Les Chroniques de Lucullus n°473

Amis gourmands bonjour,

Drone de chose
Les drones ont envahi notre présent sans que nous n'y prenions garde .
Mais à quoi peuvent donc servir ces drôles de bestiaux?

Justement à servir et de la bière en plus.
Cela se passe aux Pays Bas et plus particulièrement au Drone Café de l'Université de Technologies d'Eindhoven.
Blue Jay est un drone d'intérieur autonome.
Il virevolte entre les tables, prend les commandes au moyen de ses caméras et lorsque la commande est prête, un autre drone l'apporte.
C'est dans le café créé pour la Dream & Dare Festival  lors du soixantième anniversaire de l'université que l'on a pu admirer ce drôle de drone.

Petit, caréné, et muni d'une pince en forme de main, ses concepteurs le disent impatient d'apprendre et prêt à jouer.
Il pourrait dans un futur proche, et selon Tessie Hartjes, utiliser un extincteur, repérer un intrus, et répondre même à un ordre comme :" Va me chercher un pomme".
Sympa non ?

Source : Atabula
http://www.atabula.com/drone-bar/

Auguste Escoffier mon idole
Je le dis sans détour je voue une admiration totale à ce grand homme.
Aussi lorsque j'ai découvert l'article de Stanislas Kraland lui rendant hommage sur le site Atabula je n'ai pas hésité à en parler.
Il faut que vous le lisiez en totalité.
On pourrait écrire des livres sur l’œuvre d'Auguste Escoffier mais l'article en donne une excellente synthèse.

• Il a relancé les restaurants à une époque où ceux-ci étaient en perte de vitesse en imposant notamment le service à la russe où les plats sont servis les uns après les autres et non tous en même temps dans le service à la française.
• Il a imposé dans les restaurants le repas à prix fixe qui était toutefois une invention des bistrots parisiens.
• Il a inventé la cuisine moderne, je parle là du lieu en imposant une ergonomie où les différentes parties ne se gênent plus.
• Il spécialise les différentes taches réalisées en cuisine. (commis, chef de partie, saucier, rôtisseur..). Les cuisines professionnelles sont toujours organisées selon ses préceptes.
• Il créé la toque blanche des chefs pour remplacer le grand bonnet existant jusqu'alors.
• Il a créé des plats célèbres comme la pêche Melba mais aussi les Poires belle-Hélène, les crêpes Suzette ou les fraises Sarah Bernard et bien d'autres plats.
• Il est le premier à donner des noms à ses réalisations et notamment avec les noms de ses clients.

Il a fait une carrière internationale qui a débuté lors de sa rencontre avec César Ritz qui l'a amené à Monaco, Londres, New York, mais aussi à bord de paquebots.
C'est aussi le roi du faire savoir.
Lors de l'invention des fraises Sarah Bernard, il annonce suite à un billet de la célèbre actrice que la recette sera fournie à tous les restaurants du monde par télégramme dès le lendemain.

Parmi les œuvres majeures d'Auguste Escoffier il y a son désir permanent de faire connaître l'excellence de la cuisine française.
L'inventeur de la "Pêche Melba" (voir la fiche sur le site de la Confrérie) avait chevillé au corps la notion de "savoir faire et de faire savoir" dont se revendiquent aujourd'hui les plus grands de nos chefs.

Mais Escoffier était en avance sur son époque en imposant que les surplus de ses cuisines soient quotidiennement offertes aux "petites sœurs des pauvres".
Il a publié un projet d'Assistance Mutuelle pour l'extinction du paupérisme". Il y propose la mise en place d'un système de retraite et de sécurité sociale universels.

Il a écrit de nombreux ouvrages en direction des professionnels mais aussi des ménagères.

• La vie à bon marché,
• La Morue,
• Le riz, l’aliment le meilleur et le plus nutritif,
• Ma cuisine,
• Le Guide culinaire...

Source : Atabula
http://www.atabula.com/cinq-raisons-pour-lesquelles-escoffier-est-toujours-un-chef-moderne/

Un chinois dans le Berry
Après avoir phagocyté une partie des terres africaines, la Chine s'attaque à l'Europe et chez nous au Berry.
Comment cela est-il possible ?

