Choucroute

Écrit par Lucullus. Publié dans Tout un plat.

ChoucrouteQue vous l'appelliez choucroute en français, Sauerkraut en allemand ou encore sürkrut en alsacien, à la base, il y a du chou.

La légende raconte que, 3000 ans avant Jésus Christ, les constructeurs de la muraille de Chine avaient le chou comme nourriture. Rien de légendaire dans tout cela mais c'est à ce moment qu'arrive l'extraordinaire. Il semblerait que les ouvriers quittèrent brusquement le chantier, peut être à cause d'une attaque extérieure, et laissèrent sur place leur provision de chou. Revenant plusieurs mois plus tard, ils trouvèrent du chou fermenté sous la neige. Ils avaient alors découvert le chou aigre !

Attila, roi des Huns, assiègeant la muraille de Chine, aurait découvert la technique du chou fermenté et l'aurait rapporté dans ses bagages. A la suite de cela, il partit à la conquête de l'Europe et en guise de consolation aurait laissé la recette aux Alsaciens après les avoir ravagés. La boucle est bouclée !

C'est beau comme une légende non ? Oui mais c'est faux !

Le chou, de la famille de Brassicacées, est endémique en Europe et plus particulièrement dans le sud-ouest de l'Europe. Le chou sauvage ou « chou des falaises » (Brassica oleracea) est l'ancêtre de tous nos choux. Il n'existe quasiment plus à l'état sauvage si ce n'est dans certaines dunes, bandes de galets et falaises du littoral atlantique en France, en Espagne ou au sud du Royaume-Uni.

Le chou est cultivé depuis le néolithique, ce qui en fait un des plus anciens légumes cultivés. Les Grecs et les Romains le consommaient et lui attribuaient des vertus curatives contre l'ivresse, il améliorerait la cicatrisation ou allongerait l'espèrance de vie.

On note ainsi qu’en l’an 451, la culture du chou s’implante réellement dans notre région alsacienne. Charlemagne recommandait sa culture et sa consommation dans le capitulaire "Capitulare de villis vel curtis imperii",(fin VIIIe début du IXe siècle). Pendant tout le Moyen-âge la chou a été une des bases de l'alimentation de la population y compris chez les bourgeois comme en atteste le "Mesnagier de Paris" au XIVe siècle.

La forme de chou saumuré ou choucroute, serait apparue en Chine et aurait été utilisée par des navigateurs européens pour lutter contre le scorbut. Ce n'est qu'au XXe siècle qu'on put déterminer la riche teneur en vitamine C du chou mais aussi en calcium, iode, vitamine A, B1, B2, K et U.

La conservation par le sel, la saumure, est connue depuis l'antiquité. Elle a permis et permet encore de conserver d'autres légumes comme le navet, le chou rouge ou encore les haricots. Ce n'est qu'au XVe siècle que des écrits attestent de la consommation de chou saumuré, dans les monastères. Les choux étaient débités en fines lanières.

Pour la France, c'est en Alsace que s'est développée la pratique du chou aigre. Toutes les familles ayant un lopin de terre en cultivaient. Sur un 100m² on pouvait récolter 200 à 300 kg de chou et la même quantié de feuilles permettant de nourrir les cochons.

Le Chou, récolté et paré, était transformé en fines lanières avant d'être mis dans des jarres en terre ou en bois. Il était condimenté avec des baies de genièvre et du gros sel. Les jarres étaient alors fermées hermétiquement, tout d'abord avec un linge, pour assurer l'étanchéité, puis avec une couvercle en bois sur lequel on posait une pierre en guise de presse. L'action de fermentation pouvait alors commencer. Le sel faisait dégorger le chou et formait une saumure. La fermentation durait environ 8 semaines.

L'usage du chou fermenté en Alsace s'est développé au XVIIe siècle et généralisé au XVIIIe. Il était alors acompagné de poisson d'eau douce. Cette pratique viendrait des bateliers qui agrémentaient leur chou avec les poissons des rivières où ils naviguaient. C'est à l'occasion de la guerre de 1870 que la choucroute fut exportée dans le reste de la France par l'exode de nombreuses familles d'alsaciens. Ils apportaient aussi avec eux leurs charcuteries et leurs bières. Les plus malins ont créé les fameuses Brasseries Alsaciennes que l'on connaît encore de nos jours.

La choucroute :

LeChoucroute1 terme français de chouroute nous vient de l'alsacien sürkrüt. Sür signifiant aigre, et Krüt chou. Par extension le terme süeri signifie fermenté, mot que l'on retrouve dans Süeri Bohne ou haricot fermenté. L'Allemand Sauerkraut reprend la même composition.

Krautergersheim, dont les habitants furent surnommés Krüterkopf, "têtes de chou", se revendique capitale de la choucroute. La cité se situe non loin d'Obernai. Depuis 1984, la ville organise la fête de la choucroute le dernier wek-end de septembre. C'est deux jours d'animations festives et de dégustations. L'écomusée d'Alsace, créé en 1984, explique aux visiteurs la fabrication de la choucroute d'Alsace et, depuis 1991, il existe une route de la choucroute permettant de découvrir les richesses du terroir alsacien.

Toutefois le "pays des choux" s'étend sur le triangle Krautergersheim–Meistratzheim–Innenheim, et le déborde quelque peu vers le bassin de l'Ehn. Il s'étend sur environ 650 hectares.

Le chou communément employé pour la choucroute était autrefois le chou cabus (ou gros chou Quintal d'Alsace), parfois appelé Quintal de Strasbourg. Des espèces plus précoces, comme Almanach et Pontiac, répondent mieux aux nécessités de la récolte et de la commercialisation.

Indication géographique protégée "Choucroute d’Alsace"
La choucroute bénéficie d'une IGP depuis le 18 octobre 2012, validant ainsi le cahier des charges produit par l'INAO. Le lablel AOP est en cours d'instruction. Depuis lors, toute commercialisation de choucroute doit respecter le cahier des charges portant sur des critères physiques pour le chou, sur des considérations géographiques mais aussi sur un savoir faire ancestral et une fermentation naturelle.

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