Les Chroniques de Lucullus n°609
Les producteurs d’endives en difficulté
"Mangez, mangez des endives" c’est ce que disent les producteurs endiviers du Nord-Pas-de-Calais et il faut les soutenir. Comme je le disais dans la Chronique précédente, l’endive est un légume sain et peu cher, alors mangez-en !
La hausse du prix de l’énergie et la baisse de consommation étranglent littéralement les producteurs. Certains, comme Daniel Bouquillon et son fils, qui viennent de reprendre l’entreprise familiale, ont dû baisser leur production de 20 % pour absorber les hausses successives de l’électricité et des emballages. Qui dit baisse de production dit également baisse des ventes et donc moins de rentrées de fonds. C’est un cercle vicieux. Les chiffres parlent d’eux mêmes. L’électricité a été multipliée par 4 et les emballages ont augmenté de 30 %.
Les prix de vente chutent, les coûts de fonctionnement explosent et les 6 salariés doivent être payés. La trésorerie ne va pas tenir longtemps avec une perte journalière de 900 euros, 4500 € semaine soit 234.000 € à l’année. La situation est intenable. Il y a 350 producteurs d’endives en Nord-Pas-de-Calais et tous, petits ou grands, sont dans la même situation.
Avec la chute de la consommation, les grossistes et les distributeurs tirent les prix à la baisse. La profession accuse les marges des distributeurs mais je dis qu’il faut aussi voir les intermédiaires, les coûts cachés sont aussi là, pour une bonne part. La profession fait appel à l’Etat pour sauver la filière et les aider à surmonter le coûts de l’énergie.
L’idéal serait que la consommation redémarre. Vous savez ce qu’il vous faut faire pour aider la filière. Mangez du chicon !
Source : France Bleue Nord / Théo Boscher
Lutter contre le gaspillage alimentaire
On ne le dira jamais assez, le gaspillage est une stupidité à tous les niveaux tant économique qu’environnemental. En France, chaque année, 10 millions de tonnes de produits alimentaires sont perdus. Selon l’Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADME), le coût financier engendré par le gaspillage est de 16 milliards d’euros et l’impact sur l’environnement est de 15,3 millions de tonnes d’équivalent CO² soit 3 % des émissions de l’activité nationale. Cela se passe à tous les niveaux, production (4%), transformation (4,5%), distribution (3,3%), consommation (7,3%). Là où, souvent, le bât blesse au niveau des consommateurs, c’est la compréhension des étiquettes pour les DLC et DDM
DLC : Date limite de consommation
La DLC est la date après laquelle la consommation d'un produit devient dangereuse pour la santé.
DDM Date de durabilité maximale (ex DLUO)
La date de durabilité minimale est une date indicative. Une fois la date dépassée, le produit peut perdre de ses qualités gustatives ou nutritives, baisse de la teneur en vitamines, mais n'est pas dangereux pour la santé.
Le 29 janvier dernier la société Too Good TO Go, spécialisée dans la vente de produits à bas prix d’invendus alimentaires, a dévoilé, en partenariat avec plusieurs acteurs de la grande distribution et de l’alimentation, son "Pacte pour les Dates de Consommation". Le but est simple, clarifier et harmoniser les dates de consommation.
Le pacte s’articule autour de 4 axes.
- Déployer une communication relative aux dates de consommation avec par exemple des rayons anti-gaspi.
- Clarifier la différence entre DLC et DDM
- Optimisation des produits exclus des circuits de vente
- Travailler avec toute la chaîne de production-distribution pour harmoniser les bonnes pratiques et optimiser les flux de distribution.
Ce pacte est soutenu par l’État via le Ministère de la transition écologique et solidaire, le Ministère de l'Agriculture et de l'Alimentation et le Conseil national de l'alimentation. Outre l’État, il y a déjà 41 signataires de la production ou de la distribution qui se sont engagés (Carrefour, Cora, E.Leclerc, Intermarché, Monoprix, Système U…), des industriels (Bel, Danone, Les 2 Vaches, Michel et Augustin…) mais aussi des fédérations professionnelles (l’Association Nationale des Industries Alimentaires (ANIA) et la Fédération du Commerce et de la Distribution (FCD), des associations (Familles Rurales, France Nature Environnement...) ainsi que des entreprises (CB+; Comerso...).
L’objectif est qu’à terme, l'ensemble des acteurs de la chaîne alimentaire signent ce pacte et s'engagent pour réduire le gaspillage alimentaire.
Sources : Mes courses pour la planète, Service Public, Ministère de l’économie, To Good To Go, Ministère de l’agriculture
Le prix de l’œuf
Nous sommes en pleine période de renégociation des prix agricoles et comme chaque année des grosses tensions se font jour. Les producteurs veulent monter les prix, les industriels veulent acheter moins cher et les distributeurs veulent maintenir leurs marges.
Qui a raison et qui a tort ? Y a t-il vraiment des torts ? Il est bien naturel que le producteur veuille ajuster ses prix en fonction de ses coûts , qui comme chacun le sait, augmentent fortement en cette période de tension sur les céréales et l’énergie. De son côté le distributeur dit "si j’augmente les prix de manière conséquente les acheteurs se feront moins nombreux ou les quantités baisseront.