Un groupe chinois, la société Hongyang, jusqu'ici spécialisé dans tout autre chose voudrait se diversifier dans l'agriculture.
Il vient d'acheter 1.700 ha de terres céréalières.
Sachant que la Chine a besoin de terres agricoles pour nourrir sa population, les investisseurs ont vu là une bonne aubaine.
C'est déjà le cas, par exemple, dans les vignobles mais pas encore pour du foncier agricole.

La Fédération nationale des sociétés d’aménagement foncier et d’établissement rural (Safer), se plaint de ne pas avoir  les outils juridiques pour s'y opposer car rien n'empêchera cette société de faire venir des travailleurs de Chine et d'exporter la totalité de la production. Tout cela sans aucun bénéfice pour la France et les Français.

Les associations dénoncent la financiarisation de l'agriculture mais cela est vrai depuis déjà plusieurs décennies.
Je ne pense pas qu'on puisse y remédier. Et est-ce vraiment  nécessaire ?

La question qui se pose et de savoir pourquoi les Safers n'ont pu être averties de cette vente et n'ont rien pu faire pour éventuellement s'y opposer ?

La réponse est simple mais triste. L’ambiguïté et la complexité des lois françaises en la matière sont la source même de l'impossibilité d'action des Safers. Ici, il suffit que le vendeur garde une part même minime des ses terres pour que la vente échappe à la vision des Safers.
Même si un rapport sur la financiarisation du foncier est en cours de rédaction et sera remis prochainement au ministre de l’agriculture, c'est encore du bla-bla et pas de l'action rapide et efficace.
Mais peut on attendre cela de nos hauts-fonctionnaires ?
Non, évidemment !

La FNSEA, s'inquiète elle pour l'autonomie alimentaire de la France si elle voyait ce type de vente s'aggraver. Mais un rapport de l'association Les Amis de la Terre Europe indique que l'Europe agit de même en important l'équivalent de 5 fois la superficie de la France et principalement de Chine et d'Inde.

Source : Le journal de l'environnement / Marine Jobert
http://www.journaldelenvironnement.net/article/les-tribulations-agricoles-d-un-chinois-en-berry,68997

Travail, Réglementation et dérogation
C'est en Champagne que cela se passe.
20 ans après sa parution en 1995 un décret du code Rural va être mis en œuvre.
Le résultat serait le manque important de main d’œuvre pour les vendanges de septembre. Il manquerait 8500 personnes selon les viticulteurs.

Mais que dit le texte ?
Ce texte réglemente l'hébergement des saisonniers.
Jusqu'à maintenant, ils pouvait être logés chez les récoltants ou les habitants des lieux et dans une région où la mécanisation de la récolte est interdite, c'est important.
Le texte impose un minimum de 9 m² par vendangeur. La dérogation existante permettait de descendre à 4,5 m² et même à faire dormir les vendangeurs en dortoir de 12 personnes.
Les viticulteurs vont devoir faire des aménagements importants pour 15 jours de vendanges.

Déjà des exploitants ont annulé la venue d'équipes, souvent familiales et qui pour certaines venaient là depuis 20 ans.
Cela semble ubuesque pour qui a déjà fait des vendanges.
On vit chez l'exploitant on bosse toute la journée avec lui, on mange avec lui à l'exploitation et ensuite on s'écroule sur le lit juste pour dormir.

Les vendanges c'est pour bientôt quand on pense à l'organisation nécessaire.
Que vont faire les viticulteurs ?
Ils vont devoir s'en remettre à des sociétés spécialisées dans l'hébergement provisoire et réglementaire, ce qui va augmenter les coûts.
On va certainement voir, selon David Chatillon, le directeur général de l'Union des Maisons de Champagne, une augmentation des camping cars le long des routes mais aussi des campings sauvages.

Bref je ne suis pas certain que cela aille dans le bon sens pour personne si ce n'est pour des spécialistes de la réglementations
Et de cela nous n'en manquons pas dans notre beau pays de France.

Pourtant de nombreux gros producteurs ont déjà et depuis plusieurs années passé des conventions d'hébergement avec des villes.
Conventions qui comprennent même un système de ramassage des vendangeurs un peu comme pour les écoliers.
Cette soudaine sévérité va nuire aux petits producteurs mais surtout aux nombreux chômeurs pour qui souvent les vendanges sont un apport non négligeable.

Source : RTL /Jean Alphonse Richard

Sur ces quelques mots je vous souhaite une excellente semaine.
Gastronomiquement Votre, Lucullus