bon vin avec tout cela et ce fut un Carravinas rueda verdejo, un blanc délicieux servi très frais. Vous pouvez en voir des photos sur ma page facebook.
J'allais oublier l'apéritif, une bonne pinte de sangria légère et gouleyante. Que du bonheur vous dis-je.

Le jambon Serrano est une institution en Espagne et même hors de ses frontières. Toutes les épiceries et même les restaurants en vendent. Vous trouvez même des échoppes qui vendent des cornets de petits morceaux de jambon comme nous avons, chez nous, des cornets de marrons chauds.
Un point sur les prix, car toute bonne chose a un prix. Cela va du raisonnable au franchement hors de proportion. Pour un jambon de 7 à 8 kg les prix varient des 75€ à 850 €, pour ce que j'en ai vu.

Il faut bien finir ce premier billet de l'année aussi, si l'occasion se présente à vous, n'hésitez pas allez à Barcelone, vous ne le regretterez pas croyez moi. Car outre la nourriture qui ici nous intéresse la ville est superbe. Je tiens les adresses des restaurants à votre disposition.

Sur ces quelques mots je vous souhaite une excellente semaine.

Gastronomiquement Votre, Lucullus