L’Union des Groupements de Producteurs de Viande de Bretagne (UGPVB) et plus particulièrement sa section œuf, s’inquiète car certains distributeurs ne veulent pas augmenter suffisamment les prix. Les centres de conditionnement n’arrivent pas à obtenir la revalorisation des prix de vente pour que ceux-ci prennent en compte l’augmentation des coûts. La colère gronde dans la profession. Eric Guellaff, président de la section œuf de l'UGPVB, qui fédère les organisations de producteurs d’œufs de Bretagne, Pays de la Loire et Normandie le dit clairement :
"Les producteurs sont prêts à se faire entendre si cela devient une question de survie. "
"Certains distributeurs (Auchan, Carrefour, Casino et Aldi) refusent toute prise en compte de cette revalorisation minimum imposée par l’application de la loi. C’est incohérent puisque leurs fédérations (FCD, FCA) ont participé à la construction des indicateurs du coût de production et à leur validation au sein de l’Interprofession de l’œuf." Le 7 février Aldi a contractualisé avec ses fournisseurs d’œufs en intégrant la part aliment sacralisée par la loi Egalim. 2.
La question importante est : Quelle sera la réponse du consommateur car au final c’est lui qui paie ?
Afin de tenir compte de l’augmentation des matières premières (+32.5% depuis l'été 2020 soit + 80€/tonne) mais aussi des charges (emballage, transport, énergie...), la filière œuf demande une hausse de 2 cts par œufs cage, sol et plein air et de 5 cts par œuf biologique.
Sommes nous prêts à payer 12 cts de plus sur une boite de 6 œufs ? C’est le prix pour que nos producteurs continuent à nous fournir, sinon la filière périclitera et nous serons obligés d’importer des œufs du reste de l’Europe et peut-être même au-delà avec les questions relatives à la qualité et au bien être animal.
Source : Réussir / Volailles
Accompagner la dynamique des AOP et IGP laitières
C’est le rôle qu’Hubert Dubien, nouveau président du Conseil National des Appellations d’Origine Laitières (Cnaol), et de l'AOP fourme de Montbrison, entend mener.
Lors de l’assemblée générale du Cnaol les AOP présenteront les 18 engagements minimum retenus sur les 65 proposés. Le travail s’articule autour de six thématiques : tissu économique local, création et partage de la valeur ajoutée, modes de production valorisant les ressources naturelles, modes d’élevage et de production traditionnels, goût et typicité du produit, acteurs de la vitalité du territoire.
Plus de 30 AOP ont déjà répondu, prenant souvent plus de 18 engagements. Une fois les engagements présentés officiellement, les cahiers des charges pourront être révisés à échéance 2030.
Une des priorités du Cnaol est la filière lait cru. Le président a expliqué que le travail se fait au niveau de l’Europe qui n’a pas encore pris de décisions fermes sur les principes du Nutriscore. Le Cnaol discute avec les parlementaires européens pour expliquer qu’un simple changement de l’algorithme ne pourra prendre en compte les atouts des AOP et IGP. Un autre point important est la défense des IG notamment face aux USA qui ont décrété que gruyère est devenu un terme courant et donc ne reconnaissent plus l’appellation de protection géographique, un peu comme avec le Champagne et la Russie. Décidément ces grandes puissances nous cassent les pieds pour ne pas dire plus.
Quelques chiffres et explications :
En 5 ans la vente des fromages au lait cru a progressé de 5000 tonnes pour atteindre en 2020 le chiffre de 157.000 tonnes. En 2020, les fromages AOP lait cru représente 78,8 % des ventes soit une augmentation de 3,8 % en un an.
En 10 ans la progression en volume a augmenté de 19,4 % à 17.700 tonnes en 2020. Les chiffres sont pour autant disparates. Si la fourme de Montbrison voit ses ventes augmenter de 150 % sur un petit tonnage, celle du Cantal fermier baisse de 27 % sur une tonnage beaucoup plus important.
Source : Reussir / Lait ( Costie Pruilh)
Des médicaments verts
L’Agence Nationale du Médicament Vétérinaire (ANMV) propose ce jour une méthode d’évaluation adaptée aux substances végétales à visées thérapeutiques, dont la mise en marché n’est pas autorisée pour l’instant. Cela fait suite à une étude très détaillée.
Actuellement la réglementation n’autorise pas l'enregistrement thérapeutique des plantes, extraits et huiles essentielles.
Les préparations à base de plantes (phytothérapie) ou d’huiles essentielles (aromathérapie) sont de plus en plus utilisées pour soigner les animaux. Les prescripteurs sont donc hors la loi pour cause de déficit réglementaire.
Pourquoi ne sont-ils pas déjà évalués ?
Les médicaments à base de plantes ont une composition diversifiée et variable dont on ne peut raisonnablement pas fixer des limites maximales de résidus (LMR), C’est à dire les quantité maximales de substances actives du médicament restant dans la denrée consommée et qui sont sans risque pour le consommateur.
Après son expertise, l’ANVM vient d’aboutir à une proposition de déblocage du verrou des LMR. Elle propose une méthode déjà validée pour les compléments alimentaires en médecine humaine. La dernière étape à franchir sera l’agrément de l’Agence européenne du médicament. (EMA).
A suivre donc
Source : Réussir / P. Le Douarin
Une petite brève pour terminer cette Chronique
Depuis 2015 la France et d’autres pays sont victimes de l'épizootie influenza ou grippe aviaire. La France va expérimenter une vaccination préventive. En espérant que cette vaccination sera efficace car c’est une drame pour les éleveurs. Je rappelle que tout élevage présentant un seul cas de grippe aviaire doit être abattu dans sa totalité et doit être soumis à une zone d’exclusion.
Sur ces quelques mots je vous dis à bientôt
Gastronomiquement Votre, Lucullus
Commentaires
- Aucun commentaire trouvé
Ajouter vos commentaires
Merci de vous identifier pour pouvoir poster un commentaire
Poster un commentaire en tant qu'invité