Les Chroniques de Lucullus n°372

Écrit par Lucullus. Publié dans Les chroniques.

plumeAmis gourmands bonjour,

Quel plaisir de retrouver certains d'entre vous. Non que je n'aime pas les autres mais ils sont encore en vacances, les bougres.
Un salut particulier à tous les Gousteurs et Gousteuses de la Confrérie des Amis de Lucullus.
Je vous donne rendez vous dès le mois d'avril pour une première rencontre.

Petit et même gros détour pendant mes vacances car je suis allé sur l'île d'Oléron.
Je dois dire que je ne les avaient jamais vues aussi vertes de ma vie et je commence à accumuler les années.
Mais non je ne parle pas des algues, je parle des huîtres et tout particulièrement celles de l'île d'Oléron. Allez faire un tour sur ma page facebook (Jack Lucullus) et vous pourrez les voir à défaut de les déguster.

Le naturel, il n'y a que cela de vrai
A tel point que j'ai lu pendant mes congés un article de presse qui m'a fait bien rigoler.
Une étude très sérieuse annonce, non moins sérieusement, que les produits au lait cru présentent moins de risques sanitaires que les produits au lait pasteurisé.
C'est amusant non alors qu'on nous bassine de viande mi bœuf mi cheval ou encore de bouffe soit disant bio mais qui sont hyper riches en graisses, n'est pas messieurs les burgermaniacs-bobos.

Le naturel vous dis-je, et un peu de bon sens. La pasteurisé c'est déjà une forme de conserve et même si cela peut être utile la nature ne fournit pas de produits aseptisés au naturel.

Le naturel, que diable, le naturel donc pour vivre vrai.
Imaginez juste un peu des huîtres pasteurisées. A part être américain je ne vois pas qui pourrait bouffer un truc pareil et même les américains les mangent crues. C'est dire!!!

C'est même très amusant cette historie de lait cru. Alors même que nos culs serrés de la commission européenne essaient de nous pourrir la vie en ne nous faisant ingurgiter que des produits stérilisés et industriels, nos amis américains eux, ont une administration qui a stipulé, il y a quelques années de cela maintenant, que les chaînes du froid étant largement mises en œuvre et fiables, le lait pasteurisé n'était plus une nécessité pour la confection de fromage, yaourt et autres produits laitiers ou contenant du lait.

La production de fromage au lait cru "made USA" connait une croissance exponentielle, alors même que chez nous des fromagers célèbres comme la maison Berthaut on du arrêter la production au lait cru de son époisse parce qu'un concurrent malhonnête avait pourri sa production. Son lait pasteurisé contenait des listéria. Peut être verra-t-on un de ces quatre matins les fromages au lait cru made in USA envahir nos étals. Sûr qu'à ce moment là, nos propres productions auront disparu.
Il faudra alors remercier ces bons fonctionnaires européens qui ne sortent jamais de leur tour d'ivoire aseptisée. Je sais que cela ne se fait pas mais on devrait en empaler ou en pendre quelques uns de temps en temps pour apprendre aux autres à réfléchir.

Encore une fois j'ai failli me fâcher, suis je bête il y a quand même d'autres choses à faire ici bas.
J'en reviens donc aux huîtres et aux plaisirs indicibles que procure leur dégustation.

Vous la prenez dans la main et vous la soupesez. Voilà déjà la première opération.
Elle doit être lourde, pleine. Pleine d'un plaisir à venir mais aussi de chair et d'eau.
Ensuite vous l'ouvrez, mais faites attention à vos petites mimines. Mon père les ouvre à l'Opinel, mais il habite là-bas depuis 30 ans presque. Moi, je prends une manicle et un couteau spécialisé. Il ne faudrait pas se transpercer la main.

Là, vous ouvrez, d'un coup sec, la coquille et tombez le couvercle.
Le miracle opère instantanément. D'abord la vue. L'écrin nacré enserre la chair verte et blanche de l'animal. L'odeur vient ensuite. Cette odeur d'iode qui vous monte aux narines donne déjà envie de manger. Vous sentez vos papilles saliver, c'est normal.

Vous résistez bien évidemment, il y en a d'autres à ouvrir avant de se mettre à table. Une douzaine par personne c'est le minimum requis.

L'opération achevée, vous n'avouez pas que vous avez mangé les "couvercles" de ces petites et adorables bestioles.
Juste le plaisir de l'écailler pour tester le goût. Car, après la vue et l'odorat vient le goût.

Fermez les yeux, vous y êtes?
Vous êtes assis, bien assis à table avec des amis. Un plaisir pareil n'est pas un plaisir solitaire.
La première assiette d'huîtres est là devant vous et vous humez cette odeur qui vous chatouille les narines.
Prenant le couteau, sans coup férir, vous décoquillez la bête.
Délicatement vous l'approchez de votre bouche en prenant bien soin d'admirer les reflets turquoise foncé du coquillage.
Là maintenant, doucement vous pouvez gober l'huître en deux temps.
D'abord vous buvez l'eau qui incidemment est le meilleur remède contre la grippe que je connaisse. Ensuite vous aspirez l'huître et vous croquez dans cette chair ferme qui va révéler ses saveurs de noisette. C'est l'iode qui fait ça.
Ensuite selon la gourmandise une fine tartine de pain beurré, demi-sel, suivi d'une petite gorgée de muscadet.
Petite la gorgée, sinon la force du vin va foudroyer la délicatesse de la chair.

Et puis il faut boire avec modération qu'ils nous disent à la tv et s'ils le disent à la télé c'est peut être vrai.
Ça m'étonnerait quand même. Mais bon, un poivrot n'a plus de papilles.

Vous reposez la coquille vide, les yeux pleins de bonheur comme un enfant devant un sapin de noël bien garni.
Là, vous recommencez l'opération jusqu'à ce que les assiettes ne contiennent plus que des coquilles vides.

Vous vous reculez sur votre dossier et émettez un soupir de bonheur.
Vous rêvez déjà aux assiettes de ce soir ou de demain. La semaine est courte.

Bling, j'ouvre mes yeux et je me retrouve à rêver devant "mon écran". Cela me fait penser à la chanson de Polnareff revue et corrigée pour les circonstances.
Non! Je ne veux pas retourner au boulot, sauf si à la cantine ils servent des huîtres d'Oléron

Sur ces quelques mots je vous souhaite une excellente semaine.

Gastronomiquement Votre, Lucullus

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