Né le 30 avril 1825 à Nantes
Décédé le 19 mai 1888 à Paris
Charles Monselet est un personnage oublié, mais important, du monde gastronomique du 19ème siècle. Ce n'est pas un homme de la cuisine, mais un gourmet avisé qui a transmis sa passion par ses écrits et a communiqué ainsi, à ses contemporains, son plaisir des bonnes tables et de la bonne chair.
Il passa sa jeunesse à Nantes et à Bordeaux avant de revenir à Nantes où, maintenant, un quartier porte son nom.
Son père libraire, lui donna une formation stricte dans le domaine de l'imprimerie, de la typographie. Il fut correcteur d'imprimerie puis apprenti chez un négociant en vins mais il monta ensuite à Paris afin de se consacrer à la gastronomie, à l'écriture poétique et au journalisme. Il se fit une réputation de fin gourmet au point d'être désigné comme le roi des gastronomes par ses contemporains. Il fréquentait aussi bien les restaurants à la mode que les petits établissements.
Sa truculence et son esprit joyeux lui inspirèrent souvent de jolies réparties.
- "C'est un très vieux vin. Comment le trouvez-vous? - - - Je trouve la bouteille bien petite pour son âge."
- "La gastronomie fait trembler d'intelligence nos narines".
- "La gastronomie est la joie de toutes les situations et de tous les âges".
Il publia de nombreux ouvrages, poèmes, pièces de théâtre et même des opéras comiques.
Ses œuvres sont souvent liées à la gastronomie.
Il est, avec Grimod de la Reynière, le Baron Brisse et Joseph Favre, l'un des premiers journalistes gastronomiques.
En 1858 il devient le fondateur et le rédacteur en chef de :
Le Gourmet, Journal des intérêts gastronomiques.
C'était un hebdomadaire vendu le dimanche. Ses chroniques truculentes y sont pleines de poésie.
En 1859 : Dans "La Cuisinière Poétique" il donne une définition incroyable, poétique et onirique de la gastronomie : (extrait)
"La gastronomie est la joie de toutes les situations et de tous les âges.
Elle donne la beauté et l'esprit. Elle saupoudre d'étincelles d'or l'humide azur de nos prunelles ; elle imprime à nos lèvres le ton du corail ardent; elle chasse nos cheveux en arrière ; elle fait trembler d'intelligence nos narines.
Elle donne la mansuétude et la galanterie..."
Il était lié d'amitié avec Alexandre Dumas, Théodore de Banville et Théophile Gauthier qui collaborèrent tous à sa "Cuisinière Poétique".
1865 : Le Plaisir et l'amour ouvrage qui contient de nombreux sonnets et poèmes gastronomiques.
1874 : Gastronomie : Récits de table.
C'est une œuvre en plusieurs tableaux où il fait parler l'estomac, le rhum, le cognac, le café dans un dialogue savoureux. Il y rend également hommage à Grimod de la Reynière son aîné dans la fonction de chroniqueur gourmet.
1877 Lettres gourmandes / Manuel de l'homme à table.
Il décède en 1888 et on lui attribue cette ultime sentence :
Je vais avoir un Dies Irae aux truffes.
Il est enterré au Père Lachaise à Paris.
De nombreuses recettes de grande cuisine portent son nom.
- Toast à la Monselet,
- Entrecôte à la Monselet
- Bécassine Monselet
- Ris de veau Monselet
- Turbot Monselet
Je voudrais vous donner un petit aperçu de son œuvre par ce poème dédié à l'andouillette.
L'andouillette
Dédaignons la mouillette
Et la côte au persil
Crépine sur le gril
Ô ma fine andouillette.
Certes ta peau douillette
court un grave péril
Pour toi, ronde fillette,
Je défonce un baril.
Siffle, crève et larmoie
Ma princesse de Troyes,
Au flanc de noir zébré.
Oh ! Grand Dieu que c’est bon,
Avec verr’ de Layon,
De chaume et du vert pré.
Charles Monselet (Récits de table)
Yvon Garnier, membre émérite de l'Académie Culinaire de France lui a rendu un vibrant hommage :