Les Chroniques de Lucullus n°371

Amis gourmands bonjour,

Le scandale concernant l'escroquerie sur la viande de bœuf perdure et c'est bien logique.
Il est doublé d'une autre escroquerie concernant 3 carcasses de cheval venant de Grande Bretagne et contenant des résidus pharmaceutiques interdits.

Là, maintenant, c'est de nouveau, le grand jeu politico-médiatique.
La classe politique, toute la classe politique, nous enfume une fois de plus, assistée une fois de plus par une presse qui n'a aucune déontologie.
"Il faut de nouvelles méthodes de contrôles plus appropriées dont de nouveaux étiquetages" nous dit le ministre et notre président, la main sur le cœur et la parole chevrotante d'indignation.
Vous me la baillez belle messieurs, les étiquetages existent déjà et cela n'a pas empêché quelques margoulins de faire passer du cheval pour du bœuf.
Alors une de plus une de moins le problème n'est pas là. Le problèmes c'est la qualité des contrôles et leur nombre.

Ce qui est embêtant, gênant, dérangeant dans cette histoire c'est que cela jette le discrédit sur des filières complètes et sur des gens, quelques soient leurs postes, dirigeants ou employés, qui font consciencieusement leur boulot selon les règles établies.
De cela la presse s'en bat les roubignoles à qui mieux mieux.
Elle se qu'elle veut c'est vendre du papier et encore du papier.
L'information objective, pensée, étayée, argumentée elle s'en bat...

D'un cœur unanime ils ont trouvé, avant la justice, les vilains pas beaux, les coupables. Mais le soufflet va retomber comme toujours lorsqu'on va enfin accéder aux détails vrais de l'investigation et que la justice va pouvoir faire son œuvre.

Alors plutôt que de nous inventer de nouveaux contrôles et des coupables tout faits, je vous le dis comme je le pense:
Messieurs de la presse revenaient aux fondamentaux de votre profession qui est l'information vraie, argumentée, étayée, vérifiée.
Messieurs les politiques, arrêtez de jouer les gens importants, il y a belle lurette que vous passez pour des guignols.

Faites simplement appliquer les mesures existantes et donnez à vos services spécialisés dans cette branche les moyens de faire leur travail. Je parle de moyens techniques et humains. Si mes chiffres sont bons, il n'y a que 200 contrôleurs pour l'ensemble du territoire français. C'est ridicule.

Autre nouvelle faisant le buzz et balancée à la tête des gens sans explication, l'autorisation bruxelloise faite à la fourniture de farine d'origine animale pour nourrir des poissons.
Ohhhhhh le vilain bruxellois! Ohhhhhhhhh le méchant-méchant-méchant garnement.
Mais qui donc est justement ce garnement qui nous embête à longueur de temps?
Je vous le demande?

Ce sont des députés issus de tous les pays européens ou des fonctionnaires issus eux aussi de tous les pays européens.
On voit bien que ce ne sont pas des aliens débarquant d'outre espace.

Revenons à la décision en question.
Tout le monde se souvient de la crise de la "maladie de la vache folle".
A l'origine ce n'est pas la farine animale qui est en cause mais bien l'escroquerie montée par des hommes pour faire de l'argent sans aucun scrupule. Il ne faut surtout pas l'oublier et remettre les choses à leur place.
Interdire la farine c'est comme interdire la voiture parce qu'il y a des assassins potentiels derrière les volants.

Encore une fois la cause c'est l'Homme. Arrêtons de rejetez nos fautes sur je ne sais quoi ou je ne sais qui.
Ne nous voilons plus la face. Derrière ces sombres histoires il n'y a que des hommes.

Techniquement, pourquoi donner des farines animales et donc des protéines de mêmes types à des poissons?
C'est simple, 85% des poissons consommés par les français sont des carnassiers.
Essayez donc de donner des céréales à un saumon?
Vous avez déjà vu un thon en train de brouter les algues?
Si oui arrêtez tout de suite la fumette.

Les carcasses ont encore de la chair, des parties carnées qui sont inexploitables pour l'homme. Par contre tout à fait utile pour l'alimentation des poisson et peut-être animale.
Le bémol que je mets et il est important c'es pourquoi donner de telles farines à des herbivores?
Pour moi une vache doit brouter de l'herbe et non manger de la farine issus de poissons ou d'animaux terrestres.
Si quelqu'un peut me donner une explication technique valable, je suis preneur et je la diffuserai.

Ensuite, je reprendrai ce que je dis depuis le déclenchement de cette affaire, arrêtez de manger du tout prêt ou alors acceptez de devenir comme les animaux d'élevage, alimentés dans une mangeoire. Accepter d'avoir de la bouffe prédigérée comme les animaux en batterie. Acceptez d'être juste fainéant pour ne plus être capable de faire cuire un plat comme le faisait votre maman, votre grand mère et leurs parents avant eux.

Le partage de la nourriture est une chose tellement importante pour les hommes que toutes les philosophies et religions l'ont pris dans leurs dogmes.
Et que voit-on de plus en plus de nous jours?
On voit des êtres humains mais non plus des hommes se nourrir et non plus partager la nourriture. Chacun absorbe sa dose quotidienne et basta. Que c'est triste, triste à pleurer.
Chacun fait comme il l'entend tel est l'apanage de la liberté. Moi, je résiste au nom de valeurs multimillénaires de la convivialité et de la bonne chair.

Marcel Rouff, co-fondateur avec Curnonsky de l'Académie des gastronomes disait:
"Après un repas parfait, il faut garder l'impression qu'on serait capable de recommencer.
C'est un peu comme l'amour! Mais ceci est une autre histoire."

Vous sentez vous prêt à recommencer après des lasagnes de chez "qui vous voulez" ou un burger de chez Mc King?
Désolé mais pas moi!

Brillat Savarin, quant à lui, avait des aphorismes percutants:
"Les animaux se repaissent. L'homme mange, l'homme d'esprit seul sait manger."
J'ose me prévaloir de cette dernière catégorie. N'être plus qu'un homme nous rapproche trop de l'animal.

Si comme moi vous vous sentez des affinités avec l'homme d'esprit, rejoignez moi au sein de la Confrérie des Amis de Lucullus.

Il n'y aura pas de Chroniques la semaine prochaine pour raison de congés.
Votre serviteur s'en va prendre le bon air et déguster des huîtres sur l'ile d'Oléron.

Sur ces quelques mots je vous souhaite une excellente semaine.

Gastronomiquement Votre, Lucullus