Les Chroniques de Lucullus n°382

Écrit par Lucullus. Publié dans Les chroniques.

plumeAmis gourmands bonjour,

Truites et Wapitis
Il est des fois des raccourcis étonnants.
L'introduction d'une espèce de poissons, en l'occurrence de la truite grise ou omble du Canada, dans les eaux d'un parc naturel, de Yellowstone, a entrainé en 20 ans la perte de 30% des troupeaux de wapitis.

Mais comment donc me direz vous est ce possible?
Par une jeu de dupes tout simplement.
L'explication:
La truite grise a été introduite illégalement, certainement par des pêcheurs, dans les années 1980.
Ce poisson carnivore mange des crustacés, des mollusques mais aussi des poissons dont la truite fardée, originaire des lieux.
Vous me suivez?
La truite grise étant nettement plus vorace que sa consœur elle lui a fait, si j'ose dire, la peau.
Mais voilà, dans la chaîne alimentaire tout se tient.
Le plat préféré des ours grizzly du Yellowstone c'est justement la truite fardée. Le nombre de truites locales allant en s'amenuisant, les ours se sont retournés, pour faire bombance, sur les troupeaux de wapitis qui paissaient jusqu'à la tranquillement. Le prélèvement des ours étant faible jusqu'à maintenant.

Pourquoi les ours ne mangent-ils pas d'ombles du Canada?
Parce que ceux ci vivent en eaux profondes contrairement aux truites fardées et donc ils ne pêchent pratiquement que cette dernière espèce.

Jeu de dupe disais-je et les troupeaux de wapitis en font les frais. Les effectifs de wapitis ont baissé de 30% en 25 ans.

Il existe une autre raison qui a intensifié la baisse du nombre de truites fardées dans les eaux du Wyoming.
Depuis plus d'une décennie des sécheresses récurrentes affectent cette région. Le niveau des eaux baisse, ce qui permet à l'homme, qui a introduit le prédateur inattendu de la chaîne alimentaire locale, d'augmenter ses propres prédations en termes de captures de truites en tous genres -fardées et grises- aggravant ainsi les problèmes alimentaires des grizzlys et par la même leurs prédations sur les wapitis. C.Q.F.D.

En France aussi nous avons eu des invasions inopinées ou malhonnêtes de plantes ou d'animaux.
Voici quelques exemples bien connus:
l'écrevisse américaine qui croque notre écrevisse européenne ou le Hotu allemand qui fut introduit en France comme dédommagement de guerre après 1918. Mais, c'est encore le doryphore ou l'ambroisie qui est une plaie dont on ne pourra, je pense, jamais totalement se débarrasser.

Plus original l'invasion du pissenlit serait due aux poils des chevaux barbares lors des invasions de ces derniers  il y a … très longtemps. Ceci dit ce genre d'invasion peut être également bénéfique. Les abeilles se nourrissant aussi de pissenlit.

OGM-USA
Le monde du 16 mai nous apprend que plus de 900 câbles diplomatiques américains ont tenté de briser les résistances aux OGM notamment en Europe.

Je cite une partie de l'article:
"L'ONG américaine Food and Water Watch a analysé et compilé, dans un rapport publié mardi 14 mai, 926 câbles diplomatiques échangés entre le département d'Etat américain et les ambassades de 113 pays étrangers entre 2005 et 2009.
Il en ressort une campagne soigneusement conçue pour briser la résistance aux produits génétiquement modifiés à l'extérieur des Etats-Unis, et ainsi aider à promouvoir les profits des grandes entreprises agrochimiques américaines, qui dominent la production de maïs, de soja et de coton outre-Atlantique."

Lorsqu'on vous dit que les pays se livrent de véritables guerres économiques ce n'est pas une vue de l'esprit.
Et ne croyez pas que le seul vilain américain soit en cause. Tous les grands pays participent à ce terrible conflit.

Europe et poissons
Le 15 mai dernier un compromis a eu lieu lors d'un conseil des ministres européens chargés de la pêche.
Un accord a été trouvé pour limiter les rejets en mer de poissons.
La question des rejets en mer est l'un des principaux points d'achoppement entre les instances européennes.

Lorsqu'ils pêchent une espèce dont ils ont déjà épuisé le quota ou sans valeur commerciale, les marins passent par-dessus bord ces poissons, souvent agonisants.
Les rejets concerneraient près d'un quart des captures totales, selon la Commissaire européenne chargée de la mer, Maria Damanaki.
C'est à dire que l'on détruit sans aucune raison intelligente 25% des stocks de poissons qui sont déjà mal en point.
Il semblerait que les français mangent moins de poissons mais pour autant le ministère chargé de la pêche est prêt à aider les pêcheurs dans leurs achats pour de nouveaux bateaux, soit disant, plus économes en consommation de pétrole.
Bref on donne de l'argent public pour que perdure ce gâchis.
Je suis assez écœuré, je dois dire.

Les AOP et IGP de chez nous.
Depuis le début de l'année 2013 ce ne sont pas moins de 12 demandes d'AOP qui ont été publiées. Il y en avait eu 10 l'année dernière.

  • FR/PDO/0105/0066 France ”Miel de Corse” / ”Mele di Corsica” AOP     14/05/2013 Publiée
  • FR/PDO/0005/0782 France Rigotte de Condrieu AOP 07/05/2013 Publiée
  • FR/PGI/0105/0073 France Riz de Camargue IGP 04/05/2013 Publiée
  • FR/PDO/0217/0145 France Volaille de Bresse / Poulet de Bresse / Poularde de Bresse (...) AOP 09/04/2013 Publiée
  • FR/PDO/0005/00994 France Lonzo de Corse / Lonzo de Corse - Lonzu AOP 20/03/2013 Publiée
  • FR/PDO/0005/00993 France Jambon sec de Corse / Jambon sec de Corse - Prisuttu AOP 19/03/2013 Publiée
  • FR/PDO/0005/00992 France Coppa de Corse / Coppa de Corse - Coppa di Corsica AOP 16/03/2013 Publiée
  • FR/PGI/0005/00860 France Gâche vendéenne IGP 08/03/2013 Publiée
  • FR/PDO/0005/00813 France Prés-salés du Mont-Saint-Michel AOP 27/02/2013 Publiée
  • FR/PDO/0105/0131 France Piment d'Espelette / Piment d'Espelette -Ezpeletako-Biperr (...) AOP 27/02/2013 Publiée
  • FR/PGI/0005/00862 France Poulet des Cévennes / Chapon des Cévennes IGP 05/02/2013 Publiée

Il s'agit là des références du journal officiel de l'Union européenne.
Ces textes sont soit des modifications des textes existants, soit des nouveautés.

Dans le cas des produits corses, c'est particulièrement intéressant. Sachant que 80% de la charcuterie Corse n'en a que le nom, car on parle là de porc d'importation, dont on ne sait rien de la race ou de l'alimentation.
Il est bon que de vrais producteurs corses se battent pour défendre l'authenticité et la spécificité des charcuteries corses. Il en est des corses comme il en a été pour les basques. La reconnaissance, par le grand public, de la qualité d'un terroir vient des acteurs eux mêmes.

Sur ces quelques mots je vous souhaite une excellente semaine.

Gastronomiquement Votre, Lucullus

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