Les Chroniques de Lucullus n°528
Remous dans le camembert
Je vous ai déjà parlé du changement de réglementation de l'AOP camembert mais le mouvement d'opposition semble prendre de l'ampleur. En effet des chefs célèbres viennent de signer un texte rédigé par la présidente de l'association Fromages de Terroirs, Véronique Richez-Lerouge, qui a été publié dans le journal Libération.
Ce texte reprend le communiqué déjà réalisé par cette association mais la caution apportée par des noms célèbres de la gastronomie française ajoute au poids de celui ci. Si des gens aussi connus et renommés que Michel et César Troisgros, Anne-Sophie Pic, Christophe Bacquié, Guy Martin et Michel Bras apportent leur soutien, cela pourrait encore faire évoluer le cahier des charges de l'AOP.
Pour autant, c'est aussi une affaire de gros sous et de commerce extérieur. On peut faire du camembert sur toute la planète car le nom n'est pas protégé, ce qui l'est c'est Camembert de Normandie. La différence se fait là-dessus. Dernièrement un concours américain a récompensé comme meilleur camembert du monde un camembert canadien au lait pasteurisé. Les USA savent eux aussi mettre en valeur les produits de leur continent. Il n'y a rien de gratuit dans tout cela.
Nos industriels se battent pour faire vendre les produits français et cela est nécessaire, mais comprenons-nous bien, je ne suis absolument pas pour les fromages au lait pasteurisé.
Le nouveau cahier des charges semble, toutefois, vouloir donner une place particulière au camembert au lait cru avec une dénomination de type "Camembert de Normandie authentique" où sa fabrication avec du lait cru serait mise en valeur. La vraie question sera de connaître l'impact sur la vente de fromages au lait cru et donc du nombre d'exploitations et de laiteries le réalisant.
Les alarmistes donnent un avenir de 5 ans au camembert au lait cru avant de devenir un produit de niche, mais c'est déjà la cas si vous regardez les rayons de camemberts dans les magasins, petits ou grands. La vente de fromages au lait cru baisse en France. Ils prédisent aussi la disparition des autres appellations faisant du "lait cru". Mais pour survivre, beaucoup d'appellations ont permis au lait pasteurisé d'apparaître dans l'AOP.
C'est vrai qu'il y a une contradiction en France, la part des fromages au lait cru diminue alors que dans d'autres pays , y compris les USA, la part du lait cru augmente. Nous qui nous targuons d'être les chantres de la qualité serions nous en train de péricliter ? Je me pose vraiment la question.
Libération finit son texte par ces mots :
"Monsieur le président de la République, monsieur le ministre de l’Agriculture, nous réclamons un camembert au lait cru pour tous ! Aidons les producteurs laitiers en visant la qualité dans le respect de nos traditions !"
Source : France Info / Libération
Du titane dans notre alimentation
E171 est son code, Dioxyde de titane son nom et TiO2 son symbole.
Sous forme de nanoparticules on le retrouve dans de nombreux produits alimentaires et notamment des confiseries mais aussi dans des produits d'hygiène comme le dentifrice. Il sert à blanchir et intensifier la brillance des produits auxquels il est ajouté.
Brune Poirson, secrétaire d'État auprès du ministre d'État, ministre de la Transition écologique et solidaire, va demander la suspension, avant la fin de l'année, de l'utilisation du dioxyde de titane sous forme de nanoparticules dans tous les produits alimentaires
Cela faisait longtemps que des associations de consommateurs en demandaient le retrait, jugeant ce produit dangereux et inutile. Une récente étude sur les nanoparticules de dioxyde de titane de l’Institut national de la recherche agronomique (Inra) a montré qu’elles étaient non seulement dangereuses pour le système immunitaire, mais aussi possiblement cancérigènes.
Ce que je relève pour ma part et comme le dit l'article de Ouest France, c'est que la présence de ces nanoparticules n'est bien souvent pas mentionnée sur les emballages.
L'association Agir demande, quant à elle, d'interdire également ces nanoparticules dans les médicaments et autres produits cosmétiques. Selon l’association, 4 000 médicaments contiendraient du dioxyde de titane (Doliprane, Dafalgan, Spasfon…).
Source : France Info / Ouest France
Chocolatine un nom bien de chez nous
C'est une vieille histoire, presque de chapelle mais qui en appelle aux terroirs.
Doit-on parler de pain au chocolat ou de chocolatine ?
Le débat semble suranné mais il a son importance. Les gens du sud est plus particulièrement ceux du Sud-Ouest y tiennent et ne veulent pas que les "Parisiens" dictent leur loi.
C'est pourquoi pour défendre la dénomination chocolatine, dix députés déposent un amendement au projet de loi agriculture et alimentation. Sous la conduite d'Aurélien Pradié, député du Lot, il demande exactement à ce que le code rural et de la pêche maritime soit modifié, en particulier l'article L. 640-1 concernant la "politique conduite dans le domaine de la qualité et de l'origine des produits". L'objet de l'amendement est de, je cite :
"valoriser l'usage courant d'appellation due à la notoriété publique du produit et de ses qualités reconnues au travers d'une appellation populaire".
Au delà du cas de la chocolatine, l'amendement veut protéger les expressions populaires qui mettent en valeur des savoir-faire culinaires. Il y a aussi un enjeu économique comme le fait remarquer le député. Si le terme est encadré, alors, la production s'y rapportant le sera aussi. Cela peut déboucher sur une AOC ou une IGP et dans le meilleur des cas une AOP ou un label rouge.
Source : La dépêche du midi
Sur ces quelques mots je vous souhaite une bonne semaine.
Gastronomiquement Votre, Lucullus
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